Le lauréat faisait partie des dix candidats retenus parmi plusieurs centaines de postulants. Il a été primé pour sa nouvelle intitulée « La Cale », en référence à cet espace des bateaux négriers qui servaient à entasser les esclaves transportés lors de la Traite négrière des côtés africaines vers les Amériques.
« C’est un texte qui met l’attention, demande en tout cas à ce qu’on prête attention à l’espace de la cale, l’espace symbolique, souterrain, sombre et obscur, puisque c’est dans cet espace-là que les drames peut-être les plus profonds, les plus humiliants se déroulaient » lors de la Traite des esclaves, a déclaré Mohamed Mbougar Sarr, sur les ondes de RFI.
Sur les raisons qui l’ont poussé à parler d’une question pouvant être considérée comme difficile parce que sensible, il a évoqué « une époque où le repli identitaire est très fort, où les discours de haine, de séparation, de clivage (…) sont de plus en plus audibles ».
« J’avais très envie de revenir à cette période de l’histoire – dont la poésie s’est beaucoup emparée, ce qui est bien- mais dont la fiction n’a pas assez investie », a expliqué Mohamed Mbougar Sarr, inscrit en Master de recherche à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Paris.
« A 23 ans, en tant que jeune Africain, j’avais envie de revenir sur cette époque-là », non pas sur le mode de la lamentation, « mais vraiment avec un point de vue strictement littéraire pour voir ce qu’il est possible d’en dire de façon un peu plus précise », déclare celui dont la nouvelle sortira bientôt dans un recueil à publier par RFI.
« La littérature est ma grande passion. C’est peut-être le dernier lieu où toute l’expérience humaine est encore lisible et possible. J’aimerais en faire ma vocation : l’écouter, la pratiquer, la transmettre. Je lis et écris beaucoup (je tiens un blog : chosesrevues.over-blog.com) », renseigne le jeune écrivain dans un article publié sur le site Internet de l’Alliance francophone.
« Pour le reste, je joue souvent au football (mon autre grande passion), pratique depuis peu le Soo Bahk Do (art martial coréen), aime la musique. Je me plais également à ne rien faire : il faut bien qu’il y en ait qui fassent ça, parfois, dans ce monde où tout le monde fait autre chose », ajoute-t-il, philosophe.
Après sept années passées au Prytanée militaire de Saint-Louis, un établissement réputé du nord du Sénégal, Mohamed Mbougar Sarr a rejoint la France après le Baccalauréat pour intégrer une classe de Lettres supérieures (hypokhâgne et khâgne) au lycée Pierre d’Ailly de Compiègne.
Titulaire d’une Licence de Lettres modernes, il effectue actuellement un master de recherche à l’EHESS. Son travail porte sur la signification de la notion d’émotion dans la pensée de Léopold Sédar Senghor, le poète président sénégalais.
Mohamed Mbougar Sarr ambitionne de soutenir une thèse sur ce sujet et espère également préparer les concours d’enseignement (Capes ou agrégation) en Lettres.
APS
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