Situé dans le quartier populaire de Colobane, dans la capitale sénégalaise, Massalikoul Jinane s’est révélé être, dès ses débuts, un projet ambitieux, porté par une communauté soudée autour de la philosophie de la confrérie. « Le fondateur du mouridisme, l’érudit Cheikh Ahmadou avait prédit que quiconque participerait à la construction d’une mosquée dans ce pays, obtiendra le paradis » explique le sociologue Kaly Niang.
Cela, avec le ndigueul, expliquerait le financement rapide de ce projet par la communauté. En effet, Massalikoul Jinane qui signifie en arabe « Les chemins du paradis », avec ses proportions hors norme, a été entièrement financé par les membres de la communauté mouride locale et de la diaspora. D’un coût total de 22 milliards de FCFA, le tiers du budget total du projet a été financé par le khalife, l’autre partie par les disciples.
Avant Massalikoul Jinane, la Grande mosquée de Dakar était le plus grand édifice musulman de la capitale et la construction avait été payée par le roi du Maroc. Pour ce projet, les responsables affirment fièrement que tous les financements sont Sénégalais.
- La mosquée Massalikoul Jinane, Photo Charles Senghor
Situé sur un terrain de six hectares offert par l’État sénégalais, la grande mosquée mouride a nécessité, outre son budget colossal, de gros travaux et un grand investissement humain. « Ses minarets, au nombre de cinq, dont le plus haut culmine à 75 mètres, ont été réalisés par une entreprise suisse, spécialisée en coffrage glissant, une technique inédite au Sénégal » précise Marianne Tall, qui a été ingénieure en génie civil sur le chantier. Les quelques 250 ouvriers réguliers sur le chantier ont dû auparavant travailler à stabiliser ses fondations à plus de 20 mètres de profondeur.
Tout ceci pour offrir aujourd’hui à la communauté, plus qu’une mosquée, un complexe religieux, qui comprend une grande salle principale de prière de 7 000 places, une autre plus petite (pour les femmes) de 3 000 places, une grande esplanade aménageable pour 20 000 personnes( pour les jours de grande manifestation), un institut islamique avec une salle de conférence de 2 200 places ainsi qu’une vaste résidence, pour le Khalife et ses éventuels hôtes.
L’inauguration de cet édifice hors du commun est étalée sur trois jours les 18, 19 et 20 septembre, dates à la symbolique forte dans la confrérie mouride, puisqu’elles sont marquées par la dernière escale, au Sénégal, du guide spirituel de la confrérie (à Dakar justement) avant son départ forcé pour le Gabon en 1895.
Un large programme culturel et religieux composé d’expositions, de récital de coran, de poèmes du Cheikh et autres conférences, est prévu pour animer la manifestation.
