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Mame Gor Ngom, rédacteur en chef de la tribune réagit au procès de son collègue Félix Nzalé : '’Ça ne méritait pas un emprisonnement’


Rédigé le Dimanche 17 Août 2014 à 23:39 | Lu 262 fois | 0 commentaire(s)



Jugé pour diffusion de fausse nouvelles et trouble d’atteinte au moral des populations’’, le Directeur de publication de la Tribune Félix Nzalé a été condamné à un an avec suris, assorti d’une amende d’un million de francs Cfa. En marge du procès, www.seneplus.com a recueillis la réaction de Mame Gor Ngom, le rédacteur en chef de La Tribune. Satisfaits du jugement, Mame Gor Ngom estime que son collègue ‘’n’aurait jamais dû aller en prison’’ et ‘’ce procès n’aurait jamais dû avoir lieu’’ au Sénégal en 2014. Un simple communiqué à l’instar de ce qui s’est passé au Canada et en France était suffisant.


Mame Gor Ngom, rédacteur en chef de la tribune réagit au procès de son collègue Félix Nzalé : '’Ça ne méritait pas un emprisonnement’
Mame Gor Ngom, le tribunal vient condamner votre directeur de publication à un an avec sursis assorti d’une amende d’un million. Comment réagissez-vous à ce jugement ? 

Ma première réaction, c’est d’exprimer ma satisfaction parce que Félix Nzalé est libéré. Si je dis satisfaction c’est parce qu’un père de famille a été embastillé, envoyé en prison et a été jugé. En temps que rédacteur en chef du journal aussi responsable que lui, je suis satisfait de sa libération. Mais ce que je dis c’est que c’est un procès qui n’aurait pas dû avoir lieu. Félix Nzalé n’aurait jamais dû aller en prison en 2014 au Sénégal. L’Etat aurait pu bien gérer cette question de la même manière que les autres démocraties l’ont géré (Ndlr : des journalistes canadiens et français ont fait était de la présence de virus chez eux. Mais les autorités de leurs pays respectifs ont démenti l’information). Je pense qu’un simple démenti du ministre de la Santé, avant celui du procureur suffisait. Les autorités l’ont fait. Mais elles ont voulu peut-être utiliser une manière forte pour donner l’exemple. 

Vu le caractère sensible de cette information, le procureur estime que vous aurez dû la vérifier auprès des autorités avant de publier. Qu’est-ce que vous en pensez ? 

Contrairement à ce qui se dit ici et ailleurs, on n’a pas écrit pour écrire. On s’est fondé sur des sources sérieuses, généralement bien informées, comme on le dit, avant de donner l’information. Nous sommes des gens responsables. Félix Nzalé, le directeur de publication dont il s’agit est un journaliste responsable, un journaliste reconnu, qui a un parcours académique appréciable a été l’un des premiers étudiants de la université Gaston Berger de Saint-Louis, une université d’excellence. J’étais dans cette université 9 ans après lui. Félix Nzalé a été chef de desk au journal Sud Quotidien. Moi j’étais rédacteur en chef du journal Le Matin avant de devenir rédacteur en chef de La Tribune. C’est pour répondre à ceux qui parlent d’irresponsabilité ou de négligence. Nous ne sommes pas des gens irresponsables. Nous ne sommes pas négligents. On a bien mesuré la teneur de l’information, mais on a jugé nécessaire d’alerter les populations et on a fait ce qu’on avait à faire. Il n’ya pas de regret à mon avis. La chose jugée, je ne la commente pas. 

Ne pensez-vous pas que le procès va saper la volonté des autorités à s’engager pour la dépénalisation des délits de presse au Sénégal ?

Je pense que ce serait prendre l’ombre pour la proie. Ce serait une erreur pour les autorités de se fonder sur un jugement ou une erreur d’un journaliste pour ne pas dépénaliser les délits de presse. Ça fait environ des années qu’on n’a pas incarcéré un journaliste pour diffusion de fausses nouvelles au Sénégal. Je pense d’ailleurs que c’est contre productif d’emprisonner des journalistes. Ça ne sert à rien. Ce qui s’est passé est assez grave. Une telle information ne méritait pas une telle panique au sommet de l’Etat. Je l’ai dit, je le répète et demain, je le répèterai. Ca ne méritait pas un emprisonnement. Un simple démenti aurait suffi. Les journalistes sénégalais, en tout cas, en ce qui nous concerne nous sommes responsables. Nous connaissons les règles du métier. C’est pour cela que je demande aux donneurs de leçons, à nos confrères et à ceux-là qui disent : ‘’on aurait dû faire ci, on aurait dû faire ça’’ de se taire parce que nous connaissons plus qu’eux les règles du journalisme, les règles de la déontologie. On n’a pas de leçon à recevoir d’eux 

Quelques jours avant le procès vous en vouliez au Synpics de n’avoir pas réagi à la mise sous mandat de dépôt de Félix Nzalé. Qu’attendiez-vous concrètement du Synpics ? 

C’était une position de principe. Je pense que le monde de la presse, c’est une grande famille. Dans votre famille, si l’un des membres commet une faute, les autres doivent lui rester solidaires naturellement. Le synpics, c’est un syndicat respectable qui est là pour tous les journalistes. Il n’est pas question qu’un journaliste soit emprisonné en 2014 et qu’il ne réagisse pas. Ca c’est irresponsable. Je l’ai dit et répété et c’est par la suite que le secrétaire général du synpics Ibrahima Khalil Ndiaye qui était au procès m’a appelé pour me dire qu’il était en voyage. Je lui ai dit que ce n’est pas une raison parce que le synpics est assez structuré. Il m’explique qu’ils ont réagi sur la RFM. Moi je leur dit qu’il fallait faire un communiqué pour condamner au moins l’emprisonnement d’un journaliste. Quelle que soit sa faute, on doit condamner l’emprisonnent d’un journaliste pour ses écrits, parce que c’est une boite de pandore qu’on ouvre. Et tout le monde peut être victime de ce qui nous est arrivé. Donc il faut savoir raison gardée, les gens sont aussi responsables. Le journal La Tribune est un journal sérieux. On n’a pas encore fait 3 ans, mais nous abattons un travail sérieux et on fait tout pour continuer notre travail. Qu’on nous condamne à un an avec sursis ou deux ans avec sursis, on continuera de faire correctement notre travail. On va alerter s’il le faut, on va faire des critiques s’il le faut comme avant. 

PAR FRÉDÉRIC ATAYODI DE SENEPLUS 


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