Le nouveau Premier ministre malien Moctar Ouane n’est pas du marigot politique local. Il est plutôt à équidistance des partis, ce qui est un avantage quand on veut organiser des élections transparentes. Sur ce point, il a par exemple été préféré aux 14 candidats du M5, le mouvement qui a contribué à la chute du président Ibrahim Boubacar Keita.
Mais lors de son discours d’investiture, le président Bah Ndao a insisté, rappelle un interlocuteur qui le connaît bien, sur le fait qu’en 18 mois, on ne peut pas tout faire. Il a voulu nommer à la primature, poursuit la même source, quelqu’un qui peut aller vite à l’essentiel et sans se disperser. Le président de transition est un retraité. Il faut à ses côtés quelqu’un qui a un carnet d’adresse étoffé, surtout à l’extérieur du pays. Moctar Ouane a le profil. Ancien ministre des Affaires étrangères, il a également représenté le Mali à l’étranger. Ce qui est un atout. Mais il peut également aider à consolider les liens avec les pays de la sous-région.
Énarque
Il connaît personnellement plusieurs chefs d’État. Et avant d’être nommé Premier ministre, il travaillait à l’UEMOA, où il était en charge de la partie « paix et sécurité ». Une autre qualité pour occuper la primature.
Formé à Dakar puis en France sur les bancs de l’École nationale d’administration, il est originaire de la région de Mopti dans le centre du pays et jouit à 64 ans d’une longue expérience dans la diplomatie. Pendant sept ans, Moctar Ouane a représenté le Mali comme ambassadeur aux Nations unies, avant d’être nommé en 2004 ministre des Affaires étrangères. Il y reste jusqu’en 2011 reconduit de gouvernement en gouvernement, sous la présidence d’Amadou Toumani Touré. « C’est un fin connaisseur des institutions de la République », glisse un observateur averti, qui lui connait aussi une passion pour l’ancien président français François MItterrand. « Il a lu tous ses livres » dit-il.
Ces dernières années, Moctar Ouane était en retrait de la scène politique nationale en tant que fonctionnaire de l’UEMOA. D’abord comme conseiller politique, puis au poste de délégué général chargé de la paix et de la sécurité. Saura-t-il en faire un atout dans le contexte actuel de rejet par la population de ses dirigeants ? Et pour tenter de rassembler une classe politique malienne divisé ? Le premier test sera sans doute la formation de son gouvernement, annoncé pour mardi prochain.
Un consensus qui accentue les attentes de tous
Au Mali en attendant, ils sont nombreux à le décrire comme un travailleur, un homme simple, un homme dédié à la tâche. Saura-t-il pour autant jongler entre les différents profils civils et militaires qui mènent la transition ? « Le propre des diplomates, c'est la souplesse et la capacité à trouver les bons mots face aux interlocuteurs. Et là, sa qualité de diplomate pourra être utile », estime Moussa Mara, ancien Premier ministre et président du parti politique Yéléma.
Car sur le front intérieur, la liste des doléances reste longue. La prochaine étape pour Moctar Ouane sera de nommer un gouvernement de consensus. Quelle place y occupera le M5, le mouvement de contestation qui réclamait avant le putsch le départ d’IBK ? Ce mouvement avait déposé une liste de 14 candidats pour le poste de Premier ministre. Mohamed Ali Bathily est un des cadres du M5.
« Nous voulions un changement par rapport aux problèmes du Mali. Ce n'était pas une question de combat pour une ambition personnelle. Ceux qui ont déposé leurs candidatures au sein du M5 avaient sûrement leurs raisons. Je ne voudrais en aucun cas qu'ils ressentent de la frustration. Je suis convaincu que M. Moctar Ouane est à sa place », dit le responsable.
Pour Ibrahim Sangho, de l’Observatoire citoyen pour la bonne gouvernance, la nomination d’un civil est un bon signe envoyé à la communauté internationale. Mais il reste au niveau régional et national à clarifier certains points.
Prendre quelqu'un du M5 cristalliserait encore les rapports du M5 avec les autorités
Pour Mamadou Konaté, ancien Garde des Sceaux et aujourd’hui avocat à la cour, l’un des enjeux pour le nouveau Premier ministre sera de faire en sorte que tous les profils civils ou militaires qui composent cette transition se coordonnent.
C'est un défi majeur que de composer un gouvernement avec des hommes et des femmes représentatifs du Mali d'une part, que de poursuivre les objectifs de la transition et de faire en sorte que la relation de confiance soit rétablie entre forces militaires, civiles et politiques, le tout en parfaite adéquation avec une communauté internationale qui veille au grain.
Sur le front régional, la Cédéao prend acte de la nomination d’un civil mais continue d’attendre la nouvelle version de la charte de transition, toujours inconnue de tous.
Mais lors de son discours d’investiture, le président Bah Ndao a insisté, rappelle un interlocuteur qui le connaît bien, sur le fait qu’en 18 mois, on ne peut pas tout faire. Il a voulu nommer à la primature, poursuit la même source, quelqu’un qui peut aller vite à l’essentiel et sans se disperser. Le président de transition est un retraité. Il faut à ses côtés quelqu’un qui a un carnet d’adresse étoffé, surtout à l’extérieur du pays. Moctar Ouane a le profil. Ancien ministre des Affaires étrangères, il a également représenté le Mali à l’étranger. Ce qui est un atout. Mais il peut également aider à consolider les liens avec les pays de la sous-région.
Énarque
Il connaît personnellement plusieurs chefs d’État. Et avant d’être nommé Premier ministre, il travaillait à l’UEMOA, où il était en charge de la partie « paix et sécurité ». Une autre qualité pour occuper la primature.
Formé à Dakar puis en France sur les bancs de l’École nationale d’administration, il est originaire de la région de Mopti dans le centre du pays et jouit à 64 ans d’une longue expérience dans la diplomatie. Pendant sept ans, Moctar Ouane a représenté le Mali comme ambassadeur aux Nations unies, avant d’être nommé en 2004 ministre des Affaires étrangères. Il y reste jusqu’en 2011 reconduit de gouvernement en gouvernement, sous la présidence d’Amadou Toumani Touré. « C’est un fin connaisseur des institutions de la République », glisse un observateur averti, qui lui connait aussi une passion pour l’ancien président français François MItterrand. « Il a lu tous ses livres » dit-il.
Ces dernières années, Moctar Ouane était en retrait de la scène politique nationale en tant que fonctionnaire de l’UEMOA. D’abord comme conseiller politique, puis au poste de délégué général chargé de la paix et de la sécurité. Saura-t-il en faire un atout dans le contexte actuel de rejet par la population de ses dirigeants ? Et pour tenter de rassembler une classe politique malienne divisé ? Le premier test sera sans doute la formation de son gouvernement, annoncé pour mardi prochain.
Un consensus qui accentue les attentes de tous
Au Mali en attendant, ils sont nombreux à le décrire comme un travailleur, un homme simple, un homme dédié à la tâche. Saura-t-il pour autant jongler entre les différents profils civils et militaires qui mènent la transition ? « Le propre des diplomates, c'est la souplesse et la capacité à trouver les bons mots face aux interlocuteurs. Et là, sa qualité de diplomate pourra être utile », estime Moussa Mara, ancien Premier ministre et président du parti politique Yéléma.
Car sur le front intérieur, la liste des doléances reste longue. La prochaine étape pour Moctar Ouane sera de nommer un gouvernement de consensus. Quelle place y occupera le M5, le mouvement de contestation qui réclamait avant le putsch le départ d’IBK ? Ce mouvement avait déposé une liste de 14 candidats pour le poste de Premier ministre. Mohamed Ali Bathily est un des cadres du M5.
« Nous voulions un changement par rapport aux problèmes du Mali. Ce n'était pas une question de combat pour une ambition personnelle. Ceux qui ont déposé leurs candidatures au sein du M5 avaient sûrement leurs raisons. Je ne voudrais en aucun cas qu'ils ressentent de la frustration. Je suis convaincu que M. Moctar Ouane est à sa place », dit le responsable.
Pour Ibrahim Sangho, de l’Observatoire citoyen pour la bonne gouvernance, la nomination d’un civil est un bon signe envoyé à la communauté internationale. Mais il reste au niveau régional et national à clarifier certains points.
Prendre quelqu'un du M5 cristalliserait encore les rapports du M5 avec les autorités
Pour Mamadou Konaté, ancien Garde des Sceaux et aujourd’hui avocat à la cour, l’un des enjeux pour le nouveau Premier ministre sera de faire en sorte que tous les profils civils ou militaires qui composent cette transition se coordonnent.
C'est un défi majeur que de composer un gouvernement avec des hommes et des femmes représentatifs du Mali d'une part, que de poursuivre les objectifs de la transition et de faire en sorte que la relation de confiance soit rétablie entre forces militaires, civiles et politiques, le tout en parfaite adéquation avec une communauté internationale qui veille au grain.
Sur le front régional, la Cédéao prend acte de la nomination d’un civil mais continue d’attendre la nouvelle version de la charte de transition, toujours inconnue de tous.