Elles sont rompues à la tâche. Parmi les premières à se lever le matin et les dernières à aller au lit le soir, elles travaillent à toute heure et toute la journée durant, sans repos ou presque. Du ménage à la vaisselle, au linge, à l’entretien des maisons, des locaux d’entreprises ou des sociétés et d’immeubles, à la prise en charge des enfants notamment dans des ménages à couple de travailleurs salariés, y compris la cuisine, même s’il leur arrivent rarement de partager la table familiale du patron, pardon de la patronne, qui circonscrit leur territoire pour les petits-déjeuners, déjeuners et diners dans la cuisine, si on ne leur réserve pas des restes, elles sont des bonnes à tout faire et en quelque sorte, «l’âme non reconnue» des maisons et foyers.
Elles, ce sont ces bonnes dames (filles, jeunes femmes…) appelées femmes de ménage. Elles sont pour la plupart originaires du Sine-Saloum, des Terres Neuves, du Sud de la petite Côte du Sénégal et même, d’autres contrées de l’intérieur du pays. Elles sont d'une grande aide pour les femmes fonctionnaires/salariées ou au foyer, qu’elles assistent pour les tâches quotidiennes. Le travail abattu étant la seule partie visible de l'iceberg, elles vivent un calvaire dans certaines familles, où elles ne bénéficient d'aucune once d'empathie de la part de certains patrons et surtout, de certaines patronnes.
Il est 12h ! Nous sommes au rond-point Liberté 6. Sur cette voie occupée par les vendeurs, tabliers et marchands ambulants et dévisagée par les travaux du Bus rapid transit (BRT). D’habitude assises par petits groupes et par affinité, au bas-côté des deux voies de Sacré-Cœur, juste après la station d’essence de ce carrefour, elles n'occupent plus leur place habituelle. Du coup, il devient difficile de les remarquer. Mais, à côté de la station-service, des femmes de tous âges sont assises sous un arbre, attendant un patron ou un employeur potentiel. Pour plus de garantie et pour minimiser les contrecoups de patrons véreux et s’assurer d’un bon contrat pour mener à bien leur travail, elles ont, à la tête de chaque groupe, un homme qui est chargé de leur trouver un potentiel emploi ou de discuter avec l’employeur désireux d’engager n’importe laquelle d’entre elles.
PLUSIEURS INTERPELLATIONS, PAR LES MEDIAS, SUR LES CONDITIONS DE TRAVAIL, MAIS LE MAL RESTE ENTIER
L'attente est interminable. Une situation difficile à gérer selon Pierrette Ndour, la vingtaine. "Je suis là tous les jours. C'est quand-même compliqué d'attendre, en plus des conditions de travail difficiles qui nous attendent. Il nous arrive de travailler dans une maison où les tâches à faire sont à n’en plus finir, avec un traitement inhumain et dégradant, alors qu'on est là que pour travailler. Ce n'est pas évident avec un salaire de 40.000 FCfa ou 50 000 FCfa en ces temps-ci."
Etudiante à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, elle n'a eu d'autre choix que de se tourner vers ce métier. "Je suis étudiante à l'université. En ce moment, je suis en vacances, c'est pour cela que je suis là pour essayer d'avoir de quoi m'acheter mes tickets de resto à la reprise des cours et aider ma mère et mes petits frères en ces temps difficiles."
Rapporte Vipeoples .
Assis à côté de Pierrette, un Monsieur, la quarantaine, se charge de trouver des clients(es)/patrons(nes) pour ces femmes. Interpellé au sujet de son travail, il reste sceptique. "Nous avons longtemps été interpellés sur notre travail, mais rien n'a été fait jusqu'à présent. Nos conditions de travail n'ont pas évolué. En parler ne servirait à rien, de toute façon", conclut-il.
PLAIDOYER POUR UN BUREAU ETATIQUE DEDIE AUX FEMMES DE MENAGE
Parmi ces femmes, certaines ont su très tôt mettre des limites, même si parfois elles sont victimes de leurs patrons qui deviennent leurs bourreaux. Astou Fall, originaire de Bambey, est à Dakar depuis plus de 10 ans. Des difficultés, elle en a vécues. "J'ai longtemps travaillé dans des maisons où j'ai vécu des situations que je n'arrive pas à oublier. Un des faits qui m'a le plus marqué, est la fois où j'ai travaillé dans une maison pendant 15 jours. Un jour, en préparant mon petit-déjeuner, la femme qui m'employait, m'a demandé de changer de tasse, sous prétexte que c'était celle de son fils. Et pourtant, c'est moi qui préparais à manger et qui veillais à la propreté de la maison. Ne supportant pas cette situation, j'ai immédiatement arrêté."
Et de confier : "ce n'est pas parce que nous n'avons pas assez de moyens que nous devons supporter certaines choses. Les patrons doivent également bien nous traiter". Demandant l'aide de l'Etat, Astou ajoute : "on est laissé en rade par l'Etat. Aujourd'hui, on n'a pas les moyens de nous soigner en cas de maladie ou de blessure, ce qui arrive fréquemment, on est donc obligé de faire avec. Ce serait bien qu'on ait un bureau accrédité, pour nous permettre au moins d'avoir des avantages, au même titre que les fonctionnaires".
ENTRE AVANCES ET AGRESSIONS SEXUELLES…
Ces femmes sont confrontées à des agressions de la part des hommes. "Le mari de ma patronne profitait de l'absence de cette dernière pour me draguer, alors que je suis mariée. Elle n'était pas au courant, certes, mais j'ai dû arrêter ce travail car, par dignité et par principes, je ne pouvais accepter cela. Nous sommes fatigués de toujours subir l'injustice au travail."
Cependant, si on ne se contente que d’évoquer les difficultés liées au travail des domestiques, on serait tenté d'oublier l'envers du décor. En effet, force est de constater les désagréments causés par certaines aides ménagères à leurs patronnes. Nombreuses sont celles qui vivent le martyr en leur lieu de travail ; mais elles ne sont pas toutes exemptes de reproches.
L'ENVERS DU DECOR : CES FEMMES DE MENAGE BRISEUSES DE FOYER
Madame Niang en a vécu l'expérience. Cette mère de famille dit être traumatisée par le passage d'une de ses employées. "J'avais employé une femme de ménage, qui était très belle d'ailleurs. Et ce fut une grosse erreur ; aujourd'hui, je regrette amèrement cette décision parce qu'elle a essayé de charmer mon mari. Avec sa manière de s'habiller, sa démarche, au fur du temps, je me suis aperçue que mon mari commençait à céder et c'est là que j'ai réagi. Je lui ai donné ce que je lui devais et elle est partie. Depuis lors, j'ai arrêté de prendre des femmes de ménage. Il y va de la stabilité de mon couple. Cette expérience m'a vraiment traumatisée."
Dernièrement, des images glaçantes circulaient sur la toile : on pouvait y voir une domestique battue par sa patronne. Des images insoutenables qui démontrent encore une fois que le problème est plus profond que ce que l'on pense et voit. Chaque année, le phénomène de l'exode rural s’accentue de plus en plus.
Ces femmes, en très grand nombre, quittent leurs villages pour espérer avoir une vie meilleure dans une ville où les réalités sont parfois loin des espérances. Généralement, sans aucune qualification, filles/femmes rompues aux tâches ménagères, elles travaillent comme domestiques, avec tous les risques et surprises qu’elles courent dans les familles d’accueil et lieux de travail.
Elles, ce sont ces bonnes dames (filles, jeunes femmes…) appelées femmes de ménage. Elles sont pour la plupart originaires du Sine-Saloum, des Terres Neuves, du Sud de la petite Côte du Sénégal et même, d’autres contrées de l’intérieur du pays. Elles sont d'une grande aide pour les femmes fonctionnaires/salariées ou au foyer, qu’elles assistent pour les tâches quotidiennes. Le travail abattu étant la seule partie visible de l'iceberg, elles vivent un calvaire dans certaines familles, où elles ne bénéficient d'aucune once d'empathie de la part de certains patrons et surtout, de certaines patronnes.
Il est 12h ! Nous sommes au rond-point Liberté 6. Sur cette voie occupée par les vendeurs, tabliers et marchands ambulants et dévisagée par les travaux du Bus rapid transit (BRT). D’habitude assises par petits groupes et par affinité, au bas-côté des deux voies de Sacré-Cœur, juste après la station d’essence de ce carrefour, elles n'occupent plus leur place habituelle. Du coup, il devient difficile de les remarquer. Mais, à côté de la station-service, des femmes de tous âges sont assises sous un arbre, attendant un patron ou un employeur potentiel. Pour plus de garantie et pour minimiser les contrecoups de patrons véreux et s’assurer d’un bon contrat pour mener à bien leur travail, elles ont, à la tête de chaque groupe, un homme qui est chargé de leur trouver un potentiel emploi ou de discuter avec l’employeur désireux d’engager n’importe laquelle d’entre elles.
PLUSIEURS INTERPELLATIONS, PAR LES MEDIAS, SUR LES CONDITIONS DE TRAVAIL, MAIS LE MAL RESTE ENTIER
L'attente est interminable. Une situation difficile à gérer selon Pierrette Ndour, la vingtaine. "Je suis là tous les jours. C'est quand-même compliqué d'attendre, en plus des conditions de travail difficiles qui nous attendent. Il nous arrive de travailler dans une maison où les tâches à faire sont à n’en plus finir, avec un traitement inhumain et dégradant, alors qu'on est là que pour travailler. Ce n'est pas évident avec un salaire de 40.000 FCfa ou 50 000 FCfa en ces temps-ci."
Etudiante à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, elle n'a eu d'autre choix que de se tourner vers ce métier. "Je suis étudiante à l'université. En ce moment, je suis en vacances, c'est pour cela que je suis là pour essayer d'avoir de quoi m'acheter mes tickets de resto à la reprise des cours et aider ma mère et mes petits frères en ces temps difficiles."
Rapporte Vipeoples .
Assis à côté de Pierrette, un Monsieur, la quarantaine, se charge de trouver des clients(es)/patrons(nes) pour ces femmes. Interpellé au sujet de son travail, il reste sceptique. "Nous avons longtemps été interpellés sur notre travail, mais rien n'a été fait jusqu'à présent. Nos conditions de travail n'ont pas évolué. En parler ne servirait à rien, de toute façon", conclut-il.
PLAIDOYER POUR UN BUREAU ETATIQUE DEDIE AUX FEMMES DE MENAGE
Parmi ces femmes, certaines ont su très tôt mettre des limites, même si parfois elles sont victimes de leurs patrons qui deviennent leurs bourreaux. Astou Fall, originaire de Bambey, est à Dakar depuis plus de 10 ans. Des difficultés, elle en a vécues. "J'ai longtemps travaillé dans des maisons où j'ai vécu des situations que je n'arrive pas à oublier. Un des faits qui m'a le plus marqué, est la fois où j'ai travaillé dans une maison pendant 15 jours. Un jour, en préparant mon petit-déjeuner, la femme qui m'employait, m'a demandé de changer de tasse, sous prétexte que c'était celle de son fils. Et pourtant, c'est moi qui préparais à manger et qui veillais à la propreté de la maison. Ne supportant pas cette situation, j'ai immédiatement arrêté."
Et de confier : "ce n'est pas parce que nous n'avons pas assez de moyens que nous devons supporter certaines choses. Les patrons doivent également bien nous traiter". Demandant l'aide de l'Etat, Astou ajoute : "on est laissé en rade par l'Etat. Aujourd'hui, on n'a pas les moyens de nous soigner en cas de maladie ou de blessure, ce qui arrive fréquemment, on est donc obligé de faire avec. Ce serait bien qu'on ait un bureau accrédité, pour nous permettre au moins d'avoir des avantages, au même titre que les fonctionnaires".
ENTRE AVANCES ET AGRESSIONS SEXUELLES…
Ces femmes sont confrontées à des agressions de la part des hommes. "Le mari de ma patronne profitait de l'absence de cette dernière pour me draguer, alors que je suis mariée. Elle n'était pas au courant, certes, mais j'ai dû arrêter ce travail car, par dignité et par principes, je ne pouvais accepter cela. Nous sommes fatigués de toujours subir l'injustice au travail."
Cependant, si on ne se contente que d’évoquer les difficultés liées au travail des domestiques, on serait tenté d'oublier l'envers du décor. En effet, force est de constater les désagréments causés par certaines aides ménagères à leurs patronnes. Nombreuses sont celles qui vivent le martyr en leur lieu de travail ; mais elles ne sont pas toutes exemptes de reproches.
L'ENVERS DU DECOR : CES FEMMES DE MENAGE BRISEUSES DE FOYER
Madame Niang en a vécu l'expérience. Cette mère de famille dit être traumatisée par le passage d'une de ses employées. "J'avais employé une femme de ménage, qui était très belle d'ailleurs. Et ce fut une grosse erreur ; aujourd'hui, je regrette amèrement cette décision parce qu'elle a essayé de charmer mon mari. Avec sa manière de s'habiller, sa démarche, au fur du temps, je me suis aperçue que mon mari commençait à céder et c'est là que j'ai réagi. Je lui ai donné ce que je lui devais et elle est partie. Depuis lors, j'ai arrêté de prendre des femmes de ménage. Il y va de la stabilité de mon couple. Cette expérience m'a vraiment traumatisée."
Dernièrement, des images glaçantes circulaient sur la toile : on pouvait y voir une domestique battue par sa patronne. Des images insoutenables qui démontrent encore une fois que le problème est plus profond que ce que l'on pense et voit. Chaque année, le phénomène de l'exode rural s’accentue de plus en plus.
Ces femmes, en très grand nombre, quittent leurs villages pour espérer avoir une vie meilleure dans une ville où les réalités sont parfois loin des espérances. Généralement, sans aucune qualification, filles/femmes rompues aux tâches ménagères, elles travaillent comme domestiques, avec tous les risques et surprises qu’elles courent dans les familles d’accueil et lieux de travail.