L’édifice, l’un des principaux points d’attraction du Magal, offre un décor peu habituel : les cinq minarets habituels sont dévêtus de leur marbre et de leur peinture lumineuse. Deux nouveaux autres minarets prennent forme sur une grande terrasse surchargée d’engins, de tubes de fer, des débris de ciment et autres matériaux de construction.
Devant cette nouvelle image que présente la mosquée, d’aucuns se montrent perplexes. ‘’C’est étonnant cette mosquée, elle est toujours en chantiers. Ça ne finit jamais’’, s’étonne un fidèle se trouvant au milieu d’une longue file d’attente qui se dirige vers le mausolée du fondateur du Mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba. Son sentiment est partagé par les autres fidèles. Mais certains donnent une dimension spirituelle à ces chantiers en permanence. ‘’Chaque khalife apporte sa pierre à l’édifice. C’est une recommandation de Serigne Touba. Il ne faut jamais attendre que les chantiers de la mosquée de Touba soient bouclés un jour’’, explique le jeune Abdou Khadre Mbacké, l’un des initiateurs d’une gigantesque exposition sur l’histoire du Mouridisme. ‘’Ce n’est pas une mosquée inachevée comme celle qui se trouve à Dakar, mais c’est un édifice qui ne finit jamais. Ce n’est pas un paradoxe mais une réalité chez nous’’, ajoute un habitué des lieux Serigne Khadim Ndao pour qui la mosquée de Bamba répond à trois logiques : revêtement, embellissement et agrandissement. La Grande mosquée de Touba est un bijou en éternel chantier avec des travaux de grande envergure qui donnent aux lieux les allures d’un édifice inachevé. Mais selon une tradition mouride perpétuée par la lignée de khalifes qui se succèdent sur le trône de Bamba, la mosquée de Touba est un bijou dont les sempiternelles retouches font d’elle un chantier permanant. ‘’Cheikh Ahmadou Bamba avait obtenu l’autorisation de construire, son premier khalife Serigne Moustapha a fait la fondation et les terrassements, Serigne Fallou Mbacké a construit les minarets, effectué des travaux de revêtement et dirigé la prière inaugurale le 7 juin 1963’’, raconte le jeune Abdou Khadre Mbacké qui semble bien imprégné des différentes étapes de l’histoire de la mosquée. Poursuivant ses explications, il a rappelé que c’est Abdou Lahat Mbacké qui a effectué des travaux d’agrandissement et d’embellissement avant de construire le mur de clôture. ‘’Serigne Saliou Mbacké aussi a été à l’origine de nombreux chantiers de la mosquée durant son règne. Son successeur Serigne Bara Mbacké a initié le carrelage de la grande cour avant d’enlever le mur de clôture et le remplacer par un autre dominé par les grilles et le marbre’’, signale notre interlocuteur. Cette tradition qui veut que chaque khalife marque son empreinte à son passage est respectée par Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké qui a fait passer le nombre de minarets de 5 à 7. ‘’Avec ces chantiers d’envergure, il faudra s’attendre à une mosquée qui va briller de mille feux avant une prochaine édition du Magal. Mais quelle que soit sa beauté, elle sera toujours à parfaire. C’est la logique’’, note Serigne Khadim Ndao. xibaaru