Le Premier ministre Manuel Valls et son ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve ont eu à le manifester à l’endroit de la délégation conduite par le Premier ministre Mouhamad Boun Abdallah Ndione, le 24 juillet 2015 à Paris, en marge du séminaire intergouvernemental franco-sénégalais. Manuel Valls a en effet indiqué que la décision du Sénégal de rappeler son consul dans la ville phocéenne a mis à l’aise la France. L’embarras des autorités françaises était grand, car Paris avait du scrupule à prendre des mesures qui pourraient altérer les relations entre les deux pays, eu égard à la qualité de leur coopération bilatérale. Ainsi, la France avait espéré que le Sénégal prît l’initiative de régler cette affaire délicate pour éviter que la France en arrivât, comme cela avait été bien envisagé, de déclarer un consul du Sénégal persona non grata ou de lever son immunité diplomatique pour pouvoir enclencher des poursuites pénales à son encontre. Le cas échéant, ce serait une fâcheuse première.
La France a estimé qu’elle ne pouvait pas rester sans réaction du fait de la gravité des faits mais surtout en raison de la volonté du procureur de Marseille de déclencher des poursuites, du fait d’une résolution des policiers français de déposer une plainte. La France a donc informé le Sénégal de cet incident jusqu’à communiquer aux autorités sénégalaises, le rapport de police. Un fait inédit.
Le Président Macky Sall n’a pas alors hésité à donner des instructions au ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, de prendre des mesures conservatoires en attendant le remplacement du consul. Les services du ministère des Affaires étrangères ont exécuté les instructions d’autant que Macky Sall avait insisté en demandant au Premier ministre de s’assurer de l’effectivité de la mesure. C’est dire que la décision de rappeler le consul Tamsir Faye est bel et bien le fait du Président Sall et non une initiative personnelle du ministre Mankeur Ndiaye. Le secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’Extérieur, Souleymane Jules Diop, a sans doute trouvé en l’occasion, un prétexte pour faire de son ministre de tutelle un «punching ball» mais il ne devrait pas ignorer les circonstances dans lesquelles la décision avait été prise. Il s’y ajoute qu’un décret ne saurait être pris que pour nommer un remplaçant du consul Tamsir Faye et pour le faire, comme c’est d’ailleurs la procédure en matière de nomination à des postes diplomatiques et consulaires, le Sénégal devra attendre l‘agrément délivré par le pays hôte. Dans les bonnes traditions diplomatiques, jamais le limogeage d’un représentant n’est annoncé mais c’est plutôt le décret de nomination du successeur qui emporte le départ de la personne qui était en poste. La diplomatie sénégalaise a toujours procédé ainsi.
Combien d’agents diplomatiques et consulaires ont fait l’objet de rappel, pour causes de fautes bien moins graves que celles reprochées à Tamsir Faye et sont restés à Dakar, dans une sorte de purgatoire, sans que personne n’estime devoir voler à leur secours ? Souleymane Jules Diop a donc tout faux en s’en prenant vertement à Mankeur Ndiaye. Ses sorties médiatiques ont provoqué un véritable malaise au sein du gouvernement. Ses déclarations constituent en quelque sorte un cri de détresse. Le secrétaire d’Etat est à l’étroit dans ses fonctions et n’accède plus au chef de l’Etat comme il l’aurait souhaité et ses appels au secours, transmis par divers canaux, semblent inaudibles.
D’aucuns ont pu se demander si Souleymane Jules Diop pouvait encore rester au poste. Il aurait franchi la corde raide de la solidarité gouvernementale et surtout de la réserve qu’imposent ses fonctions. il a choisi d’étaler sur la place publique des divergences ou des conflits internes au gouvernement. On pourrait donc songer à ce que le chef de l’Etat restaure une certaine autorité dans le gouvernement comme l’avait fait par exemple François Hollande à l’endroit de la ministre française de l’Ecologie, Delphine Batho. L’absence de réaction pourrait susciter des émules. Déjà , on a vu Youssou Touré, secrétaire d’Etat à l’Alphabétisation, bien qu’il semble s’être beaucoup assagi, étaler ses frustrations, lui aussi, dans l’édition du journal L’As du vendredi 31 juillet 2015.
Si on n’y prend garde, le gouvernement sera assez chahuté, parce que d’autres ministres feront encore montre d’insubordination ou de mauvaise tenue, pour ne pas dire de rébellion. Seulement, tout porte à croire que Macky Sall laissera passer la tempête. En limogeant Souleymane Jules Diop pour une faute bien manifeste, il commettrait le péché de faire «du deux poids deux mesures». Combien de graves fautes de ses ministres Macky Sall a-t-il ignoré ? S’il punissait systématiquement les fautes, Macky Sall aurait pris au moins six décisions de limogeage de ministres, rien que dans la courte période de juin 2015 à juillet 2015. Macky Sall aurait pu limoger son ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo pour faute grave, pour avoir présenté en Conseil des ministres un faux bulletin de renseignements. Pire, avant-hier vendredi 31 juillet 2015, la sécurité du chef de l’Etat a été gravement exposée face à des étudiants bien préparés à faire la peau à Macky Sall.
Le 11 juillet 2015, Macky Sall aurait pu limoger la ministre Fatou Tambédou qui s’était comportée comme une vulgaire mégère devant le chef de l’Etat qui rencontrait les femmes de son parti. Quelques jours avant l’esclandre de Fatou Tambédou, le ministre de la Justice Sidiki Kaba, dans l’affaire de la volonté de la Cour pénale internationale de faire arrêter le Président El Béchir du Soudan, avait donné au Président Sall de bonnes raisons de le démettre. Le ministre délégué chargé de la Micro-finance, Moustapha Diop, n’avait plus sa place en Conseil des ministres après ses insultes aux membres de la Cour des comptes. «Last but not least», un ministre, membre du cabinet du président de la République, avait failli, quelques jours auparavant, en venir aux mains, dans la cour du Palais présidentiel, avec une députée sur qui le ministre avait débité publiquement des insanités.
Si le chef de l’Etat se mettait à réprimer systématiquement les fautes, on assisterait chaque semaine à un réaménagement du gouvernement. Dire que tous ces ministres et même des directeurs d’entreprises publiques, indélicats à tous points de vue, sont encartés de l’Alliance pour la République (Apr) ! L’implication dans la conduite des affaires de l’Etat des membres de l’Apr tend à constituer un véritable problème pour Macky Sall. Toutes les bévues portent leurs signatures. Nous ne nous y étions pas trompés dans une chronique intitulée «Mais Macky, où on va là ?», en date du 22 mai 2012. Déjà , nous tirions la sonnette d’alarme sur les risques encourus avec les comportements de certains responsables de l’Apr. Toutefois, le chef de l’Etat pourrait-il gouverner sans son parti ? Bien sûr que non !
Au début de son magistère, Macky Sall avait à la bouche le slogan «la patrie avant le même parti». Cette logique l’avait conduit à limoger, tour à tour, d’importantes figures de l’Apr comme Mbaye Ndiaye, Alioune Badara Cissé, Mor Ngom, Aly Cotto Ndiaye, Benoît Sambou, Mariama Sarr, Ibrahima Sall, Seynabou Gaye Touré, Arame Ndoye, Abou Lô, Thierno Alassane Sall, Seydou Guèye, entre autres. Seulement, ces responsables politiques limogés ont eu à se serrer les coudes, à faire bloc avec d’autres caciques du parti qui pourraient connaître le même sort, pour exercer une pression psychologique, morale ou même politique sur le chef de l’Etat. Macky Sall n’a pas pu souffrir d’être accusé d’écarter dans la conduite des affaires de l’Etat, les responsables politiques qui l’avaient accompagné dans la conquête du pouvoir.
Cela finira par porter des fruits car Macky Sall se mettra à réhabiliter tous les responsables de son parti qui étaient sanctionnés. La devise tend alors à devenir : «Vivre ensemble ou mourir ensemble.» Une telle posture tiendra aussi longtemps que le Président Sall sera convaincu que seul, le peuple de l’Apr suffira pour lui faire conserver le pouvoir. Attention, les jets de pierres à l’Université de Dakar ne visaient personne d’autre que Macky Sall.
La France a estimé qu’elle ne pouvait pas rester sans réaction du fait de la gravité des faits mais surtout en raison de la volonté du procureur de Marseille de déclencher des poursuites, du fait d’une résolution des policiers français de déposer une plainte. La France a donc informé le Sénégal de cet incident jusqu’à communiquer aux autorités sénégalaises, le rapport de police. Un fait inédit.
Le Président Macky Sall n’a pas alors hésité à donner des instructions au ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, de prendre des mesures conservatoires en attendant le remplacement du consul. Les services du ministère des Affaires étrangères ont exécuté les instructions d’autant que Macky Sall avait insisté en demandant au Premier ministre de s’assurer de l’effectivité de la mesure. C’est dire que la décision de rappeler le consul Tamsir Faye est bel et bien le fait du Président Sall et non une initiative personnelle du ministre Mankeur Ndiaye. Le secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’Extérieur, Souleymane Jules Diop, a sans doute trouvé en l’occasion, un prétexte pour faire de son ministre de tutelle un «punching ball» mais il ne devrait pas ignorer les circonstances dans lesquelles la décision avait été prise. Il s’y ajoute qu’un décret ne saurait être pris que pour nommer un remplaçant du consul Tamsir Faye et pour le faire, comme c’est d’ailleurs la procédure en matière de nomination à des postes diplomatiques et consulaires, le Sénégal devra attendre l‘agrément délivré par le pays hôte. Dans les bonnes traditions diplomatiques, jamais le limogeage d’un représentant n’est annoncé mais c’est plutôt le décret de nomination du successeur qui emporte le départ de la personne qui était en poste. La diplomatie sénégalaise a toujours procédé ainsi.
Combien d’agents diplomatiques et consulaires ont fait l’objet de rappel, pour causes de fautes bien moins graves que celles reprochées à Tamsir Faye et sont restés à Dakar, dans une sorte de purgatoire, sans que personne n’estime devoir voler à leur secours ? Souleymane Jules Diop a donc tout faux en s’en prenant vertement à Mankeur Ndiaye. Ses sorties médiatiques ont provoqué un véritable malaise au sein du gouvernement. Ses déclarations constituent en quelque sorte un cri de détresse. Le secrétaire d’Etat est à l’étroit dans ses fonctions et n’accède plus au chef de l’Etat comme il l’aurait souhaité et ses appels au secours, transmis par divers canaux, semblent inaudibles.
D’aucuns ont pu se demander si Souleymane Jules Diop pouvait encore rester au poste. Il aurait franchi la corde raide de la solidarité gouvernementale et surtout de la réserve qu’imposent ses fonctions. il a choisi d’étaler sur la place publique des divergences ou des conflits internes au gouvernement. On pourrait donc songer à ce que le chef de l’Etat restaure une certaine autorité dans le gouvernement comme l’avait fait par exemple François Hollande à l’endroit de la ministre française de l’Ecologie, Delphine Batho. L’absence de réaction pourrait susciter des émules. Déjà , on a vu Youssou Touré, secrétaire d’Etat à l’Alphabétisation, bien qu’il semble s’être beaucoup assagi, étaler ses frustrations, lui aussi, dans l’édition du journal L’As du vendredi 31 juillet 2015.
Si on n’y prend garde, le gouvernement sera assez chahuté, parce que d’autres ministres feront encore montre d’insubordination ou de mauvaise tenue, pour ne pas dire de rébellion. Seulement, tout porte à croire que Macky Sall laissera passer la tempête. En limogeant Souleymane Jules Diop pour une faute bien manifeste, il commettrait le péché de faire «du deux poids deux mesures». Combien de graves fautes de ses ministres Macky Sall a-t-il ignoré ? S’il punissait systématiquement les fautes, Macky Sall aurait pris au moins six décisions de limogeage de ministres, rien que dans la courte période de juin 2015 à juillet 2015. Macky Sall aurait pu limoger son ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo pour faute grave, pour avoir présenté en Conseil des ministres un faux bulletin de renseignements. Pire, avant-hier vendredi 31 juillet 2015, la sécurité du chef de l’Etat a été gravement exposée face à des étudiants bien préparés à faire la peau à Macky Sall.
Le 11 juillet 2015, Macky Sall aurait pu limoger la ministre Fatou Tambédou qui s’était comportée comme une vulgaire mégère devant le chef de l’Etat qui rencontrait les femmes de son parti. Quelques jours avant l’esclandre de Fatou Tambédou, le ministre de la Justice Sidiki Kaba, dans l’affaire de la volonté de la Cour pénale internationale de faire arrêter le Président El Béchir du Soudan, avait donné au Président Sall de bonnes raisons de le démettre. Le ministre délégué chargé de la Micro-finance, Moustapha Diop, n’avait plus sa place en Conseil des ministres après ses insultes aux membres de la Cour des comptes. «Last but not least», un ministre, membre du cabinet du président de la République, avait failli, quelques jours auparavant, en venir aux mains, dans la cour du Palais présidentiel, avec une députée sur qui le ministre avait débité publiquement des insanités.
Si le chef de l’Etat se mettait à réprimer systématiquement les fautes, on assisterait chaque semaine à un réaménagement du gouvernement. Dire que tous ces ministres et même des directeurs d’entreprises publiques, indélicats à tous points de vue, sont encartés de l’Alliance pour la République (Apr) ! L’implication dans la conduite des affaires de l’Etat des membres de l’Apr tend à constituer un véritable problème pour Macky Sall. Toutes les bévues portent leurs signatures. Nous ne nous y étions pas trompés dans une chronique intitulée «Mais Macky, où on va là ?», en date du 22 mai 2012. Déjà , nous tirions la sonnette d’alarme sur les risques encourus avec les comportements de certains responsables de l’Apr. Toutefois, le chef de l’Etat pourrait-il gouverner sans son parti ? Bien sûr que non !
Au début de son magistère, Macky Sall avait à la bouche le slogan «la patrie avant le même parti». Cette logique l’avait conduit à limoger, tour à tour, d’importantes figures de l’Apr comme Mbaye Ndiaye, Alioune Badara Cissé, Mor Ngom, Aly Cotto Ndiaye, Benoît Sambou, Mariama Sarr, Ibrahima Sall, Seynabou Gaye Touré, Arame Ndoye, Abou Lô, Thierno Alassane Sall, Seydou Guèye, entre autres. Seulement, ces responsables politiques limogés ont eu à se serrer les coudes, à faire bloc avec d’autres caciques du parti qui pourraient connaître le même sort, pour exercer une pression psychologique, morale ou même politique sur le chef de l’Etat. Macky Sall n’a pas pu souffrir d’être accusé d’écarter dans la conduite des affaires de l’Etat, les responsables politiques qui l’avaient accompagné dans la conquête du pouvoir.
Cela finira par porter des fruits car Macky Sall se mettra à réhabiliter tous les responsables de son parti qui étaient sanctionnés. La devise tend alors à devenir : «Vivre ensemble ou mourir ensemble.» Une telle posture tiendra aussi longtemps que le Président Sall sera convaincu que seul, le peuple de l’Apr suffira pour lui faire conserver le pouvoir. Attention, les jets de pierres à l’Université de Dakar ne visaient personne d’autre que Macky Sall.