Comment appréciez-vous la situation politique nationale ?
Comme vous le savez, le Sénégal vit un marasme économique sans précédent. La situation est décrite par la population sénégalaise à travers l’expression « Rewmi dafa Macky ». Cela veut dire que rien ne vas plus au Sénégal, à l’image des performances de son Président, Macky Sall. Je pense que c’est la première fois depuis que le monde existe, que l’état désastreux d’un pays soit assimilé au nom de son président. Cela donne une image de la situation que vivent les Sénégalais. Comme vous le savez, l’argent est devenu une denrée rare et ceci à cause de la politique de destruction du PDS, de son secrétaire général national, du fils de l’ancien président Maitre Abdoulaye Wade et des dignitaires du PDS que le nouveau régime a entrepris depuis sa mise en place. De telle sorte que le régime de Macky n’a pas eu le temps de se consacrer aux tâches qui lui ont été dévolues par le peuple sénégalais. Naturellement, nous sommes arrivés à cette situation où l’argent ne circule plus parce que bien avant l’arrivée de Macky au pouvoir, lui et ses hommes ont commencé par dire qu’il n’y avait plus d’argent dans les caisses de l’Etat. Contrairement, au Président Wade qui, dés son arrivée en 2000, avait dit aux bailleurs de fonds, notamment à la Banque Mondiale et le FMI, que nous n’avions pas besoin d’argent, mais de leur expertise et au besoin de projets. Ce qui a incité, à l’époque, tous les investisseurs à accourir vers le Sénégal. Cette fois-ci, malheureusement, c’est le contraire qui s’est produit. Les Sénégalais établis à l’extérieur ont beaucoup de difficultés avec cette lutte contre le blanchiment d’argent qui fait qu’il n’y a plus de circulation d’argent entre les pays où vivent les émigrés et le Sénégal. Vous avez vu récemment le fils du président de l’Afrique du Sud qui a été arrêté à l’aéroport de Dakar parce qu’il gardait par devers lui une somme de 13 millions de nos francs. Ensuite, les banques, que sont la CBAO, la Société Générale, la BICIS jouent le rôle de Police à la place des limiers. Parce qu’elles contrôlent tous les dépôts d’argent ainsi que tous les mouvements de comptes. Saviez-vous que tout particulier qui dépose une somme supérieure ou égale à deux millions de francs dans son compte chèque est obligé d’en justifier l’origine ? Pour les comptes d’épargne, la somme maximale autorisée à déposer est un millions de francs. Au-delà de ces sommes autorisées, les banques refusent de garder l’argent. Cette situation fait que les commerçants sénégalais sont dans le désarroi. Elles sont en train de violer les droits de leurs clients. Aussi, tout le monde sait que la vie est chère au Sénégal, il n’y a pas d’emploi, la promesse de recrutement de cent mille emplois par mois n’a jusqu’à présent pas été tenue. La fonction publique vient de recruter 1.400 emplois alors que la promesse était largement en dessus. De même, les gros slogans de Macky Sall et son régime ne représentent qu’une chimère. Il n’y a pas de couverture médicale universelle (CMU) car elle n’est pas universelle ; le projet «Fendi» dont vous avez entendu parler avec le déploiement de trois-cent soldats n’est plus d’actualité, c’est dans le vent. C’est la même chose pour les bourses familiales.
«La responsabilité incombe entièrement au Président Macky Sall qui n’a pas tenu ses engagements encore moins ses promesses. Le PDS n’est en rien responsable de la situation difficile du pays. Macky Sall avait promis, une fois au pouvoir que les prix des denrées de première nécessité seront moins chers. Y est-il arrivé ?»
Mais que répondez-vous à ceux qui pensent que le PDS a une part de responsabilité dans la situation difficile du pays ?
Le PDS n’a aucune part de responsabilité dans ce qui se passe actuellement parce que ceux qui sont arrivés aujourd’hui au pouvoir ont brulé des pneus, nos maisons, les biens publics tels que ceux de la SENELEC et autres. N’avait-on pas vu l’actuel président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niass manifester avec une prière ? Tout cela dans le seul but de faire partir Me Wade et en proposant aux Sénégalais de résoudre leur problème qui sont la cherté de la vie, l’emploi des jeunes, la création de richesses, etc… Donc, c’est à eux d’amener le Sénégal dans une situation enviable, meilleure que celle que Me Wade a laissé. La responsabilité incombe entièrement au Président Macky Sall qui n’a pas tenu ses engagements encore moins ses promesses. Le PDS n’est en rien responsable de la situation difficile du pays. Macky avait promis, une fois au pouvoir que les prix des denrées de première nécessité seront moins chers. Y est-il arrivé ? Il a la responsabilité de répondre aux préoccupations des Sénégalais et de leurs demandes. Il ne doit pas rejeter cette situation sur son prédécesseur Abdoulaye Wade. S’il savait qu’il ne pouvait pas satisfaire les besoins des Sénégalais, pourquoi alors n’avait-il pas laissé ce pays à Wade ?
Vous partagez donc l’avis de ceux qui pensent que Macky Sall est arrivé au pouvoir uniquement par accident et n’a pas de vision politique pour le Sénégal ?
C’est vous qui le dites et votre constat est réel. Il n’a aucune vision. A la place on ne voit qu’un tâtonnement général et de l’incompétence notoire. Tout ce que Macky a fait de bon est destiné à ses collaborateurs à qui, il a trouvé une manne d’argent avec ces marchés de gré à gré, cent milliards pour l’autoroute, cinquante milliards pour un soi-disant réparation d’un immeuble alors que cette somme pouvait servir à construire 5 autres immeubles, ensuite 50 milliards pour les inondations, des dizaines de millions de francs pour la Francophonie… Tout cela constitue le bilan désastreux de Macky Sall. Il a fait trois plus que Me Wade dans les marchés de gré à gré. Tout le monde dit qu’il est en train de mettre en place un trésor de guerre pour pouvoir aller aux prochaines élections. En ce qui me concerne et vous le constatez avec moi, le pays est en train de régresser.
«Actuellement, nous devons concentrer nos forces dans la bataille contre l’adversaire. C’est dans cette perspective que le président Abdoulaye Wade a appelé à une retrouvaille avec tous les anciens libéraux notamment, Idrissa Seck, Jean Paul Diaz, Serigne Diop…»
Votre Secrétaire national intérimaire, Oumar Sarr est l’objet de plusieurs attaques de la part de certains responsables libéraux. Pensez-vous qu’il soit à la hauteur de la tache ?
En comité directeur dernièrement, j’ai fait la proposition de resserrer les rangs, pour créer une unité au sommet du PDS afin de pouvoir combattre l’adversaire commun : Macky Sall et son régime. Il n’y a pas lieu de se chamailler entre nous. Alors, lorsqu’arrivera la période où il faut désigner quelqu’un à la tête du PDS, cela se fera par une sélection naturelle. Celui qui sera désigné par Allah, accédera inéluctablement au sommet du PDS. Donc, il n’y a pas lieu de se battre entre nous. Actuellement, nous devons concentrer nos forces dans la bataille contre l’adversaire. C’est dans cette perspective que le président Abdoulaye Wade a appelé à une retrouvaille avec tous les anciens libéraux notamment, Idrissa Seck, Jean Paul Diaz, Serigne Diop… Nous devons mettre en place une équipe capable de remplacer Macky Sall car dans la tête des Sénégalais, Macky ne fera tout au plus qu’un mandat. Et, il faut lui trouver un remplaçant. Tout le monde pense que celui-ci ne peut provenir que du PDS parce qu’on nous dit «serrez les rangs et vous retournerez bientôt au pouvoir». Donc, nous avons l’obligation d’oublier nos différences, nos dissensions pour pouvoir capitaliser le potentiel existant dans notre parti afin de trouver un remplaçant à Macky Sall.
Pour ces retrouvailles, vous semblez exclure Macky Sall et son parti ?
Macky a choisi une seule voie, un seul but qui consiste à détruire Abdoulaye Wade, son fils, le PDS et les anciens dignitaires du régime précédent pour se faire bonne conscience devant ses alliés. Donc, celui qui choisi la guerre n’aura que la guerre. Voilà ce que Macky a choisi. Une fois le pouvoir perdu, Me Abdoulaye Wade nous a tous réunis, en nous disant que Macky Sall appartient à la famille libérale et qu’il le préfère à mille autres personnes appartenant au camp socialiste ou à d’autres partis. Me Wade nous avait enjoints de baisser les armes et de le laisser travailler. Malheureusement, pressé par les socialistes, les communistes et trotskistes qui gravitent autour de lui, Macky Sall s’est braqué avant de commencer la chasse aux sorcières pour abattre Wade et Cie. Nous avons été forcés de faire face à Macky. C’est une situation que nous n’avons pas créée, que nous ne voulions pas et que nous n’avions jamais souhaité mais qu’on nous a imposé. Devant cette situation, nous nous devons de réagir sinon nous disparaîtrons. Les membres du PDS ont l’obligation de préserver le parti que Wade a construit en un quart de siècle et qui l’a amené au pouvoir.
«L’essentiel est que les anciens du PDS comme Serigne Diop, Idrissa Seck, Jean Paul Diaz et tant d’autres libéraux comme Me Ousmane Ngom, Karim Wade, Oumar Sarr, Farba Senghor, Habib Sy… se retrouvent autour d’une table pour discuter de l’avenir de notre parti. Ces personnes ne pourront trouver un autre champ où leurs actions seraient propices en dehors de la famille libérale.»
Si, demain Karim voudrait diriger le PDS est-ce que cela vous surprendrait ?
Je ne sais pas de quoi demain sera fait mais il y aura une sélection naturelle. Je pense que les retrouvailles auxquelles le secrétaire général national Me Wade a fait récemment référence, en appelant tous les anciens libéraux sont tout à fait appropriées pour qu’on puisse trouver parmi nous, la personne capable de diriger le pays. Si cette personne se trouve être Karim Wade, je ne m’y opposerai pas. L’essentiel est que les anciens du PDS comme Serigne Diop, Idrissa Seck, Jean Paul Diaz et tant d’autres libéraux comme Me Ousmane Ngom, Karim Wade, Oumar Sarr, Farba Senghor, Habib Sy… se retrouvent autour d’une table pour discuter de l’avenir de notre parti. Ces personnes ne pourront trouver un autre champ où leurs actions seraient propices en dehors de la famille libérale. Tous ceux qui sont avec Macky sont à l’étroit parce que c’est un régime mi-figue, mi raisin. Personne ne peut vous dire de quelle idéologie, ils sont. On ne sait pas si ce sont des socialistes, des libéraux ou des républicains.
«Pour être respecté, le PDS doit s’affirmer sur le terrain politique. L’erreur de Macky Sall, depuis son arrivée est d’avoir fermé le fil du dialogue social qui consiste à discuter avec les différentes couches sociales du pays comme les syndicats, les marabouts etc. Pour son appel, nous avons boycotté car c’est un simulacre de dialogue».
Pourquoi les libéraux ont boycotté l’appel à la concertation lancé par Macky Sall sur l’Acte III de la décentralisation ?
Je suis favorable au dialogue car quelque soit l’ampleur d’une guerre, elle se termine toujours par le dialogue. Mais, pour pouvoir le faire, il faut disposer des moyens, c'est-à -dire il faut exister face à l’adversaire. Un béni oui-oui n’aura aucun pouvoir et ne se fera jamais respecté. Il faut savoir taper sur la table quand il le faut et mettre de la glace le moment venu. Pour être respecté, le PDS doit s’affirmer sur le terrain politique. L’erreur de Macky Sall, depuis son arrivée est d’avoir fermé le fil du dialogue social qui consiste à discuter avec les différentes couches sociales du pays comme les syndicats, les marabouts etc. Pour son appel, nous avons boycotté car c’est un simulacre de dialogue. S’il veut convoquer le PDS, il doit passer par son chef qui est le président Wade. Ce dialogue dont il fait référence est inventé uniquement pour faire passer le report des Locales de mars 2014. Il avait d’abord annoncé que ces élections auront lieu à date échue et nous étions tous d’accord. Maintenant, il revient pour nous dire qu’elles auront lieu dans le premier semestre de l’année 2014. Macky Sall doit respecter les Sénégalais d’abord et ensuite le premier parti de l’opposition : le PDS. Il a violé les dispositions de la CEDEAO qui contraignent tous ses pays membres de ne changer rien du processus électoral six mois avant une élection. Même s’il y a report, rien n’est sur que ces élections se dérouleront en juin 2014. Voilà , le jeu que nous rejetons. Le PDS n’a jamais refusé le dialogue. Me Wade l’a fait avec le président Senghor puis Abdou Diouf à un moment très difficile. On veut bien dialoguer avec Macky, mais faudrait-il qu’il soit sincère et nous parle face à face. Le Sénégal n’est pas à l’abri de manifestations et de troubles si cette situation perdure. Car, les Sénégalais ne vont pas continuer à subir ces conditions difficiles, sans réagir. Personne n’aimerait revivre la situation de 2011 au Sénégal ou celle qui a prévalu en Tunisie et en Egypte.
Mais en gros le PDS est contre le report des Locales ?
Le PDS est pour le dialogue politique et le dialogue social à condition que tout cela se passe dans les normes. Et il est également pour le respect du calendrier républicain. Maintenant, le dialogue veut qu’à un moment de la vie d’une nation, si le Gouvernement ou les Sénégalais trouvent qu’une situation nécessite une concertation et un accord entre toutes les parties pour qu’in puisse la dépasser, le PDS est ouvert à toutes discussions. Mais en dehors de ça, le PDS doit se battre pour sa survie.
Etes-vous en contact avec le président Wade ?
Tous les jours, je suis en contact permanent avec le Président Wade, comme d’ailleurs, d’autres responsables du PDS. Rien n’échappe au Président sur ce qui se passe au Sénégal. Il est informé à la seconde et il en discute avec ses collaborateurs.
A quand son arrivée ?
Bientôt. Il viendra pour faire face à cette situation que Macky Sall nous a imposée.
Le combat du PDS va véritablement commencer sur le terrain politique avec l’arrivée de Me Wade ?
Non. Le combat a déjà commencé dans la mesure où il y a un mécontentement populaire. Il suffit d’une petite étincelle pour déclencher un soulèvement. Que Macky ne se trompe pas car il doit réfléchir à cette situation. Il y a quelques semaines, il disait de ne pas réveiller un lion qui dort. Abdoulaye Wade, est un lion tranquille, qu’il ne le provoque surtout pas. Je pense que la situation est explosive et on risque d’aller dans une situation regrettable.
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