RFI : Depuis un an et demi, votre fils Karim Wade est en prison après avoir été interdit de sortie du territoire. Son procès s’est ouvert à Dakar. Quel est votre état d’esprit ?
Viviane Wade: Je ne suis pas quelqu’un qui s’apitoie, je suis quelqu’un qui veut comprendre. Tout d’abord, quand il y a eu cette interdiction de sortie, je me suis dit : « c’est une tracasserie, une petite vengeance ». Puis, quand on a parlé de milliards de milliards de milliards, je me suis quand même inquiétée. En me disant : « On parle de milliards parce que ça fait rêver les gens ». Là , j’ai su que ça devenait très, très sérieux. Et je ne comprenais pas. Les premiers six mois j’ai attendu de voir de quoi on l’accusait. C’était quand même plus sage, et j’ai été stupéfaite. Quand on a renvoyé encore six mois, pour une affaire d’un compte à Singapour, je me suis dit : « On n’a rien trouvé et on invente encore des choses. » J’ai eu très peur.
Aujourd’hui, avez-vous encore peur ?
Non, je n’ai pas peur, je suis très inquiète. La peur vous rend faible, l’inquiétude vous rend attentive et combattante.
Vous ne le pensez pas coupable ?
Non.
Vous rendez visite à Karim Wade en prison. Comment va-t-il ? Quel est son état d’esprit ?
Karim est lucide. Il est déterminé à prouver qu’il est innocent.
Comment vit-il cette détention ?
On n’en parle pas. Il ne m’a jamais dit qu’il souffrait, qu’il était mal. Il s’est installé dans sa prison, dans sa cellule pour vivre le mieux possible et en travaillant pour se défendre.
Depuis le début du procès, on vous voit aux premières loges, vous ne manquez pas une séance. Pourtant, on ne voit pas le père de Karim Wade ?
Il est tout à fait normal que je sois tous les jours auprès de mon fils. Quant au président, je ne le vois vraiment pas assister à ce procès, qui n’est pas un procès, qui est une parodie de procès. Qu’est-ce que cela ajouterait de plus pour Karim ? Reconnaître la Crei [Cour de répression de l'enrichissement illicite] ? Reconnaître cette parodie de justice ? Les avocats ont démontré que la procédure était entachée de fautes graves, de violations graves et d’autres moins graves, mais une quantité… Il n’y a pas de calendrier, tous les co-inculpés n’ont pas été entendus, il n’y a rien.
Est-il vrai qu’Abdoulaye Wade n’a pas été voir son fils en prison ?
Effectivement, le président n’est pas allé voir son fils en prison et il en a fait la demande. Je pense qu’elle a été acceptée mais ça aurait causé vraiment… peut-être un incident. Parce que quand Abdoulaye Wade sort, la foule le suit. Que serait-il arrivé ?
Il n’y a pas de problème entre les deux hommes, entre le père et le fils ?
Il n’y a aucun problème. Aucun.
Pendant les audiences, Karim Wade n’apparaît pas du tout comme quelqu’un d’abattu. Il fait même le « V » de la victoire. Est-ce que cela n’est pas un peu gênant ? Est-ce qu’il ne se donne pas un peu trop facilement le beau rôle ?
Je ne suis pas du tout d’accord avec vous, parce que maintenant, on a la preuve que c’est un montage.
Mais vous savez bien qu’il y a des Sénégalais qui sont contents que Karim Wade soit jugé, qu’il réponde enfin...
Nous sommes dans un procès politique, il a pris une attitude politique.
Vous avez accompagné votre époux dans son combat quant il était opposant, puis comme première dame, vous avez toujours été à ses côtés. Aujourd’hui, il y a toutes ces affaires de détournement, ces scandales. Avez-vous des regrets ? Est-ce que vous n’en avez pas un peu trop fait avec votre fils ?
Mais non ! C’est vrai qu’il a eu cinq ministères et qu'on l’appelait ironiquement « le ministre de la Terre et du Ciel ». Mais a-t-il commis des fautes ? Est-il poursuivi pour un détournement quelconque ? Non. On lui attribue des banques, on lui attribue des immeubles, on lui attribue des sociétés qui appartiennent à d’autres. On en conclut donc que c’est un procès politique. On veut probablement détruire son image et celle du père à travers lui.
Mais laisser penser aux Sénégalais qu’il allait lui succéder... Est-ce qu’il n’y a pas une erreur ? Est-ce que vous n’en avez pas trop fait ?
Ah ! Je n’ai jamais entendu qu’il était là pour succéder à son père. Il n’en a jamais été question. Après les élections, que le président a d’ailleurs reconnues dans les trois heures où il a compris qu’il avait perdu - il a félicité le futur président Macky Sall -, Karim repartait dans sa banque, rejoindre sa famille.
Vous n'avez donc aucun regret ?
On ne peut pas passer sa vie à avoir des regrets, autrement on passe sa vie à surmonter. Cette longue vie avec Abdoulaye Wade, plus de 50 ans de vie commune, m’a appris que l’on réussit sa vie que lorsqu’on a surmonté les difficultés. Et je pense que nous allons surmonter aussi cette difficulté.
Viviane Wade: Je ne suis pas quelqu’un qui s’apitoie, je suis quelqu’un qui veut comprendre. Tout d’abord, quand il y a eu cette interdiction de sortie, je me suis dit : « c’est une tracasserie, une petite vengeance ». Puis, quand on a parlé de milliards de milliards de milliards, je me suis quand même inquiétée. En me disant : « On parle de milliards parce que ça fait rêver les gens ». Là , j’ai su que ça devenait très, très sérieux. Et je ne comprenais pas. Les premiers six mois j’ai attendu de voir de quoi on l’accusait. C’était quand même plus sage, et j’ai été stupéfaite. Quand on a renvoyé encore six mois, pour une affaire d’un compte à Singapour, je me suis dit : « On n’a rien trouvé et on invente encore des choses. » J’ai eu très peur.
Aujourd’hui, avez-vous encore peur ?
Non, je n’ai pas peur, je suis très inquiète. La peur vous rend faible, l’inquiétude vous rend attentive et combattante.
Vous ne le pensez pas coupable ?
Non.
Vous rendez visite à Karim Wade en prison. Comment va-t-il ? Quel est son état d’esprit ?
Karim est lucide. Il est déterminé à prouver qu’il est innocent.
Comment vit-il cette détention ?
On n’en parle pas. Il ne m’a jamais dit qu’il souffrait, qu’il était mal. Il s’est installé dans sa prison, dans sa cellule pour vivre le mieux possible et en travaillant pour se défendre.
Depuis le début du procès, on vous voit aux premières loges, vous ne manquez pas une séance. Pourtant, on ne voit pas le père de Karim Wade ?
Il est tout à fait normal que je sois tous les jours auprès de mon fils. Quant au président, je ne le vois vraiment pas assister à ce procès, qui n’est pas un procès, qui est une parodie de procès. Qu’est-ce que cela ajouterait de plus pour Karim ? Reconnaître la Crei [Cour de répression de l'enrichissement illicite] ? Reconnaître cette parodie de justice ? Les avocats ont démontré que la procédure était entachée de fautes graves, de violations graves et d’autres moins graves, mais une quantité… Il n’y a pas de calendrier, tous les co-inculpés n’ont pas été entendus, il n’y a rien.
Est-il vrai qu’Abdoulaye Wade n’a pas été voir son fils en prison ?
Effectivement, le président n’est pas allé voir son fils en prison et il en a fait la demande. Je pense qu’elle a été acceptée mais ça aurait causé vraiment… peut-être un incident. Parce que quand Abdoulaye Wade sort, la foule le suit. Que serait-il arrivé ?
Il n’y a pas de problème entre les deux hommes, entre le père et le fils ?
Il n’y a aucun problème. Aucun.
Pendant les audiences, Karim Wade n’apparaît pas du tout comme quelqu’un d’abattu. Il fait même le « V » de la victoire. Est-ce que cela n’est pas un peu gênant ? Est-ce qu’il ne se donne pas un peu trop facilement le beau rôle ?
Je ne suis pas du tout d’accord avec vous, parce que maintenant, on a la preuve que c’est un montage.
Mais vous savez bien qu’il y a des Sénégalais qui sont contents que Karim Wade soit jugé, qu’il réponde enfin...
Nous sommes dans un procès politique, il a pris une attitude politique.
Vous avez accompagné votre époux dans son combat quant il était opposant, puis comme première dame, vous avez toujours été à ses côtés. Aujourd’hui, il y a toutes ces affaires de détournement, ces scandales. Avez-vous des regrets ? Est-ce que vous n’en avez pas un peu trop fait avec votre fils ?
Mais non ! C’est vrai qu’il a eu cinq ministères et qu'on l’appelait ironiquement « le ministre de la Terre et du Ciel ». Mais a-t-il commis des fautes ? Est-il poursuivi pour un détournement quelconque ? Non. On lui attribue des banques, on lui attribue des immeubles, on lui attribue des sociétés qui appartiennent à d’autres. On en conclut donc que c’est un procès politique. On veut probablement détruire son image et celle du père à travers lui.
Mais laisser penser aux Sénégalais qu’il allait lui succéder... Est-ce qu’il n’y a pas une erreur ? Est-ce que vous n’en avez pas trop fait ?
Ah ! Je n’ai jamais entendu qu’il était là pour succéder à son père. Il n’en a jamais été question. Après les élections, que le président a d’ailleurs reconnues dans les trois heures où il a compris qu’il avait perdu - il a félicité le futur président Macky Sall -, Karim repartait dans sa banque, rejoindre sa famille.
Vous n'avez donc aucun regret ?
On ne peut pas passer sa vie à avoir des regrets, autrement on passe sa vie à surmonter. Cette longue vie avec Abdoulaye Wade, plus de 50 ans de vie commune, m’a appris que l’on réussit sa vie que lorsqu’on a surmonté les difficultés. Et je pense que nous allons surmonter aussi cette difficulté.