Dans les replis dakarois, une agglomération perdue entre mer et luxe : les Almadies. La pointe des Almadies est un cap rocheux situé au nord-ouest de la presqu’île du Cap-Vert. Elle constitue le point le plus à l’ouest du continent africain. Son appellation a pour origine le mot « almadia » lui-même d’origine arabe (EL Mahdi). La pointe est protégée par une barrière de rochers. Ces récifs à fleur d’eau sont connus sous le nom de Chaussée des Almadies. Un phare alerte les bateaux, de nombreuses épaves témoignent des drames écologiques du passé. Cet espace géographique est pour l’essentiel rattaché à la commune de Ngor.
Dans ce coin en retrait de la capitale, vivent les « oubliés aisés ». Le paysage des Almadies offre deux dualités remarquables : d’une part, les lieux inspirent un profond désir de réclusion. D’autre part, un véritable esprit communautaire cohabitant avec la méfiance de l’inconnu et la tentation de l’ouverture. Ici, en effet, des gardes sont postés devant toutes les demeures. Ils veillent au grain et se lèvent à la moindre suspicion. D’ailleurs certains n’hésitent pas demander à clairement aux visiteurs « incongrus » de quitter les alentours si toutefois ils s’aventurent à roder trop près de la maison qu’ils sont chargés de surveiller. Normal, nous dit-on ! Les privilégiés, ceux qui sont nés avec une cuillère en or dans la bouche, habitent les lieux ; les plus pugnaces aussi. « Self made men » de leur état, ils ont su se faire une place au soleil. Source ou preuve de leur réussite sociale, ils n’hésitent pas à s’installer dans la zone huppée des Almadies, manière de démontrer leur triomphe social. Ils ont pris leur revanche sur la vie et tiennent à le montrer à qui veut le savoir. Ils songent à l’amélioration de leur confort et s’offrent un nouveau standing de vie, envoient leurs enfants à l’école privée, agrandissent leur maison sur un terrain des Almadies chèrement acquis. Pour qualifier cette « strate sociale », les économistes parlent de « la nouvelle prospérité ». Toute la promesse de leur débouché tient à la multiplication de leur capacité de consommation qui crée au bout du compte une nouvelle classe dynamique. Parmi les nouveaux riches figure un homme que nous nommerons Abdou. Une ascension sociale fulgurante qui s’est effectuée en un temps record lui a permis de s’offrir une demeure de choix sur les lieux. Le gardien posté à l’entrée qui assure avoir fait connaissance avec ce nouveau nanti du temps où il n’était pas encore « riche », témoigne. « La réussite sociale de celui qui fait aujourd’hui office de mon patron s’est réalisée en l’espace de huit ans pas plus », assure-t-il. Quelques années en arrière, on habitait ensemble la banlieue ; il fréquentait assidûment ma maison, poursuit-il. Il habite cette maison depuis trois ans, selon le vigile, qui dit avoir été engagé par les soins de son ex-voisin de fortune devenu tout d’un coup riche.
Almadies conserve le charme d’une cité de nantis, aux revenus conséquents. On dirait un décor de film Hollywoodien. Les Almadies de Dakar offrent un paysage digne des plus grandes villes du monde. Ici, luxe et aisance sautent à l’œil nu, avec ses immenses maisons alignées au cordeau, peintes en blanc la plupart du temps. Les balcons et des toits en tuiles offrent un spectacle déroutant qui se propose à la vue émerveillée des passants. Ici, la majesté s’est érigée en règle et les habitations font rêver. De solides bolides garés un peu partout aux seuils des maisons viennent, si besoin, confirmer les conditions de revenus conséquents des propriétaires de ces lieux. Une ribambelle de somptueuses maisons taquinent le ciel bleu. Mais ce n’est que la partie immergée de l’iceberg : tout au long s’offre à la vue des plus curieux une plage aux vagues raisonnables, à la brise époustouflante, où des restaurants sont venus s’installer au grand bonheur des touristes, qui s’offrent des parties de dégustation de grillades de poissons. Timidement, quelques danseurs qui ressemblent à des ressortissants américains, encore pris par la boisson, la joue gonflée, tournoient autour d’un café. Almadies, c’est aussi une métropole où se côtoient toutes les nationalités. Marc, 25 ans, est serveur dans un restaurant huppé des Almadies. Il témoigne : « Ici nous recevons des individus issus de toutes les parties du monde. Des Américains, des Européens, des Africains, des Arabes et des Asiatiques, tous passent et repassent le plus souvent », assure-t-il. Selon lui, la plupart des clients viennent pour prendre un café, mais d’autre viennent pour discuter affaires, car l’endroit serait propice à cela.
Grandeur et décadence
Grandeur et décadence, prestige et ténèbres, nimbent d’un voile quasi mythique ce quartier résidentiel, redevenu accessible après des décennies d’isolement. Ici règne un étonnant sentiment de calme, de vie au ralenti d’une part et, d’autre part, le charme désuet d’un décor de film d’époque. Les Almadies comptent également des maisons en sentier, que des personnes aux revenus faibles ont fini de squatter, y élisant demeure, la plupart du temps. Ces multiples influences charrient, surtout, d’une identité variée. Il se dégage l’incroyable contraste entre le raffinement des demeures et les conditions matérielles extrêmement dures de certaines personnes qui ont fini par occuper ces maisons en devenir. C’est le cas de cette famille composée d’un père, d’une mère et de leurs deux rejetons. Le père de famille se nomme Alpha. Il est ressortissant guinéen. Il conte les circonstances qui ont fini par le faire atterrir aux Almadies dans une maison en chantier. « Auparavant, j’avais juste une chambre dans le quartier de Grand Yoff. Tous les jours je venais aux Almadies pour travailler comme main-d’œuvre dans les sentiers de construction. De fil en aiguille, j’ai noué des contacts avec des maçons, ensuite les entrepreneurs et j’en suis arrivé à connaitre certains propriétaires de ces maisons en construction. C’est ainsi qu’un d’entre eux qui n’a pas encore finalisé son sentier m’a proposé de venir vivre ici pour surveiller le bâtiment », confie-t-il. Ce choix porté en sa personne sonne comme une aubaine pour Alpha qui se voit départir des frais de location qui, dit-il, il mettait parfois du temps à honorer.
En dix ans, une nouvelle répartition géographique de la richesse s’est cependant progressivement mise en place. Et dans ce mouvement de balancier de la prospérité, Almadies n’est point resté indifférent. A l’extrême de la localité, juste avant la mer, une odeur de brûlé s’échappe d’un fourneau posé sur le coin d’une table. Des gargotes sont étendues. A l’entrée, un morceau de tissu fait office de rideau. Des bols sont entassés. Des œufs bouillis, des frites et des brochettes de viande sont servis… La clientèle a l’embarras du choix. Une variété de plats est proposée aux consommateurs qui ont l’embarras du choix. Ces plats, prêts à la consommation, tirent leur particularité du fait qu’ils sont à la portée de toutes les bourses. Ce phénomène existe depuis un bon nombre d’année, toutefois il était jusqu’ici l’apanage des banlieues et des zones privilégiés de retrouvailles telles que les garages d’automobiles, les marchés populaires et autres. Aujourd’hui, il s’exporte jusqu’à l’endroit réputé être celui des nantis du Sénégal.
Refuge de nouveaux riches
La ville des Almadies demeure l’énigme des mille et un paradoxes à cause de la différence du niveau de vie de ses habitants. Des riches cohabitent avec des individus que la pauvreté enserre dans ses mailles. Ils habitent des bâtiments en construction, dont les propriétaires leur confient la surveillance. Chacun y gagne. Les occupants de circonstance pourront, au cours de leur séjour, crécher dans ses bâtisses. Tandis que les prioritaires voient assurer la surveillance de leur sentier en cours, avant que celui-ci ne devienne un dépôt d’ordures.
Derrière son image de destination des privilégiés, Almadies cache une incroyable diversité. Défiguré par une urbanisation incontrôlée, rongé par une arrivée de tout ordre, saigné par la spéculation immobilière, Almadies ne serait-elle pas en train de perdre son lustre d’antan ?
Une surprenante somme de somptueuses villas s’ajoute à un décor de maisons en sentier, lui conférant un paysage qui se cantonne à l’ordinaire. Des bars pullulent tous azimuts. Almadies est bien une destination pour les noctambules. Des boîtes de nuit ultra-chics, aux soirées underground en passant par la version Mbalax, Almadies est en tout point de vue un centre de fête ; peu importe l’heure.
Comme chaque année, le classement des plus grosses fortunes de la planète apporte immanquablement son lot de commentaires plus ou moins inspirés ; les uns pour critiquer des niveaux de richesse qui friseraient l’indécence, au regard des difficultés et de la pauvreté du plus grand nombre, les autres pour encenser le triomphe rémunérateur. Almadies reflète de nos jours ce contraste. De grandes villas ayant toutes les commodités requises fleurettent avec ces villas en éternel sentier.
L’hôtel King Fahd Palace, ex-Méridien Président, se dresse dans le paysage huppé des Almadies. Il jouit du standing de cinq étoiles. Un confort inouï y règne. L’endroit accueille les plus grandes rencontres qu’abrite le Sénégal. Ici, le luxe frise même l’insolence. Le choix porté sur les Almadies pour accueillir un tel édifice ne relève point du hasard. A ceux qui seraient tentés de l’oublier, Almadies a longtemps fait rêver. King Fahd Palace en est une preuve patente.
Un prix immobilier variable
Pendant des années, les prix de l’immobilier ont progressé à un rythme deux fois plus rapide. C’est bien la preuve que les prix sont déconnectés de la réalité du marché. Ils ne sont pas standards et varient selon des données non objectives, note Amadou Gueye qui travaille dans une agence immobilière basée aux Almadies. A titre d’exemple, il cite un appartement de 3 chambres et un salon loué à 480.000 FCfa le mois. Ceci peut constituer, selon lui, une aubaine au vue des prix pratiqués la plupart du temps. Dans la même agglomération, un autre apertement de 3 chambres et de 2 salons est cédé à 350.000 FCfa le mois. Un autre appartement de 4 pièces est cédé à 650.000 FCfa le mois.
Aucun facteur objectif ne peut expliquer la montée ou la baisse des prix : les gens ont compris cela, certains préfèrent donc attendre de tomber sur une bonne affaire pour sauter dessus, note l’agent immobilier. Beaucoup d’investisseurs se sont progressivement rués vers le marché immobilier, qui connaît un véritable engouement. «Cette donne est a permis aux banques d’utiliser toutes sortes de techniques de solvabilité: prêts à taux variables, augmentation de la durée du crédit», explique Amadou Guèye. Par ailleurs, le crédit immobilier est devenu pour les établissements financiers un produit d’appel pour vendre d’autres produits, si bien qu’ils exigent moins de rentabilité et baissent les taux d’intérêt. L’immobilier demeure un bon investissement pour se protéger de l’inflation qui règne à tout va.
CES FÊTARDS QUI SQUATTENT LES ALMADIES
Le quartier huppé des Almadies, qui était un coin tranquille pour riches, abrite de plus en plus de boites de nuit, de restaurants, d’auberges de tout ordre. Ce naguère paisible coin de Dakar est devenu un véritable centre de vie pour les fêtards noctambules. Un nombre incroyable de discothèques se superposent. Les adeptes de virées ne se privent pas de ces endroits, s’y ajoute une pléthore de bars-restaurants. L’émergence d’une classe jouissant d’une « moyenne prospérité » matérielle est en train de transformer les lieux en un point de retrouvailles privilégiées. Jeunes cadres, jeunes commerçants au confluent de leurs activités, hommes d’affaires, intermédiaires d’affaires, politiciens en devenir, sportifs et musiciens reconnus, Almadies abritent quotidiennement tout ce beau monde.
Des plans de rencontres savamment orchestrés d’avance, où chacun tire son épingle du jeu, ces nouveaux conquérants ont définitivement fini de s’abonner aux « rencontres des Almadies ». Ces habitants « de circonstance » ne regardent pas leurs dépenses en cas de coup de cœur ; le tout avec extravagance parfois.
Par Oumar BA – Le Soleil
Dans ce coin en retrait de la capitale, vivent les « oubliés aisés ». Le paysage des Almadies offre deux dualités remarquables : d’une part, les lieux inspirent un profond désir de réclusion. D’autre part, un véritable esprit communautaire cohabitant avec la méfiance de l’inconnu et la tentation de l’ouverture. Ici, en effet, des gardes sont postés devant toutes les demeures. Ils veillent au grain et se lèvent à la moindre suspicion. D’ailleurs certains n’hésitent pas demander à clairement aux visiteurs « incongrus » de quitter les alentours si toutefois ils s’aventurent à roder trop près de la maison qu’ils sont chargés de surveiller. Normal, nous dit-on ! Les privilégiés, ceux qui sont nés avec une cuillère en or dans la bouche, habitent les lieux ; les plus pugnaces aussi. « Self made men » de leur état, ils ont su se faire une place au soleil. Source ou preuve de leur réussite sociale, ils n’hésitent pas à s’installer dans la zone huppée des Almadies, manière de démontrer leur triomphe social. Ils ont pris leur revanche sur la vie et tiennent à le montrer à qui veut le savoir. Ils songent à l’amélioration de leur confort et s’offrent un nouveau standing de vie, envoient leurs enfants à l’école privée, agrandissent leur maison sur un terrain des Almadies chèrement acquis. Pour qualifier cette « strate sociale », les économistes parlent de « la nouvelle prospérité ». Toute la promesse de leur débouché tient à la multiplication de leur capacité de consommation qui crée au bout du compte une nouvelle classe dynamique. Parmi les nouveaux riches figure un homme que nous nommerons Abdou. Une ascension sociale fulgurante qui s’est effectuée en un temps record lui a permis de s’offrir une demeure de choix sur les lieux. Le gardien posté à l’entrée qui assure avoir fait connaissance avec ce nouveau nanti du temps où il n’était pas encore « riche », témoigne. « La réussite sociale de celui qui fait aujourd’hui office de mon patron s’est réalisée en l’espace de huit ans pas plus », assure-t-il. Quelques années en arrière, on habitait ensemble la banlieue ; il fréquentait assidûment ma maison, poursuit-il. Il habite cette maison depuis trois ans, selon le vigile, qui dit avoir été engagé par les soins de son ex-voisin de fortune devenu tout d’un coup riche.
Almadies conserve le charme d’une cité de nantis, aux revenus conséquents. On dirait un décor de film Hollywoodien. Les Almadies de Dakar offrent un paysage digne des plus grandes villes du monde. Ici, luxe et aisance sautent à l’œil nu, avec ses immenses maisons alignées au cordeau, peintes en blanc la plupart du temps. Les balcons et des toits en tuiles offrent un spectacle déroutant qui se propose à la vue émerveillée des passants. Ici, la majesté s’est érigée en règle et les habitations font rêver. De solides bolides garés un peu partout aux seuils des maisons viennent, si besoin, confirmer les conditions de revenus conséquents des propriétaires de ces lieux. Une ribambelle de somptueuses maisons taquinent le ciel bleu. Mais ce n’est que la partie immergée de l’iceberg : tout au long s’offre à la vue des plus curieux une plage aux vagues raisonnables, à la brise époustouflante, où des restaurants sont venus s’installer au grand bonheur des touristes, qui s’offrent des parties de dégustation de grillades de poissons. Timidement, quelques danseurs qui ressemblent à des ressortissants américains, encore pris par la boisson, la joue gonflée, tournoient autour d’un café. Almadies, c’est aussi une métropole où se côtoient toutes les nationalités. Marc, 25 ans, est serveur dans un restaurant huppé des Almadies. Il témoigne : « Ici nous recevons des individus issus de toutes les parties du monde. Des Américains, des Européens, des Africains, des Arabes et des Asiatiques, tous passent et repassent le plus souvent », assure-t-il. Selon lui, la plupart des clients viennent pour prendre un café, mais d’autre viennent pour discuter affaires, car l’endroit serait propice à cela.
Grandeur et décadence
Grandeur et décadence, prestige et ténèbres, nimbent d’un voile quasi mythique ce quartier résidentiel, redevenu accessible après des décennies d’isolement. Ici règne un étonnant sentiment de calme, de vie au ralenti d’une part et, d’autre part, le charme désuet d’un décor de film d’époque. Les Almadies comptent également des maisons en sentier, que des personnes aux revenus faibles ont fini de squatter, y élisant demeure, la plupart du temps. Ces multiples influences charrient, surtout, d’une identité variée. Il se dégage l’incroyable contraste entre le raffinement des demeures et les conditions matérielles extrêmement dures de certaines personnes qui ont fini par occuper ces maisons en devenir. C’est le cas de cette famille composée d’un père, d’une mère et de leurs deux rejetons. Le père de famille se nomme Alpha. Il est ressortissant guinéen. Il conte les circonstances qui ont fini par le faire atterrir aux Almadies dans une maison en chantier. « Auparavant, j’avais juste une chambre dans le quartier de Grand Yoff. Tous les jours je venais aux Almadies pour travailler comme main-d’œuvre dans les sentiers de construction. De fil en aiguille, j’ai noué des contacts avec des maçons, ensuite les entrepreneurs et j’en suis arrivé à connaitre certains propriétaires de ces maisons en construction. C’est ainsi qu’un d’entre eux qui n’a pas encore finalisé son sentier m’a proposé de venir vivre ici pour surveiller le bâtiment », confie-t-il. Ce choix porté en sa personne sonne comme une aubaine pour Alpha qui se voit départir des frais de location qui, dit-il, il mettait parfois du temps à honorer.
En dix ans, une nouvelle répartition géographique de la richesse s’est cependant progressivement mise en place. Et dans ce mouvement de balancier de la prospérité, Almadies n’est point resté indifférent. A l’extrême de la localité, juste avant la mer, une odeur de brûlé s’échappe d’un fourneau posé sur le coin d’une table. Des gargotes sont étendues. A l’entrée, un morceau de tissu fait office de rideau. Des bols sont entassés. Des œufs bouillis, des frites et des brochettes de viande sont servis… La clientèle a l’embarras du choix. Une variété de plats est proposée aux consommateurs qui ont l’embarras du choix. Ces plats, prêts à la consommation, tirent leur particularité du fait qu’ils sont à la portée de toutes les bourses. Ce phénomène existe depuis un bon nombre d’année, toutefois il était jusqu’ici l’apanage des banlieues et des zones privilégiés de retrouvailles telles que les garages d’automobiles, les marchés populaires et autres. Aujourd’hui, il s’exporte jusqu’à l’endroit réputé être celui des nantis du Sénégal.
Refuge de nouveaux riches
La ville des Almadies demeure l’énigme des mille et un paradoxes à cause de la différence du niveau de vie de ses habitants. Des riches cohabitent avec des individus que la pauvreté enserre dans ses mailles. Ils habitent des bâtiments en construction, dont les propriétaires leur confient la surveillance. Chacun y gagne. Les occupants de circonstance pourront, au cours de leur séjour, crécher dans ses bâtisses. Tandis que les prioritaires voient assurer la surveillance de leur sentier en cours, avant que celui-ci ne devienne un dépôt d’ordures.
Derrière son image de destination des privilégiés, Almadies cache une incroyable diversité. Défiguré par une urbanisation incontrôlée, rongé par une arrivée de tout ordre, saigné par la spéculation immobilière, Almadies ne serait-elle pas en train de perdre son lustre d’antan ?
Une surprenante somme de somptueuses villas s’ajoute à un décor de maisons en sentier, lui conférant un paysage qui se cantonne à l’ordinaire. Des bars pullulent tous azimuts. Almadies est bien une destination pour les noctambules. Des boîtes de nuit ultra-chics, aux soirées underground en passant par la version Mbalax, Almadies est en tout point de vue un centre de fête ; peu importe l’heure.
Comme chaque année, le classement des plus grosses fortunes de la planète apporte immanquablement son lot de commentaires plus ou moins inspirés ; les uns pour critiquer des niveaux de richesse qui friseraient l’indécence, au regard des difficultés et de la pauvreté du plus grand nombre, les autres pour encenser le triomphe rémunérateur. Almadies reflète de nos jours ce contraste. De grandes villas ayant toutes les commodités requises fleurettent avec ces villas en éternel sentier.
L’hôtel King Fahd Palace, ex-Méridien Président, se dresse dans le paysage huppé des Almadies. Il jouit du standing de cinq étoiles. Un confort inouï y règne. L’endroit accueille les plus grandes rencontres qu’abrite le Sénégal. Ici, le luxe frise même l’insolence. Le choix porté sur les Almadies pour accueillir un tel édifice ne relève point du hasard. A ceux qui seraient tentés de l’oublier, Almadies a longtemps fait rêver. King Fahd Palace en est une preuve patente.
Un prix immobilier variable
Pendant des années, les prix de l’immobilier ont progressé à un rythme deux fois plus rapide. C’est bien la preuve que les prix sont déconnectés de la réalité du marché. Ils ne sont pas standards et varient selon des données non objectives, note Amadou Gueye qui travaille dans une agence immobilière basée aux Almadies. A titre d’exemple, il cite un appartement de 3 chambres et un salon loué à 480.000 FCfa le mois. Ceci peut constituer, selon lui, une aubaine au vue des prix pratiqués la plupart du temps. Dans la même agglomération, un autre apertement de 3 chambres et de 2 salons est cédé à 350.000 FCfa le mois. Un autre appartement de 4 pièces est cédé à 650.000 FCfa le mois.
Aucun facteur objectif ne peut expliquer la montée ou la baisse des prix : les gens ont compris cela, certains préfèrent donc attendre de tomber sur une bonne affaire pour sauter dessus, note l’agent immobilier. Beaucoup d’investisseurs se sont progressivement rués vers le marché immobilier, qui connaît un véritable engouement. «Cette donne est a permis aux banques d’utiliser toutes sortes de techniques de solvabilité: prêts à taux variables, augmentation de la durée du crédit», explique Amadou Guèye. Par ailleurs, le crédit immobilier est devenu pour les établissements financiers un produit d’appel pour vendre d’autres produits, si bien qu’ils exigent moins de rentabilité et baissent les taux d’intérêt. L’immobilier demeure un bon investissement pour se protéger de l’inflation qui règne à tout va.
CES FÊTARDS QUI SQUATTENT LES ALMADIES
Le quartier huppé des Almadies, qui était un coin tranquille pour riches, abrite de plus en plus de boites de nuit, de restaurants, d’auberges de tout ordre. Ce naguère paisible coin de Dakar est devenu un véritable centre de vie pour les fêtards noctambules. Un nombre incroyable de discothèques se superposent. Les adeptes de virées ne se privent pas de ces endroits, s’y ajoute une pléthore de bars-restaurants. L’émergence d’une classe jouissant d’une « moyenne prospérité » matérielle est en train de transformer les lieux en un point de retrouvailles privilégiées. Jeunes cadres, jeunes commerçants au confluent de leurs activités, hommes d’affaires, intermédiaires d’affaires, politiciens en devenir, sportifs et musiciens reconnus, Almadies abritent quotidiennement tout ce beau monde.
Des plans de rencontres savamment orchestrés d’avance, où chacun tire son épingle du jeu, ces nouveaux conquérants ont définitivement fini de s’abonner aux « rencontres des Almadies ». Ces habitants « de circonstance » ne regardent pas leurs dépenses en cas de coup de cœur ; le tout avec extravagance parfois.
Par Oumar BA – Le Soleil