A 18 ans, le garçon fait l’actu. Garçon calme, élève assidu, Saër Kébé est aujourd’hui en prison pour avoir menacé les Etats-Unis d’attentats via un post sur la page facebook de l’ambassade américaine à Dakar. L’Obs a rencontré sa famille et quelques-uns de ses camarades de classe au lycée Demba Diop de Mbour.
En cherchant un instant de gloire, Saër Kébé a récolté le buzz. L’interpellation, l’audition… puis, la prison. Elève en classe de Terminale S au Lycée Demba Diop de Mbour, le garçon, souteneur confirmé de la cause palestinienne, a eu l’outrecuidance de faire un post sur la page facebook de l’ambassade des Etats-Unis à Dakar. Un message de quelques lignes, mais au ton menaçant, dans lequel il dénonce le soutien des «Yankees» à Israël et annonce de prochaines représailles contre la première puissance militaire du monde. Un jeu, selon ses proches, qui a vite pris les allures d’une affaire d’Etat. Mais qui a surtout envoyé ce garçon de 18 ans, à peine sorti de la puberté, au-devant des projecteurs. Mais qui est-ce Saër Kébé ? Est-il le seul et unique responsable de son acte ? Fréquentait-il des milieux ultra-religieux ? Qu’est-ce qui l’a pris pour faire un tel post sur la page facebook de l’ambassade des Usa au Sénégal ? Si pour le moment rien de vraiment révélateur sur son acte n’a filtré de son face-face avec les enquêteurs, ses parents, amis et camarades de classe tentent, à force de témoignages, parfois partisans, de dresser le portrait de ce jeune présumé terroriste que rien ne lierait aux Djihadistes.
Orphelin à 7 ans
Né à Dakar il y a 18 ans, Saër Kébé est éduqué par sa grand-mère, Fatou Sèye. Orphelin à 7 ans («sa maman est décédée dans un accident de voiture»), il a rejoint sa mémé à Mbour, ainsi que ses trois sœurs. Le quartette forme une belle famille, avec Saër comme le jeune chef d’orchestre, chouchou de sa mamy. «Saër a toujours été un garçon exemplaire, très respectueux de sa famille», a témoigné, d’emblée, sa grand-mère. Avant de prendre la défense de son petit-fils, la mort dans l’âme : «Tout ce dont on l’accuse est faux. Il n’y est pour rien. Saër est victime de son innocence. Faites le tour du quartier, allez à la mosquée, tout le monde vous dira la même chose.» Que Saër est d’une belle politesse et d’une grande piété. «Saër ne peut même pas tuer un poulet, a fortiori commettre un attentat», s’est presque fondue en larmes Arame Ngom, épouse de son oncle maternel. La bonne dame, qui a vu grandir le petit Saër, jure sur le Saint Coran que son neveu est innocent. D’ailleurs, confie-t-elle : «Saër n’a aucune fréquentation. Il ne sort presque jamais de la maison, si ce n’est pour aller à l’école. Son principal hobby, c’est le foot. Il peut passer des heures devant la télé à suivre des matchs. Mais aussi à lire le Coran traduit en français. Saër a le respect de toute la famille. Il est le seul garçon à qui l’on garde son plat quand il est absent de la maison à l’heure des repas. Tout cela pour vous dire comment il est respectueux et respecté.» Son dada donc, c’est la prière et l’école. «Il se lève tous les jours à l’aube pour faire ses prières. Et nous ne l’avons jamais entendu parler de Djihad avec qui que ce soit.» Triste vérité ou simple plaidoirie pour disculper quelqu’un en maille à partir avec la justice ? En tout cas…
Un malade à Rebeuss
Touchée par ce qui arrive à son petit-fils, la grand-mère qui ne tarit pas d’éloges sur son Saër, n’a pas manqué d’informer sur l’état de santé de son «trésor». Elle dit, comme une mise en garde : «Saër est malade. Il faut que les gens le sachent. Il est en proie à des crises causées par d’atroces maux de tête et des douleurs au niveau du cœur. La dernière fois, il a piqué une crise dans sa chambre et quand je suis venue à son secours, il se débattait comme contre la mort. J’ai tellement crié que la chambre était pleine de monde quelques minutes après. Des gens m’ont aidé à le conduire chez un guérisseur. Mais cela n’a pas eu beaucoup d’effet sur sa santé chancelante. D’ailleurs, ce n’était pas la première fois qu’il piquait une crise. La première fois, on l’avait conduit dans une clinique.» Là aussi, rien de vraiment satisfaisant. Saër a continué à souffrir. Comme sa grand-mère, aujourd’hui. «J’ai été particulièrement traumatisé par les conditions de son arrestation», glisse-t-elle, les yeux embués de larmes.
Il s’est pris dans son jeu
Cueilli à l’école avant d’être conduit chez lui pour une fouille minutieuse de sa chambre, l’arrivée mouvementée de Saër à la maison, escorté par des policiers, a presque traumatisé sa grand-mère. «Je ne pourrais jamais décrire ce que j’ai ressenti ce jour-là . D’ailleurs, je ne m’en suis jamais remise. Je vendais des cacahuètes pour nourrir la famille, mais j’ai tout abandonné. Je n’ai plus la force. Je pense tout le temps à mon petit-fils. Saër a toujours été à mes côtés pour m’aider à faire tourner mon commerce. Contrairement aux jeunes de son âge, il préférait me soutenir que d’aller jouer au foot ou faire autre chose. Aujourd’hui, je suis devenue plus malade à cause de l’arrestation de mon petit-fils. Ma tension n’arrête pas de grimper.»
Comme sa grand-mère, les camardes de classe de Saër sont, eux aussi, autant surpris et atteints. Ils n’en reviennent toujours pas. Pour eux, Saër est incapable de militer dans une organisation terroriste. Et encore comme sa grand-mère, eux aussi pointent du doigt la naïveté de Saër. Qui se serait pris à son propre jeu. Et non à son propre «Je».
(Source : L'Obbservateur)
En cherchant un instant de gloire, Saër Kébé a récolté le buzz. L’interpellation, l’audition… puis, la prison. Elève en classe de Terminale S au Lycée Demba Diop de Mbour, le garçon, souteneur confirmé de la cause palestinienne, a eu l’outrecuidance de faire un post sur la page facebook de l’ambassade des Etats-Unis à Dakar. Un message de quelques lignes, mais au ton menaçant, dans lequel il dénonce le soutien des «Yankees» à Israël et annonce de prochaines représailles contre la première puissance militaire du monde. Un jeu, selon ses proches, qui a vite pris les allures d’une affaire d’Etat. Mais qui a surtout envoyé ce garçon de 18 ans, à peine sorti de la puberté, au-devant des projecteurs. Mais qui est-ce Saër Kébé ? Est-il le seul et unique responsable de son acte ? Fréquentait-il des milieux ultra-religieux ? Qu’est-ce qui l’a pris pour faire un tel post sur la page facebook de l’ambassade des Usa au Sénégal ? Si pour le moment rien de vraiment révélateur sur son acte n’a filtré de son face-face avec les enquêteurs, ses parents, amis et camarades de classe tentent, à force de témoignages, parfois partisans, de dresser le portrait de ce jeune présumé terroriste que rien ne lierait aux Djihadistes.
Orphelin à 7 ans
Né à Dakar il y a 18 ans, Saër Kébé est éduqué par sa grand-mère, Fatou Sèye. Orphelin à 7 ans («sa maman est décédée dans un accident de voiture»), il a rejoint sa mémé à Mbour, ainsi que ses trois sœurs. Le quartette forme une belle famille, avec Saër comme le jeune chef d’orchestre, chouchou de sa mamy. «Saër a toujours été un garçon exemplaire, très respectueux de sa famille», a témoigné, d’emblée, sa grand-mère. Avant de prendre la défense de son petit-fils, la mort dans l’âme : «Tout ce dont on l’accuse est faux. Il n’y est pour rien. Saër est victime de son innocence. Faites le tour du quartier, allez à la mosquée, tout le monde vous dira la même chose.» Que Saër est d’une belle politesse et d’une grande piété. «Saër ne peut même pas tuer un poulet, a fortiori commettre un attentat», s’est presque fondue en larmes Arame Ngom, épouse de son oncle maternel. La bonne dame, qui a vu grandir le petit Saër, jure sur le Saint Coran que son neveu est innocent. D’ailleurs, confie-t-elle : «Saër n’a aucune fréquentation. Il ne sort presque jamais de la maison, si ce n’est pour aller à l’école. Son principal hobby, c’est le foot. Il peut passer des heures devant la télé à suivre des matchs. Mais aussi à lire le Coran traduit en français. Saër a le respect de toute la famille. Il est le seul garçon à qui l’on garde son plat quand il est absent de la maison à l’heure des repas. Tout cela pour vous dire comment il est respectueux et respecté.» Son dada donc, c’est la prière et l’école. «Il se lève tous les jours à l’aube pour faire ses prières. Et nous ne l’avons jamais entendu parler de Djihad avec qui que ce soit.» Triste vérité ou simple plaidoirie pour disculper quelqu’un en maille à partir avec la justice ? En tout cas…
Un malade à Rebeuss
Touchée par ce qui arrive à son petit-fils, la grand-mère qui ne tarit pas d’éloges sur son Saër, n’a pas manqué d’informer sur l’état de santé de son «trésor». Elle dit, comme une mise en garde : «Saër est malade. Il faut que les gens le sachent. Il est en proie à des crises causées par d’atroces maux de tête et des douleurs au niveau du cœur. La dernière fois, il a piqué une crise dans sa chambre et quand je suis venue à son secours, il se débattait comme contre la mort. J’ai tellement crié que la chambre était pleine de monde quelques minutes après. Des gens m’ont aidé à le conduire chez un guérisseur. Mais cela n’a pas eu beaucoup d’effet sur sa santé chancelante. D’ailleurs, ce n’était pas la première fois qu’il piquait une crise. La première fois, on l’avait conduit dans une clinique.» Là aussi, rien de vraiment satisfaisant. Saër a continué à souffrir. Comme sa grand-mère, aujourd’hui. «J’ai été particulièrement traumatisé par les conditions de son arrestation», glisse-t-elle, les yeux embués de larmes.
Il s’est pris dans son jeu
Cueilli à l’école avant d’être conduit chez lui pour une fouille minutieuse de sa chambre, l’arrivée mouvementée de Saër à la maison, escorté par des policiers, a presque traumatisé sa grand-mère. «Je ne pourrais jamais décrire ce que j’ai ressenti ce jour-là . D’ailleurs, je ne m’en suis jamais remise. Je vendais des cacahuètes pour nourrir la famille, mais j’ai tout abandonné. Je n’ai plus la force. Je pense tout le temps à mon petit-fils. Saër a toujours été à mes côtés pour m’aider à faire tourner mon commerce. Contrairement aux jeunes de son âge, il préférait me soutenir que d’aller jouer au foot ou faire autre chose. Aujourd’hui, je suis devenue plus malade à cause de l’arrestation de mon petit-fils. Ma tension n’arrête pas de grimper.»
Comme sa grand-mère, les camardes de classe de Saër sont, eux aussi, autant surpris et atteints. Ils n’en reviennent toujours pas. Pour eux, Saër est incapable de militer dans une organisation terroriste. Et encore comme sa grand-mère, eux aussi pointent du doigt la naïveté de Saër. Qui se serait pris à son propre jeu. Et non à son propre «Je».
(Source : L'Obbservateur)