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Khalifa Sall et Cie : Ce que révèlent les Procès-verbaux


Rédigé le Vendredi 8 Décembre 2017 à 15:51 | Lu 71 fois | 0 commentaire(s)



Le doyen des juges a rejeté hier la demande de cautionnement introduite par la défense de Khalifa Sall. En même temps, il a renvoyé le maire de Dakar et Cie devant le tribunal correctionnel. Le secret qui entourait l’instruction n’étant plus à l’ordre du jour, Libération révèle le contenu des procès-verbaux.


Khalifa Sall et Cie : Ce que révèlent les Procès-verbaux
« Je ne me rappelle plus du paiement de ce treizième mois », c’est que le maire de Dakar a répondu au doyen des juges dans le secret de son cabinet le 17 mars 2017, à 15 heures 7 minutes. Auparavant, le magistrat avait posé une question subtile à Khalifa Sall : « les fonds que vous appelez fonds politiques étaient disponibles pour combien de mois dans l’année ? » 

Khalifa Sall : « Je ne me rappelle plus de ce treizième mois » 

Réponse du maire de Dakar « c’était mis à ma disposition pour les 12 mois de l’année correspondant à l’inscription budgétaire ». Le magistrat enchaîne : « les enquêteurs ont révélé le paiement d’un treizième mois dans le courant de l’année 2013.Qu'en dites-vous ? » Ambiance… 

Auparavant, l’édile de la capitale a persisté et signé que les fonds que lui remettait son directeur Administratif et financier(DAF), Mbaye Touré, étaient des fonds politiques. 

« Il s’agissait de fonds politiques, le maire les utilisait de façon discrétionnaire au profit des administrations, institutions, populations démunies et nécessiteuse. Je n’ai jamais utilisé les fonds politiques à des fins personnelles. » 

Amadou Moctar Diaw : « le procédé était le même avec Pape Diop » 

Le même jour, le doyen des juges interroge Amadou Diop, le coordonnateur de l’Inspection générale des services municipaux. Il se confesse : « Oui, j’ai signé les procès-verbaux de réception mais nous n’avons jamais réceptionné du riz ou du mil. J’ai signé parce que cela répondait à des préoccupations d’ordre comptable. (…).C'est pour régulariser une situation de fait, parce que la caisse d’avance est conçue pour des dépenses urgentes, des menues dépenses qui correspondent à des situations urgentes et imprévisibles et la justification se fait a posteriori des dépenses? Cétait le même procédé avec le maire Pape Diop ». 

« Pris » à son tour par le doyen des juges, Yaya Bodian, le chef du bureau du budget de la ville de Dakar révèle : « il m’est arrivé de faire des démarches tendant à me procurer des factures ». Le magistrat Samba Sall lui demande pourquoi il s’est procuré des entêtes de facture du « Gié Tabaar ». Yaya répond : « c’est mon chef de service Mbaye Touré qui m’avait demandé de rapprocher de son assistante Fatou Traoré; pour qu’elle nous prête l’entête du Gie de son frère, en vue de justifier les dépenses de la caisse d’avance. Je remplissais les factures en y mettant du riz et du mil d’une valeur égale à celle autorisée par la caisse d’avance. 

Ensuite, je présentais à Fatou Traoré pour signature et apposition du cachet du Gie. Par la suite, elle m’a remis le cachet et mensuellement, j'établissais les factures que je visais moi-même. En remplissant les factures qui ne correspondaient à aucune livraison, je n’étais pas conscient d’être en train de commettre du faux. Je n’avais aucune intention malveillante. 
» 

Fatou Traore : « J’ai simplement prêté l’entête du Gie. » 

Fatou Traoré ne dit pas le contraire. A la question du juge à savoir pourquoi elle a accepté de signer les factures qui ne correspondent à aucune fourniture de riz ou de mil, elle avoue ses regrets « Je n’avais jamais réfléchi à ça. J’ai simplement prêté l’entête sans arrière-pensée ». 

Pourtant, quelques heures plus tard, le percepteur municipal allait faire une déclaration fracassante devant le juge. Ibrahima Touré, inculpé mais libre, est interrogé par Samba Sall, qui lui demande si la caisse d’avance est assimilable à des fonds politique. Sa réponse est claire : « l’arrêté municipal instituant la caisse d’avance de la ville de Dakar l’a bien intitulé : Caisse d’avance. Pour moi, c’est une caisse d’avance. » 

Il répète les mêmes déclarations devant Mbaye Touré, qui semble surpris : «Du point de vue budgétaire, on ne peut parler ni de caisse d’avance ni de fonds politiques. Ces fonds sont inscrits dans le compte 6490 intitulé : « Dépenses diverses », dans le chapitre du cabinet du maire ». 

Abdoulaye Diagne : « Avant le passage de l’Ige, il n’y avait pas de commission de réception » 

Vingt-quatre heures avant, c’est Abdoulaye Diagne, le comptable matière de la ville de Dakar qui était entendu comme témoin, qui va faire d’autres révélations. « Je n’ai jamais reçu une telle quantité de riz ou de mil ou de mil dans nos magasins. Avant le passage de l’Ige, il n’y avait pas de commission de réception je recevais la livraison directement des fournisseurs en présence du représentant de l’inspection générale des services municipaux dirigée par Amadou Moctar Diop. 

Pour ma gouverne, je faisais appel à un technicien approprié pour assister à la réception et lorsqu’il n’y avait aucune observation, je signais le bordereau de livraison que je transmettais avec la facture à la DAF, dirigé par Mbaye Touré. C’est à ce niveau que le procès-verbal de réception était confectionné mais j’ignore comment puisque je n’en étais pas consignataire. 
» 

Ibrahima Yatma Diaw : « Non, il n’y avait pas de riz ou de mil mais j’ai signé… » 

Et qu’en pense Ibrahima Yatma Diaw, le chef de la division financière et comptable de la ville de 2002 à nos jours ? A la question du juge à savoir s’il a une seule fois réceptionné du riz ou du mil, il informe : « Non mais j’ai signé pendant toutes ces périodes des procès-verbaux de réception de 15 tonnes de riz ou du mil mensuellement, dans le cadre d’un mécanisme de régularisation comptable des fonds politiques ». 

A la question du magistrat à savoir s’il était sûr que la caisse d’avance relevait de fonds politiques, il semble nuancer : « J’avais la conviction que c’étaient des fonds politiques du point de vue de son fonctionnement, de son montant et de son histoire ». 

Le maire de Dakar : « De toute ma vie et de toute ma carrière. C’est la première fois que je fais l’objet d’une accusation aussi calomnieuse » 

Le 23 mars, Khalifa Sall refait encore face au juge qui lui rappelle qu’il est accusé d’avoir détourné en toute connaissance, la somme de 1,830 milliards de francs CFA. Le maire de Dakar voit rouge : « De toute ma vie et de toute ma carrière, c’est la première fois je fais l’objet d’une accusation aussi calomnieuse. En servant l’Etat, j’ai toujours été respectueux de la loi et des règlements. (…) Je ne suis pas un homme d’argent et tous les Sénégalais connaissent mon train de vie et mes moyens de vie »? 

N’empêche même jour, à 11 heures 7 minutes, le maire de Dakar est confronté à Mbaye Touré dans le bureau du doyen des juges. A la question du juge à savoir s’il confirme ses déclarations, ce dernier affirme : « Oui, je confirme que je remettais les fonds propres au maire Khalifa Sall ». 

Interpellé, le maire dit : « Je confirme mes déclarations selon lesquelles les fonds étaient mis à ma disposition par le DAF Mbaye Touré ». Le juge : « le problème est de savoir si les fonds étaient remis à votre disposition en mains propre ou autrement ». Khalifa Sall : « je confirme que les fonds étaient mis à ma disposition par Mbaye Touré ». 

Le magistrat demande son greffier de constater que Khalifa Sall refuse de répondre à la question. 





Libération


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