Édouard Bissau est-il victime d’une “loi populiste’’, comme le prétendent ses avocats ? En tout cas, ces derniers semblent convaincus que leur client est détenu injustement pour des faits qui lui sont étrangers.
En effet, deux mois après la criminalisation du viol en 2020, Édouard Bissau, qui était alors âgé de 27 ans, a été placé sous mandat de dépôt pour ce crime et aussi pour d’autres chefs tels que la pédophilie et le détournement de mineure. Des faits qu’il a toujours contestés d’ailleurs. Le jeune homme, qui venait à peine de trouver un travail bien rémunéré dans une structure de la place, s’est retrouvé dans le pétrin à cause de la mineure Y. M. Traoré qui avait 15 ans au moment des faits.
Il ressort de la procédure que la dame Aïssatou Sylla avait remarqué, à son réveil, l’absence de sa fille. Au bout de 48 heures, elle décide d’aller chercher des éléments de réponse dans son établissement. Là -bas, elle apprend que sa fille était chez le nommé Édouard où elle a passé les deux nuits
C’est ainsi qu’Aïssatou Sylla, désemparée, dépose une plainte à la Section de recherches. Après 15 jours, les flics parviennent à avoir le numéro d’Édouard qui a été daredare convoqué.
Si, dans le procès-verbal (PV) d’enquête, il est consigné que ce dernier a reconnu avoir entretenu, à deux reprises, des relations sexuelles avec la mineure qu’il a hébergée, le mis en cause a refusé de signer le document clamant son innocence. Il a persisté dans ses dénégations jusque devant le magistrat instructeur
Appelé hier à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar, Édouard Bissau a campé sur sa position. Estimant être détenu à tort, il reconnaît connaître la mineure qui était la petite amie d’un de ses colocataires, Moubarak.
A l’en croire, il n’a jamais reçu la fille chez lui. “Je la connais à peine. J’ai fait sa connaissance par le biais d’un ami, Moubarak. Ce dernier était mon colocataire. Souvent, quand il voulait contacter la fille, il utilisait mon téléphone, car j’avais constamment des unités. Un jour, Y. M. Traoré, qui avait mémorisé mon numéro, m’a appelé tard dans la soirée. C’était aux environs de 23 h.
Quand j’ai décroché, elle a insisté pour que je vienne pour qu’on se voie. Je me suis levé et habillé en tenue correcte. Je suis descendu de chez moi, car on s’était donné rendez-vous au rez-de-chaussée. À peine sorti, je l’ai aperçu avec un jeune homme vêtu de noir. Elle m’a dit qu’elle était partie à une soirée et qu’elle a vu que la porte de sa maison était fermée. Je suis allé là -bas pour vérifier et effectivement, elle avait raison. Elle m’a demandé de la conduire chez son grand frère, mais j’ai refusé, car je devais me rendre au boulot très tôt. Depuis lors, je ne l’ai plus revue’’, a narré Édouard
Poursuivant son propos, il renseigne : “Deux semaines plus tard, quand je me suis rendu aux Impôts et domaines de la foire, j’ai reçu un appel d’un agent de la Section de recherches qui m’a intimé l’ordre de venir les rejoindre. A 15 h, je me suis rendu à la Section de recherches. C’était une journée morte pour moi, car j’avais laissé mon travail de côté. Je suis resté là -bas jusqu’à 18 h. J’ai retrouvé Y. M. Traoré et sa mère sur place. Ces dernières ont été auditionnées et moi non. Après, on m’a demandé de partir pour revenir le lendemain très tôt. Quand le commandant m’a demandé si je reconnaissais la fille, je lui ai dit oui. Quand il m’a demandé si elle a passé la nuit chez moi, j’ai dit non.’’
La mineure n’a pas déféré à la convocation du tribunal, car ayant fugué
Entendue à son tour, Aïssatou Sylla, mère d’Y. M. Traoré, révèle que sa fille a fugué depuis le mois de mars 2022. Ce qui explique son absence hier lors du procès de son présumé bourreau. Dans le désarroi, elle reconnaît que sa fille est ingérable.
“Elle est la seule à être comme ça. Elle est la cadette. J’ai quatre autres filles qui ont toutes des comportements exemplaires. Depuis cette affaire, elle ne cesse de découcher’’, s’est-elle confiée. Admettant que la moralité de sa fille n’est pas des meilleures, elle a imploré la clémence du tribunal pour le comparant.
“J’ai tout fait pour la redresser. Je l’ai frappée, je l’ai punie. Quand ses proches sont venus pour trouver une issue favorable, je leur ai dit que je n’y peux rien’’, a-t-elle martelé avant de dire qu’elle ne réclame pas de dédommagement
Mais le maître des poursuites n’est pas de son avis. Selon le magistrat du parquet, cette affaire, c’est entre le ministère public et Édouard Bissau. “Ses fugues et sa moralité ne nous intéressent pas’’, a souligné le substitut du procureur de la République qui a requis 10 ans de réclusion criminelle contre l’accusé. D’après lui, tous les faits sont constants. Ce, même si un certificat médical pouvant attester du viol n’a pas été versé dans le dossier.
Réquisitoire qui n’a pas été conforté par les avocats de la défense qui ont, à l’unanimité, sollicité l’acquittement d’Édouard Bissau.
“Même avec l’absence d’un certificat médical, le parquet reste convaincu que le crime est établi. Aucune plainte contre Édouard n’a été déposée. C’est suite à des recherches tumultueuses de 15 jours que mon client a été arrêté. Tout ce que la fille a déclaré à l’enquête n’est pas vrai. Elle a menti. Le tribunal a son intime conviction, mais cette conviction doit être basée sur des éléments objectifs.
Rien ne prouve qu’il y ait eu rapport sexuel. On ne peut pas condamner quelqu’un à 10 ans sans preuve. Ici, c’est déclaration contre déclaration. Au moins, mon client a refusé de signer le PV parce qu’on lui a prêté des propos qu’il n’a pas tenus’’, a plaidé Me El Hadj Dièye, un des avocats du comparant
Sensible à la détresse de la mère de la mineure, son collègue Me Diop déclare : “Ce qui arrive à la mère de la mineure peut arriver à tout le monde. Je comprends son désarroi. Elle qui a tout fait pour inculquer à sa fille une bonne éducation. Malheureusement, celle-ci a choisi une autre voie. Si j’ai une chose à dire à la dame, c’est d’aller chercher sa fille.’’
Par ailleurs, la robe noire souligne des incohérences dans le dossier. “Comment peut-on juger un viol avec simplement des déclarations ? Elle dit juste qu’elle a été forcée par l’accusé. Il a fait deux ans et six mois de détention préventive, alors qu’il est présumé innocent’’, a renchéri l’avocat. L’affaire mise en délibéré, la chambre criminelle rendra sa décision le 19 juillet prochain.
Enquête
En effet, deux mois après la criminalisation du viol en 2020, Édouard Bissau, qui était alors âgé de 27 ans, a été placé sous mandat de dépôt pour ce crime et aussi pour d’autres chefs tels que la pédophilie et le détournement de mineure. Des faits qu’il a toujours contestés d’ailleurs. Le jeune homme, qui venait à peine de trouver un travail bien rémunéré dans une structure de la place, s’est retrouvé dans le pétrin à cause de la mineure Y. M. Traoré qui avait 15 ans au moment des faits.
Il ressort de la procédure que la dame Aïssatou Sylla avait remarqué, à son réveil, l’absence de sa fille. Au bout de 48 heures, elle décide d’aller chercher des éléments de réponse dans son établissement. Là -bas, elle apprend que sa fille était chez le nommé Édouard où elle a passé les deux nuits
C’est ainsi qu’Aïssatou Sylla, désemparée, dépose une plainte à la Section de recherches. Après 15 jours, les flics parviennent à avoir le numéro d’Édouard qui a été daredare convoqué.
Si, dans le procès-verbal (PV) d’enquête, il est consigné que ce dernier a reconnu avoir entretenu, à deux reprises, des relations sexuelles avec la mineure qu’il a hébergée, le mis en cause a refusé de signer le document clamant son innocence. Il a persisté dans ses dénégations jusque devant le magistrat instructeur
Appelé hier à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar, Édouard Bissau a campé sur sa position. Estimant être détenu à tort, il reconnaît connaître la mineure qui était la petite amie d’un de ses colocataires, Moubarak.
A l’en croire, il n’a jamais reçu la fille chez lui. “Je la connais à peine. J’ai fait sa connaissance par le biais d’un ami, Moubarak. Ce dernier était mon colocataire. Souvent, quand il voulait contacter la fille, il utilisait mon téléphone, car j’avais constamment des unités. Un jour, Y. M. Traoré, qui avait mémorisé mon numéro, m’a appelé tard dans la soirée. C’était aux environs de 23 h.
Quand j’ai décroché, elle a insisté pour que je vienne pour qu’on se voie. Je me suis levé et habillé en tenue correcte. Je suis descendu de chez moi, car on s’était donné rendez-vous au rez-de-chaussée. À peine sorti, je l’ai aperçu avec un jeune homme vêtu de noir. Elle m’a dit qu’elle était partie à une soirée et qu’elle a vu que la porte de sa maison était fermée. Je suis allé là -bas pour vérifier et effectivement, elle avait raison. Elle m’a demandé de la conduire chez son grand frère, mais j’ai refusé, car je devais me rendre au boulot très tôt. Depuis lors, je ne l’ai plus revue’’, a narré Édouard
Poursuivant son propos, il renseigne : “Deux semaines plus tard, quand je me suis rendu aux Impôts et domaines de la foire, j’ai reçu un appel d’un agent de la Section de recherches qui m’a intimé l’ordre de venir les rejoindre. A 15 h, je me suis rendu à la Section de recherches. C’était une journée morte pour moi, car j’avais laissé mon travail de côté. Je suis resté là -bas jusqu’à 18 h. J’ai retrouvé Y. M. Traoré et sa mère sur place. Ces dernières ont été auditionnées et moi non. Après, on m’a demandé de partir pour revenir le lendemain très tôt. Quand le commandant m’a demandé si je reconnaissais la fille, je lui ai dit oui. Quand il m’a demandé si elle a passé la nuit chez moi, j’ai dit non.’’
La mineure n’a pas déféré à la convocation du tribunal, car ayant fugué
Entendue à son tour, Aïssatou Sylla, mère d’Y. M. Traoré, révèle que sa fille a fugué depuis le mois de mars 2022. Ce qui explique son absence hier lors du procès de son présumé bourreau. Dans le désarroi, elle reconnaît que sa fille est ingérable.
“Elle est la seule à être comme ça. Elle est la cadette. J’ai quatre autres filles qui ont toutes des comportements exemplaires. Depuis cette affaire, elle ne cesse de découcher’’, s’est-elle confiée. Admettant que la moralité de sa fille n’est pas des meilleures, elle a imploré la clémence du tribunal pour le comparant.
“J’ai tout fait pour la redresser. Je l’ai frappée, je l’ai punie. Quand ses proches sont venus pour trouver une issue favorable, je leur ai dit que je n’y peux rien’’, a-t-elle martelé avant de dire qu’elle ne réclame pas de dédommagement
Mais le maître des poursuites n’est pas de son avis. Selon le magistrat du parquet, cette affaire, c’est entre le ministère public et Édouard Bissau. “Ses fugues et sa moralité ne nous intéressent pas’’, a souligné le substitut du procureur de la République qui a requis 10 ans de réclusion criminelle contre l’accusé. D’après lui, tous les faits sont constants. Ce, même si un certificat médical pouvant attester du viol n’a pas été versé dans le dossier.
Réquisitoire qui n’a pas été conforté par les avocats de la défense qui ont, à l’unanimité, sollicité l’acquittement d’Édouard Bissau.
“Même avec l’absence d’un certificat médical, le parquet reste convaincu que le crime est établi. Aucune plainte contre Édouard n’a été déposée. C’est suite à des recherches tumultueuses de 15 jours que mon client a été arrêté. Tout ce que la fille a déclaré à l’enquête n’est pas vrai. Elle a menti. Le tribunal a son intime conviction, mais cette conviction doit être basée sur des éléments objectifs.
Rien ne prouve qu’il y ait eu rapport sexuel. On ne peut pas condamner quelqu’un à 10 ans sans preuve. Ici, c’est déclaration contre déclaration. Au moins, mon client a refusé de signer le PV parce qu’on lui a prêté des propos qu’il n’a pas tenus’’, a plaidé Me El Hadj Dièye, un des avocats du comparant
Sensible à la détresse de la mère de la mineure, son collègue Me Diop déclare : “Ce qui arrive à la mère de la mineure peut arriver à tout le monde. Je comprends son désarroi. Elle qui a tout fait pour inculquer à sa fille une bonne éducation. Malheureusement, celle-ci a choisi une autre voie. Si j’ai une chose à dire à la dame, c’est d’aller chercher sa fille.’’
Par ailleurs, la robe noire souligne des incohérences dans le dossier. “Comment peut-on juger un viol avec simplement des déclarations ? Elle dit juste qu’elle a été forcée par l’accusé. Il a fait deux ans et six mois de détention préventive, alors qu’il est présumé innocent’’, a renchéri l’avocat. L’affaire mise en délibéré, la chambre criminelle rendra sa décision le 19 juillet prochain.
Enquête