Des activistes ont été arrêtés par la police puis libérés tard dans la soirée d’hier. Ce, lors de la marche «avortée» contre le parrainage, dans le centre-ville de Dakar. Guy Marius Sagna, qui était l’une des premières personnes à être interpellées, est revenu sur les faits qui se sont déroulés après son arrestation et sa «libération mouvementée».
«Pour avoir commis le crime de résister à l'illégalité du président Macky Sall et de son ministre de l'Intérieur qui défient la Cour de justice de la CEDEAO, 17 membres de nos mouvements dont moi-même ont été torturés, nos droits violés. Les policiers du commissariat central de Dakar ont refusé que nos avocats nous voient, ils nous ont mis en garde à vue sans nous le notifier et après - alors que la tradition c'est d'être déféré au parquet - ces policiers nous ont déférés à 50 km de Dakar, sans téléphone, sans argent, sans moyen, dans la brousse et une nuit sombre», a-t-il révélé.
«Certains parmi nous ont été jetés aux filaos de Guédiawaye, à Rufisque, à Bargny, à Tivaouane Peulh, dans le péage, à Keur Massar…»
Avant de poursuivre : «Certains parmi nous ont été jetés aux filaos de Guédiawaye, à Rufisque, à Bargny, à Tivaouane Peulh, dans le péage, à Keur Massar. Moi, ils m'ont jeté entre Diamniadio et Thiès. La police sénégalaise, donc, ne nous a pas entendus, nous a gardés à vue sans fondement légal et a déporté à 50 km de la capitale en pleine nuit des garçons et des filles. C'est extrême, illégal et scandaleux.»
Pire, avance Guy Marius Sagna, certains parmi eux, pendant leur déportation, ont été bastonnés par des policiers encagoulés pendant tout le trajet.
«Ce comportement montre que notre police a des comportements voyous qui expliquent - mais ne justifient point - que des citoyens aient une haine de la police au point de tuer le policier Fodé Ndiaye, que Dieu l'accueille en son paradis. J'espère que le procureur de la République va ouvrir une enquête pour savoir qui est, dans la police, le donneur de ces ordres voyous. Il y a donc depuis un certain temps, un changement de méthodes et donc de doctrine de la police sénégalaise qui est devenue une voyoucratie», souligne-t-il.
Selon lui, «pendant que ces policiers agissaient comme des voyous, d'autres agissaient avec nous comme des anges». «Les premiers à nous avoir acheté de l'eau et à manger de leur propre poche ont été des policiers. J'aime les policiers sénégalais, car ils nous ressemblent. Ils souffrent comme nous et certains refusent à l'intérieur de la police comme nous. Force et honneur à vous policiers insoumis, policiers qui respectez le peuple sénégalais, votre chef suprême !», relativise-t-il.
«Les actes d'hier sont à prendre comme une alerte sérieuse par tous les démocrates,…»
Ainsi, dira-t-il, «à vous les Amul Yaakar, vous avez notre respect et notre admiration. Mais aussi notre amour. Comment oublier le policier Mané qui m'a sauvé la vie à Tambacounda. Oui, sauvé du responsable de l'UJTL qui, en 2012, a voulu, à la tête de nervis, m'assassiner ? À cause de policiers comme Mané et Amul Yaakar, j'ai une dette de sang envers les policiers. Mais honte à ces policiers voyous qui agissent sans réfléchir et qui appliquent les ordres contre la théorie des baïonnettes intelligentes».
L’activiste de soutenir que «si notre police sénégalaise est devenue voyou c'est parce que le ministre de l'Intérieur est un voyou qui secrète cette manière de faire. Mais aussi parce que Macky Sall, président de la République du Sénégal, dirige notre pays avec des méthodes de gangster et de voyou».
«Les actes d'hier sont à prendre comme une alerte sérieuse par tous les démocrates, patriotes et révolutionnaires sénégalais. Les prochaines élections législatives, la 3e candidature illégale de Macky Sall et la protection de leurs intérêts ainsi que de leurs maîtres impérialistes rendent téméraire le garçon de course et la marionnette qu'est Macky Sall. On ne se laissera pas faire, dès lors que certains policiers violent la loi. Nous allons organiser la résistance à l'oppression», fait-il savoir.
«Le commissariat central, après m'avoir fouillé en y entrant, a noté et gardé mes 23 000 F CFA et les clés de ma maison »
Et de prévenir : «Nous serons corrects avec les corrects. Nous serons doux et sucre avec les doux et sucre. Nous serons violents avec les violents. Monsieur le Président Macky Sall, le Sénégal ne sera jamais un État autoritaire ou une dictature. La police sénégalaise m'a jeté à 50 km de Dakar dans la brousse en pleine nuit alors que le commissariat central, après m'avoir fouillé en y entrant, a noté et gardé mes 23 000 F CFA et les clés de ma maison».
«Mais en me jetant dans la brousse, renseigne-t-il, ils ne m'ont pas rendu mon argent ni les clés. Autrement dit, la police voulait que je marche 50 km pour rentrer chez moi et arrivé chez moi que je dorme dans la rue. Jusqu'au moment où je vous parle, ils ont encore les clés de ma maison et mon argent. Tout ce qu'on trouvera chez moi d'ici mille ans y aura été introduit par la police et Macky Sall.
En fait, Macky Sall cherche à nous assassiner car un de ces quatre jours il fera à nouveau la même chose et nous serons attaqués par ses nervis».
Hier, sept organisations sont allées manifester contre le parrainage devant le ministère de l'Intérieur. Elles rappellent que la Cour de justice de la CEDEAO a ordonné, il y a un an, à l'État du Sénégal de supprimer le parrainage. «Macky Sall, président de l'Union africaine, foule depuis un an aux pieds cette décision d'une Cour de justice africaine», ont-elles dénoncé.