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Gambie: Le directeur de Teranga Fm enlevé par les agents de la NIA


Rédigé le Jeudi 9 Juillet 2015 à 17:46 | Lu 127 fois | 0 commentaire(s)



La famille et les proches du directeur de la radio Teranga FM, Alagie Sisay, sont sans nouvelles de ce dernier, depuis qu’il a été enlevé le 2 juillet devant les locaux de la radio par des hommes soupçonnés d’appartenir aux services de renseignement. Ces mêmes services avaient la veille, convoqué et interrogé pendant plusieurs heures l’ensemble de la rédaction du journal privé The Voice.


Gambie: Le directeur de Teranga Fm enlevé par les agents de la NIA
Le 2 juillet, alors qu’il venait de terminer le repas de rupture du jeûne du Ramadan, Alagie Sisay a été informé par un ami que deux hommes demandaient à le voir devant les locaux de la radio qu’il dirige, Teranga FM. Sorti à leur rencontre, il n’a plus été revu depuis.

Selon un proche témoin de la scène il a été jeté dans un 4x4 noir par deux hommes et emmené vers une destination inconnue. Le frère du journaliste explique que ce dernier aurait réussi à le joindre et a eu le temps de lui dire qu’il était emmené par des agents du service de renseignement (National Intelligence Agency, NIA), avant que son téléphone ne soit coupé. Sa famille et ses collaborateurs sont depuis sans nouvelles de lui. Ils ont alerté la police et les services de renseignement qui disent ne pas avoir d’information. 

“ Nous sommes extrêmement préoccupés par la disparition d’Alagie Sisay, déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique chez Reporters sans frontières. L’enlèvement et la disparition de journalistes n’est pas une chose nouvelle en Gambie. On se souvient de la disparition il y a neuf ans aujourd’hui de Chief Ebrima Manneh qui n’a toujours pas été élucidée. Chaque jour qui passe renforce notre inquiétude sur le sort d’Alagie Sisay. Nous nous joignons à l’Union de la presse gambienne pour demander aux autorités qu’elles mettent tout en oeuvre pour retrouver le journalistes le plus rapidement possible”. 

La radio Teranga FM est depuis longtemps dans le collimateur des autorités gambiennes. Plusieurs responsables de la radio ont fait l’objet d’interrogatoires par le passé de la part des services de renseignement. Créée en 2009, la radio a déjà été fermée de force à trois reprises ces dernières années par les autorités, en 2011 et en 2013, pour 16 mois et en 2015. 

La veille de cette disparition, toute la rédaction du journal The Voice - le rédacteur en chef, Musa S. Sheriff, et quatre journalistes, Sulayman Ceesay, Bakary Ceesay, Mafugi Ceesay, et Amadou Bah- a été convoquée par la NIA à Banjul et questionnée pendant deux heures. Le rédacteur en chef a été interrogé sur le fonctionnement et les finances du journal ainsi que ses éventuels contacts avec l’étranger. Les services de renseignement ont pris leur photos ainsi que des informations concernant leur famille, amis et lieux de résidence et posé des questions concernant le fonctionnement et les finances du journal ainsi que Les agents de la NIA ont exopliqué que cette collecte d’informations avait pour but d’assurer la sécurité des journalistes, car on avait “beaucoup parlé du journal et de ses journalistes” . Quelques semaines auparavant, Mafugi Ceesay, avait déjà été arrêté et retenu plus d’une heure par la NIA pour avoir rapporté sur un rallye politique du président Yahya Jammeh. 

Musa S. Sheriff avait été poursuivi en justice pendant 11 mois en 2014 pour “diffusion de fausses nouvelles” avant de bénéficier d’un non lieu.. Son co-accusé a lui préféré s’exiler. 

La Gambie, gouvernée par le prédateur de la presse Yahya Jammeh depuis 1994 occupe la 151e place sur 180 pays dans le classement 2015 de la liberté de la presse dans le monde de 2015 de l’organisation. Le gouvernement se débarasse sans scrupules des journalistes qui le dérangent, tels que Deyda Hydara, ancien correspondant de l’AFP abattu dans sa voiture en 2004 ou Chief Ebrima Manneh arrêtés par les services de renseignement en 2006 et qui n’a jamais été revu depuis. Les quelques médias privés qui subsistent travaillent dans l’auto-censure et la peur de procès arbitraires. 
Reporter sans frontière


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