Quand j’ai été nommé ministre du Tourisme, lors de ma première sortie pour rencontrer les acteurs du secteur, j’ai, suite à la perception que j’avais du tourisme sénégalais et des différentes opinions, annoncé la tenue de journées nationales du tourisme devant mes principaux collaborateurs. Mais une fois dans mon bureau, je regardais les dossiers laissés au niveau d’une armoire par mon prédécesseur et mon regard fut attiré par une chemise dans laquelle il y avait : «Conclusions des journées nationales du tourisme», ma surprise et ma colère furent inexplicables car mes collaborateurs n’ont pas eu le courage et l’élégance de me dire ou de porter à mon attention lors de nos différentes réunions de coordination ou rencontres, que de telles journées étaient déjà organisées. C’est ainsi que j’ai découvert une des tares de notre administration qui est de ne jamais appliquer les conclusions de nos différentes rencontres. Je pris alors le soin de mettre en œuvre les conclusions en commençant par le renforcement de la police touristique, la fermeture des résidences clandestines, la baisse de la tva de 18 à 10%, l’organisation des deux salons du tourisme pour la première fois au Sénégal, le classement des hôtels et d’autres mesures, le tout tiré de ces conclusions nationales. Il y a quelques années aussi, il se racontait que le Sénégal était la destination privilégiée de beaucoup de gouvernements africains qui cherchaient des solutions à leurs problèmes. En effet ces amis de notre pays étaient sûrs de trouver, bien rangées dans les tiroirs, des études bien élaborées et prêtes à l’emploi. Peut- être était- ce là, simplement une forme de dérision faite uniquement dans le but de critiquer une propension à se contenter de réfléchir sans jamais passer à l’application des conclusions faites. D’ailleurs pour en avoir le cœur net, il serait intéressant de confier à un étudiant la tache de faire une étude sur les séminaires, ateliers, foras, assises et autres états généraux qui se sont tenus cette dernière décennie, pour mesurer les niveaux d’exécution des décisions issues de ces travaux. Il pourrait, par la même occasion y inclure les mesures prises en conseil des ministres. Cette étude pourrait se pencher aussi sur des lois sans décrets d’application, des décrets sans arrêtés d’application ou des décrets et arrêtés jamais appliqués. L’objectif est d’aller au-delà des constats et de trouver les raisons et justifications des réalisations et des manquements éventuels et surtout d’en tenir compte dans le suivi évaluation de ce qui sortira comme mesures phares du forum national sur l’Administration tenu les 9 et 10 Avril 2016 à Diamniadio. Je tiens à préciser que ces quelques considérations faites plus haut sont loin de marquer un scepticisme de ma part par rapport à la tenue de ce forum, même si je déplore la non implication de certains acteurs de la chaine d’exécution des taches administratives. L’appropriation des décisions et nouvelles orientations par les agents des autres niveaux de la hiérarchie ne se fera pas avec efficacité par des notes de services, mais plutôt par une implication et une responsabilisation dés le départ, c'est-à-dire dés les travaux préparatoires. Il n’est d’ailleurs pas trop tard, puisque l’on n’est qu’au début de la réflexion pour l’élaboration du plan d’actions prioritaires.
Non je ne suis pas sceptique et à la lecture des cinq mesures majeures annoncées par Monsieur le Président de la République, je pencherai vers l’optimisme en demandant que les aspects les plus significatifs du diagnostic soient gardés constamment à l’esprit tout le long de la mise en place du plan d’actions prioritaires. Pour ma part, quand je marque mon accord total pour l’adoption d’une charte de qualité par chaque ministère, je voudrai suggérer que la problématique du recrutement et de la formation initiale et continuée soit prise en compte. A ce propos il faut oser- pour reprendre la formule du Président de la République- supprimer le recrutement sur simple demande et adopter la voie du concours afin d’assurer une formation de quelques mois en ouvrant une section C de l’ENA abritée par le CNFA transformé en un Institut de Formation des Agents de l’Etat et des Collectivités Locales. Rechercher la qualité dans l’administration c’est aussi penser aux procédures de nomination des directeurs de services nationaux et des autres responsables de direction. Le nouveau code de la fonction publique devrait permettre à notre sens de renforcer la protection de l’agent qui, «quel que soit son rang dans la hiérarchie est responsable de l’exécution des taches qui lui sont confiées». (Article 12 de la loi 61-33 portant statut général de la fonction publique). En effet il est impérieux que l’agent se sente protégé et rassuré au cas ou il refuserait d’exécuter un ordre de sa hiérarchie pour une tache enfreignant les textes réglementaires, quelles que soient les menaces provenant des interférences politiques ou d’une autre nature. Et là aussi il s’agit de réactualiser les textes, en précisant que les menaces peuvent bien provenir de la hiérarchie. En effet l’article 16 de la loi sur le statut général dit que «l’administration est tenue de protéger les fonctionnaires contre les menaces, attaques de quelque nature que ce soit, dont ils peuvent être l’objet à l’occasion de l’exercice de leur fonction.» Ces dispositions seront à inclure dans le code de déontologie général des agents du service public et contribueront considérablement à mettre fin aux passe-droits, au favoritisme et à la corruption. Nous sommes d’accord que les fonctionnaires doivent respecter un devoir d’obéissance hiérarchique, ils ne peuvent refuser d’exécuter un ordre de leurs supérieurs sauf si celui-ci est manifestement illégal. Il faut réduire la subordination administrative. La mise en œuvre de la charte de la déconcentration serait véritablement en adéquation avec le défi de l’objectif déclaré du PSE de corriger «l’inégale répartition spatio-temporelle des populations, des activités économiques, des infrastructures et des équipements, entrainant ainsi une macrocéphalie de la région de Dakar et une concentration de l’essentiel des activités sur la frange ouest et le centre du pays.)» La proximité qui est recherchée à travers les réformes préconisées ne peut être atteinte qu’avec la déconcentration et le maillage du territoire national pour que le service public soit accessible à tous les citoyens usagers quelle que soit leur localisation. Nous ne pouvons nous empêcher de souligner le cas de deux grandes structures de l’administration dont le caractère fortement centralisé ajoute aux lourdeurs et lenteurs notées à leur niveau. Il s’agit de la Direction Générale de la Fonction Publique (DGFP) et de la Direction de la Solde, des Pensions et Rentes Viagères (DSPRV). La DGFP gère la carrière des agents de l’Etat : fonctionnaires, non fonctionnaires et à contrats spéciaux. Ce qui fait la grande masse de l’administration en dehors des militaires, paramilitaires, magistrats etc. la modernisation par la dématérialisation devrait permettre d’ouvrir des services régionaux, en attendant d’aller plus bas vers le département. Il en est de même de la DSPRV, qui concentre un plus grand nombre, puisque les militaires paramilitaires, magistrats et IGE viennent y rejoindre les agents du statut général. Le traitement salarial ainsi que tous les autres événements concernant les personnels servant dans la région se feront avec plus de célérité, à la satisfaction des usagers et des agents chargés de répondre à leurs besoins. Enfin, je note avec satisfaction que la question de la motivation et de la rémunération a été évoquée lors du forum. Dans les termes des contrats de performance cette question devrait figurer en bonne place. Une étude est disponible sur le système de rémunération des agents de la fonction publique, la démarche qui aborde le problème de façon sectorielle, en revenant aux textes de base et en tenant compte du cout de la vie.
Je terminerais cette contribution en remerciant son Excellence Monsieur le Président de la République Macky Sall d’avoir porté une attention à ce référentiel qu’est l’administration publique à l’image du Premier Ministre Lee Kuan Yew qui, expliquant à une délégation de l’ONG «Leadership forum» venue lui demander les «secrets du miracle économique de Singapour», répondit ceci : «Une administration honnête au service de la Nation» et il ajoute : «Ce n’est pas de la démocratie dont les pays africains ont le plus besoin, mais d’une administration honnête».
Ministre Thierno Lo Président de l’Alliance pour la Paix et le Développement
Non je ne suis pas sceptique et à la lecture des cinq mesures majeures annoncées par Monsieur le Président de la République, je pencherai vers l’optimisme en demandant que les aspects les plus significatifs du diagnostic soient gardés constamment à l’esprit tout le long de la mise en place du plan d’actions prioritaires. Pour ma part, quand je marque mon accord total pour l’adoption d’une charte de qualité par chaque ministère, je voudrai suggérer que la problématique du recrutement et de la formation initiale et continuée soit prise en compte. A ce propos il faut oser- pour reprendre la formule du Président de la République- supprimer le recrutement sur simple demande et adopter la voie du concours afin d’assurer une formation de quelques mois en ouvrant une section C de l’ENA abritée par le CNFA transformé en un Institut de Formation des Agents de l’Etat et des Collectivités Locales. Rechercher la qualité dans l’administration c’est aussi penser aux procédures de nomination des directeurs de services nationaux et des autres responsables de direction. Le nouveau code de la fonction publique devrait permettre à notre sens de renforcer la protection de l’agent qui, «quel que soit son rang dans la hiérarchie est responsable de l’exécution des taches qui lui sont confiées». (Article 12 de la loi 61-33 portant statut général de la fonction publique). En effet il est impérieux que l’agent se sente protégé et rassuré au cas ou il refuserait d’exécuter un ordre de sa hiérarchie pour une tache enfreignant les textes réglementaires, quelles que soient les menaces provenant des interférences politiques ou d’une autre nature. Et là aussi il s’agit de réactualiser les textes, en précisant que les menaces peuvent bien provenir de la hiérarchie. En effet l’article 16 de la loi sur le statut général dit que «l’administration est tenue de protéger les fonctionnaires contre les menaces, attaques de quelque nature que ce soit, dont ils peuvent être l’objet à l’occasion de l’exercice de leur fonction.» Ces dispositions seront à inclure dans le code de déontologie général des agents du service public et contribueront considérablement à mettre fin aux passe-droits, au favoritisme et à la corruption. Nous sommes d’accord que les fonctionnaires doivent respecter un devoir d’obéissance hiérarchique, ils ne peuvent refuser d’exécuter un ordre de leurs supérieurs sauf si celui-ci est manifestement illégal. Il faut réduire la subordination administrative. La mise en œuvre de la charte de la déconcentration serait véritablement en adéquation avec le défi de l’objectif déclaré du PSE de corriger «l’inégale répartition spatio-temporelle des populations, des activités économiques, des infrastructures et des équipements, entrainant ainsi une macrocéphalie de la région de Dakar et une concentration de l’essentiel des activités sur la frange ouest et le centre du pays.)» La proximité qui est recherchée à travers les réformes préconisées ne peut être atteinte qu’avec la déconcentration et le maillage du territoire national pour que le service public soit accessible à tous les citoyens usagers quelle que soit leur localisation. Nous ne pouvons nous empêcher de souligner le cas de deux grandes structures de l’administration dont le caractère fortement centralisé ajoute aux lourdeurs et lenteurs notées à leur niveau. Il s’agit de la Direction Générale de la Fonction Publique (DGFP) et de la Direction de la Solde, des Pensions et Rentes Viagères (DSPRV). La DGFP gère la carrière des agents de l’Etat : fonctionnaires, non fonctionnaires et à contrats spéciaux. Ce qui fait la grande masse de l’administration en dehors des militaires, paramilitaires, magistrats etc. la modernisation par la dématérialisation devrait permettre d’ouvrir des services régionaux, en attendant d’aller plus bas vers le département. Il en est de même de la DSPRV, qui concentre un plus grand nombre, puisque les militaires paramilitaires, magistrats et IGE viennent y rejoindre les agents du statut général. Le traitement salarial ainsi que tous les autres événements concernant les personnels servant dans la région se feront avec plus de célérité, à la satisfaction des usagers et des agents chargés de répondre à leurs besoins. Enfin, je note avec satisfaction que la question de la motivation et de la rémunération a été évoquée lors du forum. Dans les termes des contrats de performance cette question devrait figurer en bonne place. Une étude est disponible sur le système de rémunération des agents de la fonction publique, la démarche qui aborde le problème de façon sectorielle, en revenant aux textes de base et en tenant compte du cout de la vie.
Je terminerais cette contribution en remerciant son Excellence Monsieur le Président de la République Macky Sall d’avoir porté une attention à ce référentiel qu’est l’administration publique à l’image du Premier Ministre Lee Kuan Yew qui, expliquant à une délégation de l’ONG «Leadership forum» venue lui demander les «secrets du miracle économique de Singapour», répondit ceci : «Une administration honnête au service de la Nation» et il ajoute : «Ce n’est pas de la démocratie dont les pays africains ont le plus besoin, mais d’une administration honnête».
Ministre Thierno Lo Président de l’Alliance pour la Paix et le Développement