Elle a une voix douce, des gestes mesurés et empreints de respect pour les autres. Mais détrompez-vous ce fleuve tranquille cache un torrent impétueux et bouillonnant. Il a fallu certainement de longues années pour opérer une métamorphose et faire de Evelyne Tall, l’une des rares femmes africaines dirigeantes d'un grand groupe de bancaire panafricain.
Depuis 2011, Evelyne est Directeur général adjoint du Groupe Ecobank, le plus grand réseau bancaire en Afrique avec ses 19.000 employés et 32 filiales en Afrique sud-saharienne. Elle supervise, à ce titre 32 Directeurs généraux de banque. Lorsque l'on voyage en Afrique, on a du souvent croiser dans les avions, cette dame discrète, à la recherche d'une plus grande efficacité de ses différentes filiales qu'elle parcourt sans relâche. Ses fréquents séjours dans les capitales africaines donnent aussi l’occasion à Evelyne Tall de faire un plaidoyer spontané auprès des dirigeants politiques pour une meilleure intégration des économies africaines et l'amélioration du climat des affaires, une passion qui rappelle aujourd'hui son passé militant. De Harare à Dakar, en passant par Lagos, elle déploie toute cette énergie, qui lui a permis de construire 30 longues années de carrière de banquier émérite. Loin d’être évident pour quelqu'un qui aurait facilement pu être écrivain !
En effet, titulaire d'une Licence en Anglais, Evelyne Tall change de cap et poursuit des études de gestion et obtient le Diplôme de l'Ecole d'Administration et de Direction des Affaires à Paris. Elle passe ensuite 17 ans à la Citibank Dakar où elle occupe différents postes de direction avant de rejoindre le Groupe Ecobank en 1998 comme Directeur général-adjoint au Mali, puis Directeur Général au Mali et au Sénégal, Directeur de la région UEMOA et du Cap-Vert supervisant ainsi 9 filiales d'Ecobank, Chief Operating Officier du Groupe et enfin Directeur général-adjoint du groupe depuis janvier 2011. Quand on lui demande quelle est la force d’Ecobank, la plus panafricaine des institutions bancaires du continent (implantée dans 22 pays), elle répond sans hésitations : « Nous avons prouvé depuis 20 ans que la barrière entre l’Afrique francophone et anglophone n’existe pas puisque Ecobank, dès le début opère dans les deux zones. Aujourd’hui, nous sommes aussi dans des pays lusophones et nous allons aller bientôt dans des pays hispanophones. La barrière linguistique n’existe pas. Nous voyons l’Afrique comme un ensemble économique ».
Au courant de 2012, Mme Tall a été cooptée comme administrateur indépendant de l'Investissement Climate Facility for Africa (ICF). Il s'agit du Fonds pour le climat d’Investissement en Afrique, en supprimant les obstacles au développement des affaires. Une belle consécration pour une militante du secteur privé africain. En 2013, Evelyne Tall est désignée par le magazine Jeune Afrique parmi les 25 femmes les plus influentes du business en Afrique.