Face aux accusations gravissimes de détournement de 94 milliards de nos francs portées par leur collègue Ousmane Sonko, leader du parti Pastef, contre l'alors directeur des Domaines et ses complices présumés, ils ont déclenché l'opération "il faut sauver le soldat Mamour Diallo". En quoi consistait-elle ? A prendre les devants, à court-circuiter la justice — déjà saisie de dénonciations sous forme d'alertes du même Ousmane Sonko en même temps que l'Inspection générale d'État et l'Ofnac — en mettant sur pied une commission d' "enquête parlementaire" !
Or, c'est bien connu, le Parlement ne peut enquêter sur des faits dont la justice est déjà saisie. Qu'à cela ne tienne, le pouvoir en place et son chef détenant tous les leviers, l'astuce a consisté à demander à cette même justice de faire le mort sur les saisines d'Ousmane Sonko de manière à rendre possible l'"enquête" de l'Assemblée nationale, plus précisément du groupe parlementaire BBY. Et le tour était joué.
Bien évidemment, les conclusions de cette enquête-Omo (du nom du fameux détergent) étaient connues d'avance comme je l'écrivais dans ces mêmes colonnes dès la mise sur pied de cette commission dite d'enquête. Sans surprise, ces brillants députés-enquêteurs, après avoir fait mine de faire des investigations, ont conclu à l' "innocence" de Mamour Diallo des faits de détournement dont il était accusé. Après quoi, "blanchi" des accusations de détournement par ses propres frères de l'Alliance Pour la République (APR) et leurs alliés du Parti socialiste (PS) et l'Alliance des Forces de Progrès (AFP), le supposé blanc comme neige Mamour Diallo a entrepris de saisir la justice d'une plainte pour diffamation et injures contre…
Ousmane Sonko. Mais oui ! Et déjà , les mêmes députés de BBY, qui ont fait tourner à plein régime la machine à laver pour blanchir leur camarade Mamour Diallo, piaffent d'impatience tout en se pourléchant les babines et en se frottant les mains dans l'attente de lever l'immunité parlementaire de leur collègue Ousmane Sonko ! Lequel serait coupable du crime d'avoir porté des accusations de détournement de deniers publics contre un pilier du parti présidentiel, le richissime leader du mouvement "Dolly Macky" à Louga ! En même temps, ils disent à qui veut l'entendre que le compte de l'accusateur est bon, que le leader de Pastef ne perd rien pour attendre et qu'il pourrait lui aussi se retrouver à la prison de Rebeuss. Laquelle a accueilli, avant lui, des empêcheurs de rempiler du président de la République comme Karim Wade et Khalifa Sall.
Une manœuvre grotesque et cousue de fil blanc
Le problème, c'est que la manoeuvre des députés de Benno est grotesque et cousue de fil blanc. Autrement dit, leur "enquête" à décharge pour Mamour Diallo n'a absolument aucune crédibilité ! Ne serait-ce que parce que, quand des députés de la majorité présidentielle "jugent" un membre éminent de cette même mouvance relativement à des accusations portées contre lui par un opposant virulent, il y a fort à parier que leur sentence soit la relaxe pure et simple. Il s'y ajoute que, dans cette affaire, alors qu'elle avait été saisie depuis 2018 peut-être pas d'une plainte mais d'une dénonciation de détournement présumé de deniers publics portée contre Mamour Diallo, la justice s'est abstenue d'ouvrir ne serait-ce qu'une enquête préliminaire voire une information judiciaire, le procureur de la République mettant sous le coude les faits portés à sa connaissance. Donnant ainsi la latitude aux députés de la majorité — que l'on ne connaissait pas aussi audacieux et aussi "fast track" ! — d'ouvrir une "enquête".
Laquelle, miracle ! a "blanchi" Mamour Diallo et lui permet de se présenter en position de victime pour porter plainte contre son ancien collègue à la Direction générale des Impôts et Domaines, Ousmane Sonko. Arrêtons-nous sur la hardiesse des députés du groupe Benno : rien que leur collègue Mamadou Lamine Diallo les a saisis d'au moins deux demandes d'enquêtes parlementaires sur les affaires Arcelor Mittal et Franck Timis, ils n'y ont jamais donné suite…
Pour en revenir à Mamour Diallo, si, par extraordinaire, la nouvelle plainte avec constitution de partie civile déposée par Ousmane Sonko contre lui auprès du juge d'instruction échappait à un veto du procureur de la République, peut-être aurions-nous la chance d'être édifiés sur les tenants et aboutissants de ce détournement supposé. Mais en attendant, ce qu'on peut retenir, malgré l'abondante littérature consacrée à cette affaire — mais aussi les émissions de télé et de radio —, c'est qu'il y a bel et bien eu détournement de deniers publics dans l'affaire dite du TF 1451/R. Il apparaît en effet que M. Mamour Diallo, agissant comme ordonnateur, a signé un "acquiescement" qui a permis de payer une somme de deux milliards huit cent millions et quelques à un détenteur d'une fausse créance sur l'État.
Il s'agit de Tahirou Sarr qui aurait racheté pour trois milliards de francs à la famille Ndoye une créance de 94 milliards de francs que celle-ci prétendait détenir sur l'État. Or, dans cette affaire, l'entité qui a fait l'objet d'une expropriation pour cause d'utilité publique, c'est bien la SAIM Kébé dont une partie du terrain a d'ailleurs été rétrocédée par le même État à la SN-HLM. Il s'y ajoute que, même s'il n'y avait eu que 2.800.000.000 de francs qui avaient été payés, il n'y avait pas de base légale au décaissement de cette somme puisque, aussi bien en première instance qu'en appel, la justice avait annulé l'homologation (qui est l'acte sur lequel l'État doit se fonder pour indemniser) présentée par M. Tahirou Sarr. Rien que ces deux éléments permettent raisonnablement d'installer Mamour Diallo — du moins selon notre humble compréhension — non pas dans la position d'une victime d'accusations gratuites d'Ousmane Sonko mais plutôt dans celle de coupable présumé. Car dans cette affaire, il y a eu bel et bien détournement de deniers publics.
En plus que doublant la superficie frappée d'expropriation — 256 ha au lieu de 125 ha — et en surfacturant le prix du mètre carré — 37.000 francs au lieu du barème légal de 7.000 francs pour la zone concernée —, les auteurs de l'entourloupe auraient sur indemnisé de prétendus expropriés de 85 milliards de nos francs !
Encore une fois, et selon notre humble compréhension, il y a eu détournement de deniers publics dans cette affaire. Peut-être pas de 94 milliards de francs mais bien d'au moins 2,8 milliards de francs. C'est-à -dire un milliard de francs de plus que la somme qui a valu à Khalifa Sall de passer deux ans et demi en prison en plus d'être déchu de son mandat de député et radié de ses fonctions de maire ! Dans ces conditions, évidemment, on voit mal par quelle opération du Saint-Esprit les députés de Benno Bokk Yaakar ont pu blanchir Mamour Diallo. Ils ont sans doute dû utiliser de la poudre de Perlimpinpin pour le soigner des maux qui l'accablent ! Et puis, même si le responsable politique lougatois a été "blanchi" par son camp, cela suffit-il pour délivrer une sorte d'exéquatur des députés aux magistrats ?
Lesquels seraient en quelque sorte tenus de condamner Ousmane Sonko pour diffamation dès lors qu'eux, députés du pouvoir législatif, ont décidé que leur camarade Mamour Diallo est innocent des faits dont on l'accuse. La réponse est non, évidemment. D'abord parce que la justice doit absolument enquêter sur les faits de détournement de deniers publics dont elle est saisie depuis l'année dernière par le patron de Pastef. Surtout qu'il ne cesse de supplier aussi bien la justice, donc, mais aussi l'IGE et l'OFNAC afin qu'on l'entende et qu'on le confronte avec Mamour Diallo pour qu'il livre les preuves dont il dispose. En vain jusqu'à présent. Comme si on ne voulait pas que la vérité éclate dans ce dossier et que les Sénégalais soient édifiés !
Des preuves béton qui font que, justement, Ousmane Sonko ne peut pas ne pas gagner un procès en diffamation qui lui serait intenté. Et ça, c'est un spécialiste des procès en diffamation qui vous l'assure ! Le même, en l'occurrence votre serviteur, ne voit pas comment pour une plainte en diffamation on pourrait jeter en prison le patron de Pastef. Si les juges devaient jeter au gnouf tous les prévenus de ce chef, alors c'est sûr, j'aurais passé la plus grande partie de ma vie en prison ! Je le répète : Mamour Diallo n'a aucune chance de gagner son procès en diffamation contre Ousmane Sonko relativement à cette affaire de détournement. D'ailleurs, je serais à la place du leader de Pastef, j'aurais renoncé de moi-même à mon immunité parlementaire pour aller à ce procès que je serais sûr de gagner.
Risque d'embrasement de la Casamance
Pour le reste, et si tant est que ce serait là le projet du pouvoir qui voudrait administrer la preuve par l'emprisonnement d'opposants de l'expression selon laquelle il n'y aurait jamais deux sans trois, il devrait y réfléchir à deux fois avant d'embastiller Ousmane Sonko. C'est-à -dire un leader politique classé troisième lors de l'élection présidentielle avec un score respectable de presque 16 % des suffrages exprimés. Un leader, surtout, qui porte les espoirs de toute une région ayant pris les armes contre la République depuis 1982 pour combattre la marginalisation dont elle estime être l'objet mais aussi se venger des couleuvres qu'elle avale, des frustrations qu'elle subit. Alors que le gouvernement peine à faire taire les armes en Casamance et à amener les combattants du MFDC (Mouvement des Forces démocratiques de Casamance) à la table des négociations, ce serait suicidaire — en tout cas terriblement contreproductif — d'enfermer à Rebeuss un jeune leader terriblement charismatique et dont l'aura couvre, par-delà cette région, tout le territoire national.
Un leader à travers lequel tous ces enfants perdus de la République vivant dans la forêt casamançaise se retrouvent et par le biais duquel, justement, ils reviennent progressivement dans le jeu démocratique et recommencent à croire aux institutions. Emprisonner Ousmane Sonko, quelle aubaine pour le maquis casamançais ! Ce n'est pas tant qu'il soit lié à ce dernier, mais les jeunes Casamançais, dont le rêve serait tué, pourraient se convaincre que, décidément, il n'y a rien à attendre de ce Sénégal-là qui ne voudrait aucun bien à leur région. Au moment où une colombe comme Abdou Elinkine Diatta vient d'être assassinée dans les conditions que l'on sait, ce serait la pire des conneries que de jeter Ousmane Sonko en prison. Mais nous sommes sûrs que le président de la République, qui a entrepris de pacifier le front social et de décrisper la situation politique nationale, ne va pas suivre les apprentis sorciers de son camp qui voudraient l'entraîner dans un projet aussi éruptif pour ne pas dire aussi inflammable que l'arrestation d'un homme qui a déjà payé pour avoir été radié injustement de la fonction publique. L'honneur d'un Mamour Diallo ne vaut pas un aussi gros risque pour notre pays…
Or, c'est bien connu, le Parlement ne peut enquêter sur des faits dont la justice est déjà saisie. Qu'à cela ne tienne, le pouvoir en place et son chef détenant tous les leviers, l'astuce a consisté à demander à cette même justice de faire le mort sur les saisines d'Ousmane Sonko de manière à rendre possible l'"enquête" de l'Assemblée nationale, plus précisément du groupe parlementaire BBY. Et le tour était joué.
Bien évidemment, les conclusions de cette enquête-Omo (du nom du fameux détergent) étaient connues d'avance comme je l'écrivais dans ces mêmes colonnes dès la mise sur pied de cette commission dite d'enquête. Sans surprise, ces brillants députés-enquêteurs, après avoir fait mine de faire des investigations, ont conclu à l' "innocence" de Mamour Diallo des faits de détournement dont il était accusé. Après quoi, "blanchi" des accusations de détournement par ses propres frères de l'Alliance Pour la République (APR) et leurs alliés du Parti socialiste (PS) et l'Alliance des Forces de Progrès (AFP), le supposé blanc comme neige Mamour Diallo a entrepris de saisir la justice d'une plainte pour diffamation et injures contre…
Ousmane Sonko. Mais oui ! Et déjà , les mêmes députés de BBY, qui ont fait tourner à plein régime la machine à laver pour blanchir leur camarade Mamour Diallo, piaffent d'impatience tout en se pourléchant les babines et en se frottant les mains dans l'attente de lever l'immunité parlementaire de leur collègue Ousmane Sonko ! Lequel serait coupable du crime d'avoir porté des accusations de détournement de deniers publics contre un pilier du parti présidentiel, le richissime leader du mouvement "Dolly Macky" à Louga ! En même temps, ils disent à qui veut l'entendre que le compte de l'accusateur est bon, que le leader de Pastef ne perd rien pour attendre et qu'il pourrait lui aussi se retrouver à la prison de Rebeuss. Laquelle a accueilli, avant lui, des empêcheurs de rempiler du président de la République comme Karim Wade et Khalifa Sall.
Une manœuvre grotesque et cousue de fil blanc
Le problème, c'est que la manoeuvre des députés de Benno est grotesque et cousue de fil blanc. Autrement dit, leur "enquête" à décharge pour Mamour Diallo n'a absolument aucune crédibilité ! Ne serait-ce que parce que, quand des députés de la majorité présidentielle "jugent" un membre éminent de cette même mouvance relativement à des accusations portées contre lui par un opposant virulent, il y a fort à parier que leur sentence soit la relaxe pure et simple. Il s'y ajoute que, dans cette affaire, alors qu'elle avait été saisie depuis 2018 peut-être pas d'une plainte mais d'une dénonciation de détournement présumé de deniers publics portée contre Mamour Diallo, la justice s'est abstenue d'ouvrir ne serait-ce qu'une enquête préliminaire voire une information judiciaire, le procureur de la République mettant sous le coude les faits portés à sa connaissance. Donnant ainsi la latitude aux députés de la majorité — que l'on ne connaissait pas aussi audacieux et aussi "fast track" ! — d'ouvrir une "enquête".
Laquelle, miracle ! a "blanchi" Mamour Diallo et lui permet de se présenter en position de victime pour porter plainte contre son ancien collègue à la Direction générale des Impôts et Domaines, Ousmane Sonko. Arrêtons-nous sur la hardiesse des députés du groupe Benno : rien que leur collègue Mamadou Lamine Diallo les a saisis d'au moins deux demandes d'enquêtes parlementaires sur les affaires Arcelor Mittal et Franck Timis, ils n'y ont jamais donné suite…
Pour en revenir à Mamour Diallo, si, par extraordinaire, la nouvelle plainte avec constitution de partie civile déposée par Ousmane Sonko contre lui auprès du juge d'instruction échappait à un veto du procureur de la République, peut-être aurions-nous la chance d'être édifiés sur les tenants et aboutissants de ce détournement supposé. Mais en attendant, ce qu'on peut retenir, malgré l'abondante littérature consacrée à cette affaire — mais aussi les émissions de télé et de radio —, c'est qu'il y a bel et bien eu détournement de deniers publics dans l'affaire dite du TF 1451/R. Il apparaît en effet que M. Mamour Diallo, agissant comme ordonnateur, a signé un "acquiescement" qui a permis de payer une somme de deux milliards huit cent millions et quelques à un détenteur d'une fausse créance sur l'État.
Il s'agit de Tahirou Sarr qui aurait racheté pour trois milliards de francs à la famille Ndoye une créance de 94 milliards de francs que celle-ci prétendait détenir sur l'État. Or, dans cette affaire, l'entité qui a fait l'objet d'une expropriation pour cause d'utilité publique, c'est bien la SAIM Kébé dont une partie du terrain a d'ailleurs été rétrocédée par le même État à la SN-HLM. Il s'y ajoute que, même s'il n'y avait eu que 2.800.000.000 de francs qui avaient été payés, il n'y avait pas de base légale au décaissement de cette somme puisque, aussi bien en première instance qu'en appel, la justice avait annulé l'homologation (qui est l'acte sur lequel l'État doit se fonder pour indemniser) présentée par M. Tahirou Sarr. Rien que ces deux éléments permettent raisonnablement d'installer Mamour Diallo — du moins selon notre humble compréhension — non pas dans la position d'une victime d'accusations gratuites d'Ousmane Sonko mais plutôt dans celle de coupable présumé. Car dans cette affaire, il y a eu bel et bien détournement de deniers publics.
En plus que doublant la superficie frappée d'expropriation — 256 ha au lieu de 125 ha — et en surfacturant le prix du mètre carré — 37.000 francs au lieu du barème légal de 7.000 francs pour la zone concernée —, les auteurs de l'entourloupe auraient sur indemnisé de prétendus expropriés de 85 milliards de nos francs !
Encore une fois, et selon notre humble compréhension, il y a eu détournement de deniers publics dans cette affaire. Peut-être pas de 94 milliards de francs mais bien d'au moins 2,8 milliards de francs. C'est-à -dire un milliard de francs de plus que la somme qui a valu à Khalifa Sall de passer deux ans et demi en prison en plus d'être déchu de son mandat de député et radié de ses fonctions de maire ! Dans ces conditions, évidemment, on voit mal par quelle opération du Saint-Esprit les députés de Benno Bokk Yaakar ont pu blanchir Mamour Diallo. Ils ont sans doute dû utiliser de la poudre de Perlimpinpin pour le soigner des maux qui l'accablent ! Et puis, même si le responsable politique lougatois a été "blanchi" par son camp, cela suffit-il pour délivrer une sorte d'exéquatur des députés aux magistrats ?
Lesquels seraient en quelque sorte tenus de condamner Ousmane Sonko pour diffamation dès lors qu'eux, députés du pouvoir législatif, ont décidé que leur camarade Mamour Diallo est innocent des faits dont on l'accuse. La réponse est non, évidemment. D'abord parce que la justice doit absolument enquêter sur les faits de détournement de deniers publics dont elle est saisie depuis l'année dernière par le patron de Pastef. Surtout qu'il ne cesse de supplier aussi bien la justice, donc, mais aussi l'IGE et l'OFNAC afin qu'on l'entende et qu'on le confronte avec Mamour Diallo pour qu'il livre les preuves dont il dispose. En vain jusqu'à présent. Comme si on ne voulait pas que la vérité éclate dans ce dossier et que les Sénégalais soient édifiés !
Des preuves béton qui font que, justement, Ousmane Sonko ne peut pas ne pas gagner un procès en diffamation qui lui serait intenté. Et ça, c'est un spécialiste des procès en diffamation qui vous l'assure ! Le même, en l'occurrence votre serviteur, ne voit pas comment pour une plainte en diffamation on pourrait jeter en prison le patron de Pastef. Si les juges devaient jeter au gnouf tous les prévenus de ce chef, alors c'est sûr, j'aurais passé la plus grande partie de ma vie en prison ! Je le répète : Mamour Diallo n'a aucune chance de gagner son procès en diffamation contre Ousmane Sonko relativement à cette affaire de détournement. D'ailleurs, je serais à la place du leader de Pastef, j'aurais renoncé de moi-même à mon immunité parlementaire pour aller à ce procès que je serais sûr de gagner.
Risque d'embrasement de la Casamance
Pour le reste, et si tant est que ce serait là le projet du pouvoir qui voudrait administrer la preuve par l'emprisonnement d'opposants de l'expression selon laquelle il n'y aurait jamais deux sans trois, il devrait y réfléchir à deux fois avant d'embastiller Ousmane Sonko. C'est-à -dire un leader politique classé troisième lors de l'élection présidentielle avec un score respectable de presque 16 % des suffrages exprimés. Un leader, surtout, qui porte les espoirs de toute une région ayant pris les armes contre la République depuis 1982 pour combattre la marginalisation dont elle estime être l'objet mais aussi se venger des couleuvres qu'elle avale, des frustrations qu'elle subit. Alors que le gouvernement peine à faire taire les armes en Casamance et à amener les combattants du MFDC (Mouvement des Forces démocratiques de Casamance) à la table des négociations, ce serait suicidaire — en tout cas terriblement contreproductif — d'enfermer à Rebeuss un jeune leader terriblement charismatique et dont l'aura couvre, par-delà cette région, tout le territoire national.
Un leader à travers lequel tous ces enfants perdus de la République vivant dans la forêt casamançaise se retrouvent et par le biais duquel, justement, ils reviennent progressivement dans le jeu démocratique et recommencent à croire aux institutions. Emprisonner Ousmane Sonko, quelle aubaine pour le maquis casamançais ! Ce n'est pas tant qu'il soit lié à ce dernier, mais les jeunes Casamançais, dont le rêve serait tué, pourraient se convaincre que, décidément, il n'y a rien à attendre de ce Sénégal-là qui ne voudrait aucun bien à leur région. Au moment où une colombe comme Abdou Elinkine Diatta vient d'être assassinée dans les conditions que l'on sait, ce serait la pire des conneries que de jeter Ousmane Sonko en prison. Mais nous sommes sûrs que le président de la République, qui a entrepris de pacifier le front social et de décrisper la situation politique nationale, ne va pas suivre les apprentis sorciers de son camp qui voudraient l'entraîner dans un projet aussi éruptif pour ne pas dire aussi inflammable que l'arrestation d'un homme qui a déjà payé pour avoir été radié injustement de la fonction publique. L'honneur d'un Mamour Diallo ne vaut pas un aussi gros risque pour notre pays…