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Effondrements de bâtiments au Sénégal : Chantiers ‘’cent’’ coupables!!!


Rédigé le Vendredi 22 Avril 2022 à 12:36 | Lu 186 fois | 2 commentaire(s)



Les chiffres des bâtiments à démolir font froid au dos. Les immeubles où dalles qui se sont effondrés ont fait beaucoup de victimes. Les décombres des bâtiments sont encore présents sur les lieux des drames. Des familles pleurent encore leurs morts et des victimes traînent à jamais les séquelles. Et pourtant, l’Etat traîne encore le pas quand il s’agit de démolir des immeubles. Seneweb fait focus sur les causes multiples des drames nés de ces effondrements de bâtiments et constructions pas souvent aux normes.


Effondrements de bâtiments au Sénégal : Chantiers ‘’cent’’ coupables!!!
Spéculation foncières, litiges fonciers, les conflits autour des terres et terrains au Sénégal, ont plusieurs noms. Dakar la capitale étouffe, les bâtisses poussent comme des champignons. Paradoxal constat dans un pays où le nombre de pauvres est estimé à près de six millions. Autre constat, les immeubles s'effondrent à tout-va. Les victimes de ces calamités se comptent au pluriel. Les responsabilités très rarement situées. Par estimation, Cent coupables, au tableau des sanctions, sans coupables. La question demeure, où se situe la responsabilité. Malgré les enquêtes et autres dénonciations, le suivi ne se fait pas. L’Etat prononce la sentence mais ne procède pas souvent à l’exécution. La population résiste et fait face au mal (Immeubles en ruine), faute de moyens. Cela, jusqu’au jour où l’irréparable se produit.
 
Beaucoup d’immeuble se sont effondrés, à cause des manquements  nommés entre autres, défauts d’étanchéité, d’enrobage des armatures et d’entretien, de la mauvaise qualité des matériaux et la mauvaise technologie de construction, les surcharges dues à une accumulation en eau de pluie en terrasse ajouté au manque de professionnalisme des ouvriers. De la même manière, il y a 1.446 bâtiments menaçant ruine à travers le pays. Selon le dernier rapport des gouverneurs  de régions cité par le  secrétaire général du ministère de l’Intérieur, ils seront encore plus nombreux dans les prochains mois et années si la situation n’est pas maîtrisée. Pour le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, la validation du rapport de la commission technique sur l’audit général des bâtiments, matériaux et systèmes de construction pour une mise aux normes, marque un nouveau tournant dans cette vaste dynamique d’amélioration continue et de la promotion de la politique de l’habitat et de la construction. 
 
«Au-delà du diagnostic sans complaisance qui a été fait et qui, de par sa portée institutionnelle et instructive, permettra de mieux cerner la problématique d’effondrements de bâtiments, les recommandations fort utiles formulées dans ce rapport, si elles sont mises en Å“uvre, renforceront la qualité, sécurité et durabilité des constructions autorisées» selon le Abdoulaye Saydou Sow. Il a demandé  la révision du code de l’Urbanisme et de la construction à travailler en droite ligne avec la commission technique sur l’audit général des bâtiments pour la prise en charge de la qualité et sécurité.  S’agissant de la problématique des ressources humaines, il a aussi promis des solutions.
 
Conseil architectural et de l’urbanisme, une nécessité quasi-inexistante…
 
Il y a beaucoup  d'erreurs dans la construction. D'abord il faut une planification, autrement l'urbanisme doit  déterminer les lieux où il faut construire, par exemple, tenir compte des inondations, des zones d'eaux. Il y a ensuite la conception, comprendre comment il faut que la construction soit en conformité avec les besoins du propriétaire, il faut réfléchir jusqu'à la manière de vivre dans la maison, explique sans relâche Mbacké Niang, architecte. Il y a des rôles et des responsabilités à des niveaux différents clame-t-il. Il faut une assistance architecturale, il faut un conseil architectural et de l'urbanisme; autrement, il faut que ce service soit créé pour que même ceux qui n'ont pas d'argent puissent aller voir un conseil dans ce service, insiste toujours l’architecte. « En France, ce service existe dans chaque département. Au Sénégal ça devait être le cas, à l’image  des avocats commis d'office. L'État n'a pas les moyens de sa politique même en termes de ressources humaines. Il faut un renforcement des ressources humaines ». Un certificat d'urbanisme, un permis de construire, un certificat de conformité et de démolition sont des documents que l'Etat exige mais ne suit pas à la lettre. La responsabilité est collective.
 
Les faux-experts…
 
Le secteur du bâtiment souffre aussi d’enjeux énergétiques, environnementaux durables, de non-respect des lois sur les bâtiments par ces chefs de chantiers qui inondent le milieu. Les effondrements, les décès et un accroissement important des immeubles mal construits, occupations anarchiques de l’espace public. (A chaque fois qu’on lit sur une construction "arrêt Dscos", c’est qu’il y a problème. Mais devrait-on en arriver là si, le circuit normal était suivi »? S’interroge un chef de chantier à Yoff virage. Selon lui, il y a une déclaration d’ouverture des chantiers mentionnant la nature des travaux qui est cherchée au niveau des mairies pour ne citer que ces documents. Dans le même sillage, sur la construction en tant que telle, Il y a un tonnage à respecter. Les dalles doivent avoir des étanchéités et éviter que l'eau  de pluie reste et  devient plus tard une cause d'effondrement. « Il y a aussi le problème des budgets. En fait, au Sénégal, les propriétaires de maison ont tendance à construire une partie. Parfois ils habitent même et continuent de construire alors qu’en réalité, on commence par la toiture avant le mur. C’est le contraire au Sénégal » notifie Mbacké Niang. Qui ajoute qu’il faut, qu’on introduise la construction en bois et en métallique comme aux USA. Chez nous, on pense que plus on met du béton, plus c’est dur alors que nous devons avoir l’habitude de dalles légères. Le béton c’est dans les fondations et les noyaux des immeubles qu’il doit être selon lui. Mieux, « Toutes les constructions, et principalement les constructions de bâtiments simples et d’immeubles d’habitations, nécessitent l’intervention d’un grand nombre de spécialistes de techniques très variées. Les uns apportent l’essentiel (Fondations, murs plancher et charpente) d’autres les équipements (plomberies, sanitaires, électricités domestiques, climatisations, menuiserie) et d’autres en fin de finition (plâtres) entre autres » lit-on dans le document intitulé, « Module de formation en maçonnerie pour le génie militaire de l’Armée sénégalaise (du 12 juin au 24 août 2017 – Technique de construction) présentée par Dethié Faye, formateur au G15. Seulement, les faux experts ignorent tout cela et sont plus nombreux sur le marché, clame-t-on.
 
L’Etat connaît les causes mais…
 
L’Etat connaît les causes des effondrements pour avoir commandité une enquête sur la question. La restitution est récente. Seulement les spécialistes avaient déjà donné le ton. L’Architecte Mbacké Niang sur un plateau de télévision semblait être dans les secrets des résultats de cette enquête publiée pourtant bien après sa sortie. « On connaît les causes, mais on n’intervient pas à tous les niveaux. On répertorie les bâtiments à démolir mais on ne le fait pas à temps » avait-il dénoncé en revenant largement sur les normes de construction. « L’Etat connaît exactement où il faut construire et où il ne faut pas. Il y a des responsabilités à chaque niveau. Le propriétaire qui construit un immeuble à usage d’habitation qu’il finit par louer à une école ne suit pas les normes. Il en est de même pour celui qui, à la base devait  construire un immeuble à un étage mais, qui en rajoute un chaque fois qu’il en a les moyens. Les gens ont fini par penser  qu’une seule autorisation de construire suffit pour continuer sur plusieurs années à construire. Et c’est là que le caractère répressif de l’Etat doit intervenir. Il faut que les gens le comprennent comme ça et ne pensent pas que l’Etat cherche à les empêcher d’évoluer » a aussi clamé Amadou Thiam, directeur général de la construction et de l’habitat au Sénégal.
 
Abdoulaye Saïdou Sow met à nu la léthargie de l’Inspection générale des bâtiments (IGB)
 
Il est surnommé le démolisseur depuis la sortie de l’enquête par une certaine presse. Seulement il y a encore du chemin avant d’en arriver là. L’inspection générale des bâtiments (igb) est invitée à faire son travail. L’entité doit travailler en synergie avec les maires et les contrôleurs du bâtiment à travers le pays, a dit le ministre. En effet, les conclusions du rapport général sur les effondrements de bâtiments sont claires. Les menaces sont réelles mais il faut aussi attendre selon  le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique que le Chef de l’Etat apprécie. Mieux, tous les acteurs se trouvant sur la chaîne de construction, seront associés au débat. Abdoulaye Saïdou Sow a instruit le comité mis en place à cet effet, de se réunir tous les trois mois afin de travailler en amont sur les risques de ruine et d’effondrements de bâtiments à travers le pays. Selon lui il y a une léthargie, ceux qui doivent communiquer ne le font pas. Et c’est le ministre ou le Chef de l'État qui est interpellé. « Occupez les médias en cas de situation de catastrophes. Le débat est partout, il faut sortir de vos coquilles de haut commis de l’Etat» instruit le ministre à ses services.
 
Effondrements d'immeubles : retour sur quelques drames
 
Nombreux sont les drames nés des effondrements de bâtiments en 2021.
Le plus en vue, un immeuble de deux bâtiments contigus qui s’est effondré dans la nuit de vendredi à samedi  02 octobre. Les faits se sont déroulés à Darou Salama, un quartier de la Rocade Hann-Bel Air, près de Colobane, à Dakar, provoquant au moins deux morts, dont un garçon de 5 ans. De nombreux blessés sont enregistrés dans cet accident survenu aux environs de 3 heures du matin. Ils sont toutefois incapables d’en préciser le nombre. Plusieurs membres d’une grande famille qui habitait l’un des bâtiments ont pu sortir indemnes de l’accident. Des dizaines d’agents des sapeurs-pompiers sont arrivés sur les lieux de l’accident, quelques heures après le drame, pour tenter de sortir les victimes des décombres. Plus de 5 heures après le début des opérations de secours, les sapeurs-pompiers continuaient de s’affairer en fin de matinée, pour secourir les dernières personnes restées sous les décombres. Cela, devant le regard impuissant de parents et proches qui étaient là, debout, ne pouvant rien faire sans savoir si les leurs proches étaient morts ou vivants sous le poids des décombres.
 
Une dalle s'affaisse sur une famille à Dalifor. Un couple et leur fille âgée de 11 ans sont morts suite à l'effondrement de la dalle de leur maison qui menaçait ruine. Le drame est survenu à 4 heures du matin, à la cité Belvédère. En effet, c’est la partie de la dalle au niveau du salon qui s'est affaissée sur les trois personnes. Les trois corps sans vie ont été extirpés des décombres par les sapeurs-pompiers. Alertée, la police est venue sécuriser les lieux. La maison où vivaient les défunts était en état de délabrement très avancée, Elle a été prêtée au couple. Selon les témoins, dans les débris, le couple gisait.  Quelques parties de leurs corps sont aperçues mais rien ne renseigne sur leur état. Des voisins stupéfaits essayent tant bien que mal de libérer la famille qui leur a dit bonsoir la veille en rentrant. Ils n'étaient pas sous la masse mais souffraient d'une impuissance face à l'envie de les libérer. Les sapeurs ne répondaient pas en début de matinée. Quand ils ont fini par répondre, ils ont mis du temps. La police aussi était sur les lieux pour assurer la sécurité. Les faits remontent au mois de juillet.
 
En novembre 2020 une dalle d’un immeuble de deux (2) étages s’est effondrée à la Médina, un quartier de Dakar. Un mort et un blessé, un enfant âgé de 2 ans qui a succombé à ses blessures. Aussi, l’oncle qui voulait sauver son neveu est blessé gravement. En effet, les Ba, témoigne une voisine du nom de Amy Gningue restée dehors jusque tard la nuit, leur grand-mère tenait un petit commerce pour faire vivre la famille. La nuit, il attendait les clients jusqu’à  2 heures. Au moment où la maman du défunt faisait entrer un de ses enfants, le toit est tombé sur la plus petite qui était couchée seule dans la rue ».  Et pourtant, renseigne-t-on, le bâtiment menaçait ruine depuis. Le propriétaire avait même demandé, il y a deux ans, aux occupants de quitter la maison pour leur sécurité (…) ».



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