C’est l’axe du mal à Dakar en ce début d’été. Aux tenues affolantes affichées par les filles pour affronter le grand bleu, People.sn constate que l’ambiance s’électrise au fur et à mesure que le soleil atteint le Zénith.
Il fait 17 heures sur un célèbre camping de la plage de Bceao. L’ambiance est gaie, les baigneurs prennent plaisir dans l’eau, sous les tentes, la musique prend pied, le décor est campé par le style mis en exergue.
Rap, reggae plus loin, les plus discrets préfèrent profiter de l’intimité d’une tente louée à 2000 francs pour passer la journée. Les jeunes qui se tuent au jeu sur la plage, s’occupent peu du farniente et des ébats sous quelques tentes.
Un groupe de jeunes vacanciers cache mal sa bouteille de Whisky et les injonctions du gérant ne suffisent pas pour les décourager.
Les jeunes soulards se laissent aller à même la plage, sous le regard innocent des enfants.
Si les viveurs se retiennent pour la plupart durant la journée, c’est quand les chats sont gris que la débauche s’installe. Alors que les nattes viennent juste d’être ajustées, notre interlocuteur nous conte la seconde partie de la journée, le « tarif Night », une spécialité de la plage Bceao.
« Tarif Night »
« Nous louons pour 3500 à 5000 la nuit. C’est même connu par la police qui passe souvent. Ce n’est pas la même clientèle, quelque fois ce sont des couples sénégalais, sinon des jeunes qui reviennent de boite ou simplement des prostituées qui y amènent leurs clients », crache Badou, appelons-le ainsi, qui niche sur les lieux depuis 12 ans.
« Avec cette période de vacances, on fait le triple du chiffre d’affaires, mais c’est surtout la nuit que les enchères montent. Si c’est un toubab, tu peux même encaisser plus que le prix d’une chambre d’hôtel » raconte-il à People.sn.
Alors que nous quittions les lieux pour voir la température du côté du virage, notre curiosité lèvera le voile sur l’autre facette de la débauche, la revente d’alcool à des prix majorés. Ici, le prix de la bière va du double au triple, et les liqueurs se vendent au détail.
Le Virage de tous les excès
Nichée sur l’une des façades les plus en mer sur l’Atlantique, la plage Virage attire l’attention sur la route de l’aéroport, la réputation du cadre n’a jamais cessé d’alerter, mais c’est encore beaucoup plus grave depuis que des cases sont implantées sur la plage pour héberger des couples.
Vers 20h 30, à notre descente, le décor n’avait rien à voir que celui de Bceao. Ici, comme par hasard, les couples mixtes campent le décor. Beaucoup plus attirés par la fraicheur, ils prennent du bon temps et semblent ne pas se préoccuper du temps. Pendant que de jeunes vacanciers pliaient bagages, une autre catégorie de viveurs débarquaient, avec dans leurs bagages, des travailleuses de nuit, ivres qui font du bruit pour signaler leur présence.
Renseignement pris, elles squattent les lieux et exercent aux Almadies, mais elles ont pied à terre sur la plage ou elles nichent depuis des mois.
Nabou, approchée par le reporter de People.sn, trouvera banal de dormir sur la plage. Déjà qu’elle n’habite pas Dakar, c’est une opportunité offerte par une connaissance qui vit ici, avec son mari.
Selon Nabou, elles sont quatre à occuper la case mais elles permutent les heures et évitent de se rassembler pour ne pas tomber lors des rafles.
Détentrices de cartes, elles assument leur statut mais savent bien qu’elles vivent dans l’insécurité, bien des évènements malheureux et sont déjà produits sur les lieux.
Un interlocuteur discret, gérant de bistro, évoque les vrais maux qui gangrènent les lieux. « Tous les jours, des vols sont signalés et la nuit, c’est même des agressions. La plage est devenue le repère des bandits et prostituées et ils font leurs sales besognes même sur nos tables. »
Même si la police passe souvent pour fouiller les lieux, notre source croit que c’est plutôt des brigades de veille qu’il faut avec une interdiction ferme de boire l’alcool devant les enfants.
Le veilleur de nuit, vigile d’une société de gardiennage de la place, estime que ce sont les filles qui sont la proie des agresseurs mais le trafic de drogue est aussi une source d‘inquiétude pour lui qui travaille à des heures tardives.
PEOPLE.SN