Le texte, révélé par le quotidien britannique The Guardian, affirme que des militaires ont abusé de mineurs en «échange d’argent ou de nourriture». Les faits se seraient déroulés à Bangui en décembre 2013 et juin 2014. La capitale centrafricaine était alors la proie d’intenses combats entre les miliciens chrétiens anti-Balaka et musulmans de la Sélaka. Des centaines de milliers de civils avaient alors fui leur maison pour se cacher sur l’aéroport de M’Poko à Bangui. C’est dans ce camp de réfugiés que les viols auraient eu lieu.
Des victimes âgées de 9 ans
Les enquêteurs ont recueilli plusieurs témoignages d’enfants, dont certains âgés de 9 ans, racontant les sévices dont ils ont été victimes. Le rapport, estampillé «confidentiel» est extrêmement détaillé, selon le Guardian. Un garçon de 9 ans raconte ainsi avoir été agressé sexuellement par deux soldats alors qu’il était à un check point dans l’espoir de trouver quelque chose à manger. Les victimes, très choquées, ont néanmoins pu donner des descriptions précises de certains violeurs.
Rédigé à l’été 2014 par une équipe des Nations unies, le rapport est très longtemps resté secret. L’enquête semblait s’enliser laissant craindre qu’aucune sanction ne soit prise. «Les abus sexuels par les forces de maintien de la paix couverts par les Nations unies montre un mépris des victimes. Mais l’affreuse vérité est que ce n’est pas rare. Le manque de réaction de l’ONU aux abus sexuels commis par ses membres doit faire l’objet d’une enquête», assure Paula Donovan, de l’ONG Free World.
Anders Kompass, un travailleur humanitaire de l’ONU, en poste à Genève, lassé de ce manque de volonté, a finalement décidé de son propre chef de saisir les autorités françaises. Ces dernières ont depuis ouvert une enquête sur les viols, en coopération avec les Nations unies. Plus étonnant, Anders Kompass est lui aussi la cible d’une enquête de l’ONU. On lui reproche d’avoir diffusé le rapport, ce qui pourrait lui valoir un licenciement.
Les Nations unies ont déjà du faire face à plusieurs scandales de pédophilie dans ses rangs lors d’opération de maintien de la paix. La révélation de ces viols pourrait rendre plus difficile la mission de la France en Centrafrique où 1000 soldats français sont toujours stationnés.