8 mars oblige, on célèbre les femmes et, par conséquent, leur Histoire. Dans l’ombre de l’homme et ses guerres, les femmes ont sans cesse lutté pour faire valoir leurs droits. Malheureusement, comme souvent, il a fallu une tragédie mortelle de grande ampleur pour faire évoluer les mentalités.
Pendant que l’Europe reste un brasier très fragile, les Etats-Unis semblent être la nouvelle terre d’accueil de ce monde. En figure de proue, de nombreux migrants venant de l’Europe du Sud (Italie) ou de l’Est (Pologne) s’installent sur le Nouveau Continent dans l’espoir d’une vie meilleure, en théorie. En pratique, pour accéder au rêve américain, il faut travailler dur.
Nous sommes le 25 mars 1911 et la journée de travail touche pratiquement à sa fin dans l’usine Triangle Shirtwaist à New York. Cette usine, qui occupait les trois derniers étages de l’Ash Building (aujourd’hui Brown Building), faisait partie des nombreux bâtiments affiliés à l’industrie du textile et employait de nombreuses femmes migrantes. Au total, à New York, on comptait 80 000 ouvrières et ouvriers, employés dans des conditions de travail très précaires, dans ces usines de vêtements !
Cet atelier contenait deux portes de sortie, mais l’une d’entre elles était fermée à l’initiative des propriétaires, Max Blanck et Isaac Harris, afin d’éviter les larcins. Quelques minutes avant la fin de la journée, un incendie soudain ravage la fabrique et mène 146 femmes vers une mort inévitable. Sur ces 146 victimes, 129 sont des jeunes immigrées. Parmi les victimes, 50 femmes ont même préféré sauter, se tuant dans leur chute…
Ce terrible drame engendre un choc social au sein de la société américaine. En dépit de l’absence totale de normes de sécurité, les deux propriétaires ne doivent s’acquitter que d’une amende auprès des familles de victimes. Le scandale est donc tout aussi inévitable et l’association « National Women’s Trade Union League », le principal mouvement ouvrier féminin relance le débat.
L’ouverture d’un nouveau dialogue, les femmes prennent la parole
La militante Rose Schneiderman prononce alors ce discours le 2 avril 1911, lors du mémorial en hommage aux victimes, face à 400 000 New-Yorkais : « Ce que la femme qui travaille revendique, c’est le droit de vivre, pas seulement d’exister. La femme qui travaille doit avoir du pain, mais elle doit aussi avoir des roses. »
Témoin de l’incendie, Frances Perkins, jeune femme politique, devient la chef de file d’une commission d’investigation sur les conditions de sécurité dans l’industrie, mais aussi sur le travail des enfants, le salaire minimum et les conditions d’hygiène. Secrétaire au Travail de 1933 à 1945, faisant d’elle la première femme à siéger au Cabinet présidentiel, elle considère ce tragique événement comme le point de départ du New Deal. En effet, après la tragédie du 25 mars 1911, ce sont 63 lois sociales qui ont vu le jour dans la ville et l’Etat de New York…
Le début du XXème siècle correspond alors à un tournant décisif dans la lutte pour les droits des femmes partout dans le monde. En 1910, lors de la conférence internationale des femmes socialistes qui se tenait à Copenhague, une journaliste allemande, Clara Zetkin, propose pour la première fois une journée dédiée aux droits des femmes.
Finalement, c’est en Russie que naît véritablement la journée internationale des femmes. Le 8 mars 1917, une manifestation organisée par des femmes ouvrières russes de Saint-Pétersbourg devient le point de départ de la révolution bolchevique face au Tsar. Cette date devient alors un symbole pour les femmes du monde (et les partis communistes) pour se mobiliser.
Cependant, il faudra attendre 1975 pour que les Nations Unies officialisent le 8 mars comme journée des droits de la femme alors qu’en France, il faut attendre 1982 et la présidence de François Mitterrand pour instaurer cette date dans le calendrier français. À l’époque, le premier Ministère des Droits des Femmes voit le jour lorsque Pierre Mauroy est Premier Ministre du gouvernement.
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