En effet, au Volume 1/A, Tome 3, on rapporte un nombre de chefs religieux à l’instar de El Hadji Abdoulaye Niasse de Kaolack et Mame Ahmadou Sakhir Ndieguene de Thiès comme appartenant à l’école d’El Hadji Malick Sy. Le Professeur Iba Der Thiam, le coordinateur du projet, fit une sortie pour reconnaitre l’erreur tout en soulignant ce qui ils entendaient, lui et ses collaborateurs, par le mot école. Puis il s’excusa auprès du public en disant qu’il insinuait par ‘école’, une doctrine ou vision partagée entre ces chefs religieux.
Cet article ne vise pas à jouer le rôle d’arbitre, encore moins d’entretenir la prétention d’infirmer ou de confirmer les faits avancés, car la question est en train d’être traitée par les acteurs concernés. J’essaie ici de réfuter les allégations de certains commentateurs, journalistes, ou des anonymes qui semblent vouloir rejeter l’idée qu’El Hadji Malick aurait une quelconque école, même dans le sens doctrinaire.
Il est évident que son école, entendue comme Daara ou lieu d’enseignement, n’a jamais été remise en question par les commentateurs de bonne foi. Ce dont certains doutent, c’est l’existence d’une doctrine ou démarche idéelle, pour ne pas dire idéologique, qui singulariserait Seydil Hadji Malick de ses pairs. Nous arguons avec fermeté et preuves à l’appui, qu’effectivement, Maodo a su développer sa vision propre, enracinée dans les fondements de l’islam et de la tariqa Tijane. Les éléments qui soutiennent la doctrine ou l’école de Maodo, peuvent être élaborés à travers trois axes principalement.
Le premier axe, c’est son rapport avec les traditions archaïqueset les ceddo. Seydil Hadji Malick a articulé de manière sans équivoque, son appréhension à l’endroit de certaines traditions et des ceddo (qui par ailleurs ont causé la mort de Mame Ousmane Sy, son père). Il est l’un des rares chefs religieux à avoir réfuté à haute voix,
l’existence de DËMMU ou anthropophagie. Cette distinction subtile entre Jinn et Anthropophage n’a pas été bien clarifiée, en tout cas à notre connaissance, avant lui. Il conseillait également ses pairs dans l’expansion de l’islam, à durcir les conditions d’apprentissage de leurs disciples, afin de trier la bonne graine de la mauvaise, c’est-à-dire de chasser les ceddo récalcitrants qui cherchaient de nouveaux espaces d’épanouissement et d’expression, aprèsl’effondrement des cours royales.
A cet effet, Seydil Hadji Malick Sy mit en place un régime très sévère et hostile aux ceddo, lesquels finissaient par fuir son Daara. Cette pratique a certainement existé dans des écoles soufies antérieures, mais sa théorisation et sa mise en pratique au Sénégal reviennent largement au cheikh. La méfiance de Maodo par rapport aux pratiques traditionnelles ou Aada, est bien explicitée par Cheikh Tidiane Sy Al Maktoume dans ses causeries.
Le deuxièmes axe concerne une pratique rituelle dans la tariqa Tijane, à savoir la wazifa, un des piliers de la voie. Seydil Hadji se démarqua de ses maîtres, El Hadji Omar Tall et Muhammad Hafiz, en instaurant les deux séances de wazifa, une pratique que Cheikh Ahmad Tijani, le fondateur a simplement recommandé, mais n’a pas exigée de manière obligatoire à ses Talibés.
Aujourd’hui, si ces deux séances de wazifa sont populaires au Sénégal, c’est grâce à Seydil Hadji Malick. Initiées à Njarnde, les deux séances avaient pour objectif de réduire le temps libre qu’avaient les disciples après les moments de pause, en s’adonnant aux discussions inutiles.
Le troisième et dernier axe est relatif à quelques règles de la jurisprudence islamique. Seydil Hadji Malick est le premier savant religieux au Sénégal, à faire l’ijtihad sur le prélèvement de la Zakat sur l’arachide. Avant lui et même jusqu’à présent, certains foyers religieux ne sortent pas la zakat sur l’arachide. Lors de son pèlerinage, il en avait échangé avec d’autres ulémas qui confortèrent son raisonnement déductif, s’appuyant sur des graines similaires.
Il a aussi accepté l’usage du télégramme à son époque pour annoncer l’apparition du croissant lunaire pour les fêtes de Eid etc. Par conséquent, Seydil Hadji Malick a su mettre sur pied, à travers des efforts intellectuels soutenus, basés sur la recherche, la concertation et l’ijtihad, une démarche pédagogique, une doctrine qui le distingue de ses pairs et des anciens dans le pays.
Les disciples et sympathisants qui lui font confiance continuent à suivre cette école de pensée, portée et redorée par ses khalifes et sa famille spirituelle. Tout chercheur avide de détails pourrait recourir aux ouvrages phares de Seydil Hadji Malick, comme Faakihatul Tullab, Kifayat ar – raghibîn, et Ifham al munkiru jaani.
Dr. Cheikh Tidiane Lô
Cet article ne vise pas à jouer le rôle d’arbitre, encore moins d’entretenir la prétention d’infirmer ou de confirmer les faits avancés, car la question est en train d’être traitée par les acteurs concernés. J’essaie ici de réfuter les allégations de certains commentateurs, journalistes, ou des anonymes qui semblent vouloir rejeter l’idée qu’El Hadji Malick aurait une quelconque école, même dans le sens doctrinaire.
Il est évident que son école, entendue comme Daara ou lieu d’enseignement, n’a jamais été remise en question par les commentateurs de bonne foi. Ce dont certains doutent, c’est l’existence d’une doctrine ou démarche idéelle, pour ne pas dire idéologique, qui singulariserait Seydil Hadji Malick de ses pairs. Nous arguons avec fermeté et preuves à l’appui, qu’effectivement, Maodo a su développer sa vision propre, enracinée dans les fondements de l’islam et de la tariqa Tijane. Les éléments qui soutiennent la doctrine ou l’école de Maodo, peuvent être élaborés à travers trois axes principalement.
Le premier axe, c’est son rapport avec les traditions archaïqueset les ceddo. Seydil Hadji Malick a articulé de manière sans équivoque, son appréhension à l’endroit de certaines traditions et des ceddo (qui par ailleurs ont causé la mort de Mame Ousmane Sy, son père). Il est l’un des rares chefs religieux à avoir réfuté à haute voix,
l’existence de DËMMU ou anthropophagie. Cette distinction subtile entre Jinn et Anthropophage n’a pas été bien clarifiée, en tout cas à notre connaissance, avant lui. Il conseillait également ses pairs dans l’expansion de l’islam, à durcir les conditions d’apprentissage de leurs disciples, afin de trier la bonne graine de la mauvaise, c’est-à-dire de chasser les ceddo récalcitrants qui cherchaient de nouveaux espaces d’épanouissement et d’expression, aprèsl’effondrement des cours royales.
A cet effet, Seydil Hadji Malick Sy mit en place un régime très sévère et hostile aux ceddo, lesquels finissaient par fuir son Daara. Cette pratique a certainement existé dans des écoles soufies antérieures, mais sa théorisation et sa mise en pratique au Sénégal reviennent largement au cheikh. La méfiance de Maodo par rapport aux pratiques traditionnelles ou Aada, est bien explicitée par Cheikh Tidiane Sy Al Maktoume dans ses causeries.
Le deuxièmes axe concerne une pratique rituelle dans la tariqa Tijane, à savoir la wazifa, un des piliers de la voie. Seydil Hadji se démarqua de ses maîtres, El Hadji Omar Tall et Muhammad Hafiz, en instaurant les deux séances de wazifa, une pratique que Cheikh Ahmad Tijani, le fondateur a simplement recommandé, mais n’a pas exigée de manière obligatoire à ses Talibés.
Aujourd’hui, si ces deux séances de wazifa sont populaires au Sénégal, c’est grâce à Seydil Hadji Malick. Initiées à Njarnde, les deux séances avaient pour objectif de réduire le temps libre qu’avaient les disciples après les moments de pause, en s’adonnant aux discussions inutiles.
Le troisième et dernier axe est relatif à quelques règles de la jurisprudence islamique. Seydil Hadji Malick est le premier savant religieux au Sénégal, à faire l’ijtihad sur le prélèvement de la Zakat sur l’arachide. Avant lui et même jusqu’à présent, certains foyers religieux ne sortent pas la zakat sur l’arachide. Lors de son pèlerinage, il en avait échangé avec d’autres ulémas qui confortèrent son raisonnement déductif, s’appuyant sur des graines similaires.
Il a aussi accepté l’usage du télégramme à son époque pour annoncer l’apparition du croissant lunaire pour les fêtes de Eid etc. Par conséquent, Seydil Hadji Malick a su mettre sur pied, à travers des efforts intellectuels soutenus, basés sur la recherche, la concertation et l’ijtihad, une démarche pédagogique, une doctrine qui le distingue de ses pairs et des anciens dans le pays.
Les disciples et sympathisants qui lui font confiance continuent à suivre cette école de pensée, portée et redorée par ses khalifes et sa famille spirituelle. Tout chercheur avide de détails pourrait recourir aux ouvrages phares de Seydil Hadji Malick, comme Faakihatul Tullab, Kifayat ar – raghibîn, et Ifham al munkiru jaani.
Dr. Cheikh Tidiane Lô