Blanchiment de capitaux volés: Une mafia pompe 1,9 milliard à la MTOA


Rédigé le Samedi 29 Avril 2017 à 22:02 | Lu 205 fois | 0 commentaire(s)



L’affaire de la MTOA est plus vaste que ce qui a été écrit. 1,9 milliard a été soustrait et blanchi selon l’enquête de la Division des investigations criminelles (Dic).


Blanchiment de capitaux volés: Une mafia pompe 1,9 milliard à la MTOA
Le 21/12/2016, la DIC a été saisie d’une plainte contre Inconnus formulée par le sieur Yann Foudrignez, Directeur général de la MTOA, pour des fait sde vols répétés, portant sur des cartons de cigarettes de marques « Excellence » et « Houston ». Sans pour autant être formel, le plaignant a dit suspecter l’implication des agents de sécurité, notamment ceux de faction de nuit, dans la commission des faits dénoncés. Il a sollicité l’ouverture d’une enquête aux fins de déterminer les circonstances dans lesquelles les auteurs de ces actes,ont pu commettre leur forfait malgré le dispositif de sécurité mis en place et constitué de vigiles, se relayant 24 heures/24 et de vidéo-surveillance. 

Enfin, le sieur Foudrignez a promis d’indiquer ultérieurement, le préjudice total subi par son entreprise dans cette affaire. Au commencement était une plainte de Yann Foudrignez. En confirmant les termes de la plainte, Auriault Jean Guy Raymond, Directeur de l’usine à la MTOA, a d’abord expliqué que la MTOA est une société anonyme, filiale du Groupe Impérial Tobacco (GIT), ayant son siège social au Km 2,5, Bd du centenaire de la commune de Dakar. Il a révélé que le GIT, représenté dans 10 pays d’Afrique, dont le Sénégal, est spécialisée dans la fabrication de cigarettes des marques Houston, Excellence et Excellence Menthol. 

L’usine fonctionne, de 07 heures à 23 heures et tous les jours sauf dimanche. Il a précisé qu’il existe trois (03) issues dont les entrées et sorties sont filtrées par des agents de la société de gardiennage « Vigassistance ». Poursuivant ses révélations, cette autorité a dénoncé l’existence de vols répétés au sein de leur structure, depuis des mois. Il a révélé que pour parer à cette situation, elle a fait installer des caméras de surveillance tout autour du site. Mais que, malgré ce dispositif, les faits de vol persistent. 

Il a aussi précisé que plusieurs coupures d’électricité suspectes, surviennent pendant la nuit, rendant ainsi les caméras de surveillance inopérantes. Continuant ses déclarations, le plaignant a affirmé que ces vols sont constatés après chaque montée de la brigade de nuit, dont le chef de poste est le nommé Moussa Sow. Et certains enregistrements vidéo mettent en évidence des comportements suspects des agents de ladite brigade, relevant de la société de gardiennage « Vigassistance », avant la rupture de l’alimentation en électricité. 

Il a fait un lien entre les délestages certainement provoqués et les cas de vols constatés, le lendemain. Toutefois, il a dit suspecter les vigiles de faciliter la tâche aux auteurs de ce trafic en leur ouvrant les accès, dont ils sont chargés de la surveillance et en coupant le courant, rendant les caméras de surveillance inactives. 

« Vigassistance » éclaboussée par ses agents 

Convoqué et entendu, le nommé Moïse Ngom, responsable de la salle de vidéo-surveillance, a déclaré lors de son premier séjour à la MTOA,  en qualité de vigile et chef de poste, de nombreux cas de vols y avaient été commis, dont certains auteurs ont été arrêtés. Pour mettre un terme à ces vols et trafics, les autorités administratives de la MTOA, en rapport avec ses chefs hiérarchiques, ont décidé de l’envoyer, à nouveau dans cette structure, où il a pris service le 05/01/2017. 

Continuant sa version des faits, il a constaté qu’en visionnant les enregistrements, des coupures dues à l’interruption de l’alimentation en électricité. Sur ce, il a demandé à la Direction d’isoler la source d’alimentation du circuit électrique et d'installer des onduleurs de relais dans son bureau pour parer à auxdites coupures, ce qui a été fait. Depuis lors, les cou- pures provoquées, ont cessé. 

En analysant certains enregistrements vidéo, il a noté que les vigiles se dirigeant d’abord vers les caméras, obstruaient leurs objectifs à l’aide de tissu, empêchant ainsi de prendre des images. Interpellé sur ses rapports avec Mamadou Diop, le sieur Ngom dira l’avoir connu lors de son premier séjour et depuis lors, ils ont gardé des contacts. Cité nommément par les vigiles, comme étant l’acolyte de Mamadou Diop, le nommé Boubacar Barry a été convoqué et entendu. Lors de son interrogatoire, il a confirmé les propos de vigiles et déclaré qu’il opérait avec Mamadou Diop qui, selon lui, est le principal instigateur. Il a soutenu que ce dernier sollicitait ses services pour qu’il fasse le guêt devant l’entrée principale, pendant qu’il entrait prendre les cartons de cigarettes, contre une commission variant entre 20.000 et 50.000 FCFA. 

Convoqué et interrogé sur les différents cas de vols, objet de la plainte, Moussa Sow, chef de poste de la brigade de nuit, après quelques tergiversations, est passé aux aveux. Il a alors révélé avoir été abordé par Mamadou Diop, employé à la MTOA, lequel a sollicité son concours au trafic qui existe dans l’usine, consistant à subtiliser des cartons de cigarettes. Ce dernier lui a dit que son rôle consisterait à permettre l’accès du véhicule devant transporter le butin,dans l’usine, enlevant la barrière électronique, moyennant une contrepartie financière. 

Poursuivant, M. Sow, après avoir douté, a fini par adhérer à cette proposition en briefant ses agents dans ce sens. Seulement, seuls les nommés Mamadou Ndong, Pierre Benjamin Sadio, Mamadou Lamine Goudiaby, ont accepté d’y prendre part. Apportant plus de précisions, il a affirmé que ce sont Boubacar Barry et Mamadou Diop qui passaient tard dans la nuit prendre des cartons de cigarettes, à bord d’un véhicule type 4x4, de couleur rouge que conduisait le second cité. Il a dit qu’à chacune de leur arrivée nocturne à l’usine, il levait la barrière électronique, leur permettant d’accéder à la fabrique. 

Après chaque passage, le sieur Diop lui remettait une commission variant entre 75.000 et 230.000 FCFA, qu’il partageait avec les autres membres de la brigade, susnommés, à savoir Mamadou Ndong, Pierre Benjamin Sadio, Mamadou Lamine Goudiaby. 

S’agissant des caméras de surveillance, le chef de poste Moussa Sow a soutenu que Mamadou Diop l’avait rassuré, en lui disant qu’il ne courait aucun risque car tout le personnel serait impliqué dans ce trafic, même ceux de la vidéo-surveillance. Interrogés tour à tour, sur les charges portées à leur encontre par leur chef de poste, les sieurs Mamadou Ndong, Pierre Benjamin Sadio et Mamadou Lamine Goudiaby, les ont tous reconnues. Ils ont été unanimes sur le fait qu’ils recevaient de l’argent de Moussa Sow, variant entre cinq mille (5.000) et quarante-cinq mille (45.000) FCFA après chaque passage de Boubacar Barry et Mamadou Diop. 

Mamadou Diop, cité par les vigiles de la brigade de nuit, a été interpellé et entendu sur procès-verbal régulier. Au cours de son interrogatoire, il a d’abord expliqué les circonstances dans lesquelles il a intégré la MTOA Dakar, le 01/09/1999, sur recommandation, en qualité d’opérateur-régleur, avec un salaire mensuel de cinq cent mille (500.000) F CFA. 

Blanchiment de capitaux 

Par ailleurs, répondant aux accusations portées contre sa personne, celui-ci les a reconnues. Tentant de trouver une excuse à ses activités délictuelles, il a indiqué avoir trouvé ce genre de trafic dans l’usine, depuis sa prise de service. Il s’est empressé de citer nommément ses collègues impliqués, à savoir Cheikhna Gadiaga, Moustapha Kadam, Aliou, Daouda Ndiaye, Ngagne Sall, Omar ben Khatab, Demba Mody Ndiaye, Alphousseyni Diallo, Moustapha Thiam, travaillant respectivement au département de la Fabrique, à la Salle des Masses et à la Préparation générale. Revenant sur ses rapports avec les agents de sécurité de la brigade de nuit, dirigée par Moussa Sow, il dira qu’effectivement, il collabore avec eux dans la commission de ces forfaits, notamment avec ce dernier mais aussi Mamadou Ndong, Aliou Camara, Pierre Benjamin Sadio, Ibrahima Nguer et Mamadou Lamine Goudiaby. 

Il a confirmé les déclarations de Sow, relativement au versement entre ses mains d’une commission variant entre 150.000 et 200.000 FCFA, dont il se chargeait du partage avec ses éléments, à sa guise. Apportant plus de précisions quant au mode opératoire utilisé pour parvenir à cette fin, il a révélé que ses collègues impliqués, travaillant dans la Fabrique, en qualité de conducteurs et d’aide-conducteurs, au cours de la production, dépassent les quantités commandées parla Direction, en isolant deux (02) à trois (03) cartons de cigarettes par machine (au nombre de 04), soit dix (10) cartons. Ce surplus de production est alors mis de côté, en attendant la nuit pour leur enlèvement frauduleux. 

Citant nommément ses collègues s’adonnant à de telles pratiques, il a affirmé qu’il s’agit de : Cheikhouna Gadiaga, Alioune Sow, Daouda Ndiaye, Ngagne Sall, Alfouseyni Diallo, Malick Diouf, Moustapha Thiam, Joseph Gomis, Souleymane Bodian, Issa Thiam, Kaloko Bangoura, Salifou Camara, Moussa Sy, Amadou Sara Sall, Antoine Jean Marie Diouf, Ibrahima Diagne, Aminata Mané Athié, Amadou Lamine Diagne, Pathé Faye, Massar Sow, Médoune Ndiaye, François Andre Niandio, Laye Sadio, Daouda Ndione, Alassane Dieng, Ibrahima Dieye, Tafsir et Nango Sy. 

Mafia story  

Interpellé sur la destination des cartons de cigarettes dérobés au préjudice de sa société, le nommé Mamadou Diop a révélé les vendre à un commerçant dénommé Mamadou Woury Ba, établi au croisement « Béthio », à Guédiawaye, au prix unitaire de deux cent quinze mille (215.000) F CFA, lui cédant approximativement cent trente (130) cartons. Une perquisition effectuée au domicile du nommé Mamadou Diop, a permis d’y découvrir un véhicule 4x4, de marque Hyundai, série Santa-Fé, de couleur rouge, immatriculé DK-1566-AE, ressemblant fortement à celui déclaré être utiliser par les mis en cause pour le transport de leur butin. 

Interpellé sur cette découverte, le maître des lieux a confirmé les soupçons. Il y était découvert aussi trois (03) autres véhicules, dont deux (02) Hyundai Ix 35 et Tucson et une (01) de marque KIA Sorento. Se prononçant sur ces quatre (04) véhicules, Mamadou Diop a dit que parallèlement à ses activités professionnelles à la MTOA, il s’adonne aussi au commerce (Alimentation générale) et à la location de voitures. Il a confirmé être propriétaire de toutes ces voitures provisoirement saisies pour les besoins de l’enquête et immobilisées dans les locaux du service, en attendant une décision de justice. 

Interpellé sur son patrimoine, il a déclaré qu’en dehors des véhicules sus indiqués, il possède une parcelle de 150 m², sis à la cité MTOA à Rufisque. Pour mieux déterminer son patrimoine, des réquisitions ont été adressées aux banques de la place, à la conservation foncière, à la Direction des Transports Terrestres et à l’APIx. 

Interpellé et interrogé sur les charges portées à son encontre par Mamadou Diop, le nommé Mamadou Woury Ba les a reconnues. Une perquisition systématique, opérée dans son commerce, a permis de découvrir neuf (09) cartons de cigarettes de marque Excellence. Il a déclaré que lesdits cartons constituent la dernière livraison par ce dernier, vendus au prix de deux cent dix mille (210.000) FCFA l’unité. Toutefois, il s’est empressé de nier l’origine délictuelle de ces marchandises. Lesdits cartons de cigarettes ont été saisis pour les besoins de l’enquête. 

Dans la même veine, Ngagne Sall, Moustapha Thiam, Alfouseyni Diallo,Omar ben Khatab et Demba Mody Ndiaye ont été convoqués et entendus sur procès-verbal régulier. Ils ont tous nié en bloc les faits portés à leur charge, quand bien même ils aient été cités par le nommé Mamadou Diop, comme faisant partie des auteurs de ce trafic. Ils ont tous soutenu sans convaincre, qu’ils recevaient des sommes d’argent des mains de Cheikhna Gadiaga, présentement en congé, sous forme de prêts, qu’ils affirment avoir remboursés. 

En raison des divergences notées dans leurs déclarations respectives, une confrontation a été organisée entre M. DIOP et le commerçant. Au cours de celle-ci, ce dernier a soutenu sans convaincre qu’il ne connaissait pas l’origine illicite des cartons de cigarettes, que lui vendait sans facture le premier cité. Mamadou Diop est revenu sur le prix auquel il cédait le carton de cigarettes à savoir 210.000 FCFA, le carton. Il a aussi été organisée une confrontation entre le nommé Mamadou Diop et les nommés Ngagne Sall, Moustapha Thiam, Alfouseyni Diallo, Omar ben Khatab et Demba Mody Ndiaye. Au cours de celle-ci, ses collègues ont tous maintenu leurs dénégations quant à leur implication dans ce trafic. Les neuf (09) cartons de cigarettes saisis dans le magasin de Mamadou Woury Ba, ont été placés sous scellés. Quant aux quatre (04) véhicules trouvés au domicile du nommé Mamadou Diop, ils sont immobilisés dans les locaux du service, en attendant une décision de justice. 

 source Libération
 
 


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