Née au Sénégal il y a 39 ans, Mariéme Jamme est aujourd’hui à la tête de Spotone global solutions, qui aide les entreprises technologiques à s’implanter en Afrique, en Europe ou en Asie.
En parallèle, cette blogueuse et entrepreneuse sociale a développé Africa Gathering (le rassemblement de l'Afrique), et soutient les Africaines qui veulent monter leur entreprise.
Elle était invitée du Women’s forum de Deauville, repérée comme « talent en pleine ascension ».
« Le problème en Afrique, c’est que contrairement à l’Europe, il n’y a pas l’écosystème pour monter son entreprise. Appelons cela la base de la pizza, sourit-elle : des banques, des conseils…
Là -bas, il y a la farine et l’eau, alors je les aide à en faire une pâte à pizza ! » Mariéme Jamme est une femme de caractère. Née au Sénégal il y a 39 ans, elle décide de venir en France à la mort de son père. Elle a une vingtaine d’années. « J’ai fait tous les petits boulots possibles dans les restaurants etc. mais j’étais déjà ambitieuse. »
Elle reprend ses études et décroche un master en communication/marketing. Mais les débuts sur le marché de l’emploi sont difficiles… « Je me rappelle qu’une femme d’une agence d’interim a jeté mon CV à la poubelle en me disant de faire ce que je savais faire : le ménage. »
Elle trouve finalement un contrat à durée déterminée à l’Alliance française et part ensuite à Londres pour améliorer son anglais.« Là -bas, du jour au lendemain, j’ai trouvé un emploi dans une banque », se souvient-elle. « Le climat était beaucoup moins raciste qu’en France alors j’ai décidé de rester. » Elle vit toujours là -bas.
« Montrer qu’en Afrique il y a de vraies opportunités »
Elle gagne très bien sa vie puis elle tombe enceinte, et décide de travailler chez elle pour s’occuper de son bébé. Elle crée sa propre entreprise, Spotone solutions. Le concept ? « On conseille les entreprises technologiques qui veulent s’implanter en Europe, en Afrique…
On organise des événements sur place, on rencontre en amont les gouvernements… Je voulais aussi montrer qu’en Afrique, il y a de vraies opportunités. » L’entreprise compte aujourd’hui 16 salariés -dont 60 % de femmes- et « roule » presque seule.
Si bien que Mariéme a maintenant du temps, qu’elle consacre aux femmes africaines avec Africa Gathering : « En étant dans la diaspora, on n’entend pas beaucoup parler de l’Afrique de façon positive. Là , je m’occupe de l’agriculture, des femmes… L’idée, c’est de partager les bonnes idées. » Elle est persuadée que les nouvelles technologies changent le monde et la vie des femmes, en les éduquant.
Par ailleurs,« les téléphones portables permettent maintenant aux Africains de savoir où se trouve le bureau de vote le plus proche, à organiser le travail dans les champs, à anticiper la météo… »
Et elle fait du « mentoring » : « J’aide les femmes à créer leur entreprise. Elles en ont l’envie mais elles manquent de conseils. Je parle avec les gouvernements pour leur faciliter la vie, je convaincs les investisseurs pour qu’ils les suivent… J’essaye de contribuer au développement de l’Afrique. »
Virginie ÉNÉE.