Assane Kamara, un fils d’un ancien diplomate sénégalais devenu jihadiste


Rédigé le Jeudi 10 Novembre 2016 à 11:43 | Lu 226 fois | 0 commentaire(s)




Assane Kamara, un fils d’un ancien diplomate sénégalais devenu jihadiste
Selon les informations de Libération, les autorités sénégalaises et canadiennes ont pu établir des liens avérés entre Assane Kamara, écroué à Dakar pour terrorisme présumé et un groupe de trois jeunes canadiens qui ont rallié l’Etat islamique. Ils étaient tous dans la même université à Sherbrooke avant de basculer dans le radicalisme religieux.

L’un d’eux Samir Halivovic a échangé plusieurs messages avec Assane Kamara alors que ce dernier était au Sénégal pour préparer son visa pour la Syrie en passant par la Turquie. Ces messages, parfois codés, interceptés par les enquêteurs canadiens corsent le dossier d’Assane Kamara, fils d’un ancien diplomate sénégalais promis à un avenir radieux. 

  

C’est l’important travail de renseignement de la police sénégalaise qui aura été à la base de l’arrestation d’un compatriote radicalisé qui intéresse aujourd’hui fortement les autorités canadiennes qui ont pu établir plusieurs connections entre lui et des Canadiens ayant rejoint l’Etat islamique. 

Fin janvier 2016, la Division des investigations criminelles (Dic) a intercepté à Sacré-CÅ“ur Assane Kamara, fils d’un ancien diplomate et étudiant en économie à l’Université de Sherbrooke (Quebec). Quelques jours auparavant, Assane Kamara était refoulé de la Tunisie d’où il comptait rallier les bastions de l’Etat islamique en Syrie. 

Une mère qui dénonce son fils pour le sauver de ses tentations terroristes 

Peu avant cette arrestation, A. Lô, mère de Assane Kamara s’était présentée dans les locaux de la Dic pour signaler la «transformation» de son fils depuis son séjour en Tunisie. D’ailleurs, elle ajoutera qu’à son retour au Canada, son fils fréquentait des Afghans et des Pakistanais dans une sorte de mosquée baptisée «Sahaba » où, son rejeton devenu imam, prêchait le jihad, pour ne pas dire la lutte armée contre les «mécréants». 

Elle précisera que son fils aurait été recruté par le nommé Atoumane Sow pour le compte d’un certain Shamin Abdoul qui aurait même financé le voyage de son fils. Cette déposition en main, les éléments de la Dic signalent aussitôt Assane Kamara aux policiers de l’aéroport qui le mettent sur la fameuse liste de surveillance du système Sécuriport. Une démarche qui se révèle payante puisque Assane Kamara est revenu à Dakar dans la nuit du 21 au 22 janvier 2016. Il est accueilli à Dakar par un de ses amis, P.Y. Ndiaye. 

  

L’entrée en action de la Dic 

Les enquêteurs de la Dic le filent pendant un moment, jusqu’à ce qu’il entre et ressorte de chez lui, à Sacré CÅ“ur II, avant de l’intercepter et de le conduire à leur siège, sis à Rue Carde. Interrogé, Assane Kamara reconnaît s’être rendu en Tunisie mais jure que c’était pour rencontrer un certain Waffi qu’il aurait connu à l’université. Il ne savait sans doute pas que les enquêteurs de la Dic avaient découvert que le virement en question lui a été envoyé, depuis l’Algérie, par un jihadiste dont le nom de guerre est Abou Zayid. 

Face à cet élément de preuve, Assane Kamara a reconnu l’existence de ce virement, mais soutient que l’argent a été envoyé dans le compte de son ami Atoumane Sow qui l’aurait détourné. Une déclaration qui confirme la déposition faite par sa mère à la Dic. Les enquêteurs découvriront plus tard plusieurs virements effectués en faveur de Assane Kamara par un certain Samir Halilovic. 

  

Assane Kamara, Samir Halilovic, Zakria Habibi et Youssef Sakhir: amis à l’université et candidats au Jihad  

L’important travail des services sénégalais et canadiens a mis en exergue tout un réseau de terroristes présumés qui étaient en contact permanent. Samir Halivovic comme Kamara était un ancien étudiant de la même université. Il a rejoint la Syrie courant 2014 en même temps que deux autres connaissances à savoir Zakria Habibi et Youssef Sakhir, devenus combattants pour le compte de l’Etat islamique. Les services canadiens ont établi l’existence de liens solides entre les quatre anciens étudiants, comme l’a affirmé le «Torontostar », une publication canadienne. 

Dans un échange de messages Facebook commençant en mai 2014 et se terminant le 14 juillet 2014, Samir Halilovic fait ses adieux à un ami dont les tentatives pour le rencontrer en Turquie- point de passage populaire pour les djihadistes aspirant à la Syrie- semblent avoir été brisées. Le message de départ de Halilovic est parmi les derniers qu'il aurait envoyés avant sa disparition, avec les autres Canadiens Zakria Habibi et Youssef Sakhir. «C'est une question d'heures / jours maintenant, si Dieu le veut. Espérons qu'Allah le rendra facile pour nous et pour vous », dit-il dans le message intercepté par les services canadiens. 

  

Ces messages inquiétants interceptés par les enquêteurs canadiens 

L'interlocuteur de Halilovic est… Assane Kamara, qui était actif comme lui au sein de l'Association des étudiants musulmans à l’Université. Dans ces messages Facebookde 2014, il semble que Kamara essayait d'organiser des voyages de dernière minute de Dakar à Istanbul pour rencontrer Halilovic qui devait rallier la Syrie-et au moins une autre personne. Les messages se réfèrent à d'autres noms : «Zikos», «Zartan» et «Yakky». Il n'était pas possible de déterminer à qui ils se référaient, mais il semble que «Zikos» et «Zartan» sont utilisés de façon interchangeable. 

Le 11 juillet 2014, Halilovic a écrit qu'il était à Paris. Kamara était à Dakar et lui a répondu que ses parents lui avaient ordonné de ne pas communiquer avec lui… Selon les messages, le calendrier était serré, les deux tentant d'harmoniser leurs plans de voyage. Halilovic a écrit qu'un ami- "Yakky"- avait été avec lui, mais était "hors de contact". 

Yakky faisait également partie du groupe qui serait en train de terminer le "stage", a déclaré Halilovic. Zakria Habibi, leur autre ami canadien, devait prendre un vol en Turquie le 13 juillet 2014. Il a écrit dans les messages qu'une réunion était prévue pour le lendemain 14 juillet à Istanbul. «Le 15, nous devons être à la destination», écrit Halilovic, ajoutant qu'un «contact» les attendait. 

Dans les messages, Kamara a affirmé qu'il avait de la difficulté à réunir l'argent pour réserver un vol, acheter un visa pour se rendre en Turquie et éviter les soupçons de sa famille. "Vous avez un vol de 600 dollars de Dakar le 13. Quelle est ta situation ? " demande Halilovic à Kamara. Ce dernier de répondre : "Oui, mais je voulais savoir si je devais prendre un vol aller-retour ou un aller-simple." Halilovic a offert de payer pour le voyage de Kamara avec une carte de crédit prépayée. Il a prétendu avoir fait la même chose pour le billet d'avion de Habibi. 

  

Noms de code : «Zikos», «Zartan», et «Yakky» 

Halilovic et Kamara affirment dans les messages qu'ils avaient des bailleurs de fonds- des individus prêts à financer leurs projets. Après la demande financière de Karama, Halilovic lui répondait par message en date du 12 juillet 2014 : "Voici comment cela fonctionne : vous me confirmer que vous serez certainement en mesure de prendre l'avion à une date donnée. Quelqu'un va transférer l'argent dans mon compte bancaire par transfert Interac et après je dois le mettre sur ma carte prépayée visa (sic). Comme l'échange de messages Facebook a continué, il est devenu clair pour Halilovic et Kamara que leur tentative de se réunir à Istanbul était peu probable de réussir. 

Le 12 juillet 2014, Kamara a écrit : «Ma source financière a dit qu'il ferait des transferts progressifs de telle manière que je dispose du montant total pour la fin du mois, si Dieu le veut. " Halilovic a suggéré un plan de sauvegarde. Si les choses ne fonctionnaient pas, il dit à Kamara de fouiller ses contacts Facebook et de contacter un individu, dont l’identité n’a pas été révélée. «Vous pouvez le voir sur la liste de mes amis. Dites-moi si vous voyez de qui je parle», écrit Halilovic. «Je l'ai. Mais je ne le connais pas », répond Kamara. Kamara : «Si Dieu le veut, j'espère que nous nous reverrons pour le «stage». "Si jamais il y a quelque chose, vous le contactez, mais pas tant que vous êtes en contact avec moi. Il vous aidera, si Dieu le veut», instruit Halilovic. Kamara d’ajouter à l’endroit de son ami qu’il lui confirmera s’il sera ou pas en Turquie pour le rendez-vous. "Si je ne peux pas… Foncez sans moi ", ajoute Kamara. 

"Si vous parlez au contact, vous lui dites que vous êtes un frère de Samir et que vous cherchez un endroit pour manger grec", écrit Halilovic, dans ce qui semble être un langage codé. "Hahahaha, c'est bien," répond Kamara. 

Le 13 juillet 2014, Halilovic a écrit à Kamara qu'il avait raté son vol mais était maintenant programmé sur un autre, un peu plus tard que "Zikos." Une fois en Turquie, ils étaient dirigés vers un hôtel sans nom où, écrit Halilovic, on lui avait dit lors d'une précédente visite au pays qu'il pouvait avoir une suite avec un jacuzzi. Environ 24 heures plus tard, il écrit à son ami sénégalais pour lui signaler qu’il était «avec Zartan» et «en contact avec notre ami». La réponse de Kamara est joyeuse: «Dieu est grand ! Si Dieu le veut, j'espère que nous nous reverrons pour le « stage ». Tout un programme anéanti par la Dic mais aussi par la fatalité : Halilovic a été tué en Syrie selon les informations des services canadiens…



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