Aissa Dione, décoratrice et entrepreneuse, redonne vie à l'industrie du textile sénégalaise


Rédigé le Samedi 13 Avril 2013 à 21:56 | Lu 601 fois | 0 commentaire(s)



Une salle vétuste construite en briques, de la taille d'une petite cathédrale, vibre au son des machines. Nous nous trouvons à Rufisque, petite ville située dans la périphérie de Dakar, la capitale sénégalaise. En ce lieu, un miracle économique est opéré sous la forme d'une société productrice de textile de qualité internationale à base de concepts africains d'origine. Derrière tout ce travail se cache une conceptrice, penseuse et entrepreneuse Aissa Dione.


Aissa Dione, décoratrice et entrepreneuse, redonne vie à l'industrie du textile sénégalaise
"Mes débuts dans cette entreprise remontent à 1992. Je travaillais alors à la maison avec un seul tisseur. Tout récemment, je comptais 15 employés à mon service. J'ai donc dû me déplacer pour un lieu spécialement conçu pour les petites et moyennes entreprises. J'avais à coeur de relancer l'industrie du textile ; toutefois sous un angle différent".

Concurrents asiatiques
A l'instar de la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest, le Sénégal produit du coton. En vertu de ce seul facteur, le pays devrait connaître un dynamisme dans le secteur du textile. D'ailleurs, il l'a connu.
Cependant, Aissa Dione estime que la gestion de ce secteur fut désastreuse. "Ils se sont concentrés sur le grand public à travers de grandes quantités à des prix bas. Il est clair aujourd'hui qu'une telle pratique ne pouvait pas fonctionner. Nos concurrents, les pays asiatiques, peuvent satisfaire ce grand public dix fois mieux que nous".
Également, plusieurs autres choses n'ont pas tourné rond. La libéralisation rapide et souvent forcée des marchés jadis réservés a établi la preuve de l'impuissance des producteurs locaux face aux importations de faible coût qui ont inondé le pays. La libéralisation rapide rentrait dans le cadre du respect strict des politiques mises sur pied selon le bon vouloir de la Banque mondiale et du FMI. Elle a conduit à la chute de toute une industrie.
Une deuxième conséquence peut être mentionnée. La croissance des importations aussi a par la suite renforcé le pouvoir de personnes qui vendent de tout sans rien produire. En un mot, des commerçants. A travers une litote, Aissa Dione affirme : "Parlant de développement économique, il est étrange que les producteurs, les créateurs d'emploi, n'aient pas accès au crédit ainsi qu'aux allègements fiscaux dont bénéficient les commerçants".
Marché haut de gamme
Sa Solution est d'aspirer au marché haut de gamme. Aissa Dione comptee parmi sa clientèle les plus grands noms de la décoration d'intérieur tel que HERMES, Christian Liaigre et Peter Marino. De plus, ses décorations embellissent l'intérieur du nouveau hôtel Onomo de Dakar, à proximité de l'aéroport. Il est évident par ailleurs que ses travaux sont présents aux principaux salons de décoration, de Paris à Johannesburg en passant par New York. Toujours est-il qu'au fond, elle rêve de renaissance.
"Je crois de façon ferme aux industries à petite échelle en tant que voie de développement pour l'Afrique de l'Ouest. Nous produisons un million de tonnes de coton dans cette région et en exportons 99%. S'il m'est possible de transformer ce coton ici, au bercail, je multiplierai mon revenu par cinquante voire cent".
Malheureusement, la destruction de l'industrie du textile du Sénégal a rompu la chaîne de production allant des champs aux boutiques. Le maillon manquant est la filature. En effet, son coût est d'un million d'euros. Cependant, Aissa Dione en a drastiquement besoin. "Je compte joindre les cotonniers à la filature et reconstituer de la sorte toute la chaîne de production".
Cependant, le marché est-il porteur ? "Bien sûr, nous enregistrons des ventes, autant dans le marché haut de gamme qu'au sein d'une classe moyenne en émergence, désireuse de tissus de bonne qualité et de fabrication locale", affirme Aissa Dione.
Le textile a toujours été au coeur des révolutions industrielles ainsi que dans l'intensification du développement économique. Et le plus important pour un Sénégal affecté par le chômage, c’est qu’il existe une industrie redressée créatrice d'emplois, des milliers selon une estimation d'Assia Dione. " Je réalise que je vais contre le courant économique, reconnaît-elle. En même temps, je sais qu'il s'agit du seul moyen de développement. Nous ouvrons la voie vers l'avant".


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