C'est à partir de son expérience de terrain que Christophe Viarnaud, entrepreneur français installé au Cap depuis 15 ans et fondateur de Methys, société spécialisée dans la digitalisation des entreprises, a lancé AfricArena. Il constate en effet la capacité des startupers locaux à apporter des solutions aux problèmes majeurs du continent, tels que l'accès à la santé, à l'éducation, aux services financiers, mais également leur difficulté à trouver le capital nécessaire. L'idée lui vient donc de créer une plateforme, physique et virtuelle, dans le but de connecter ces startupers talentueux à des investisseurs locaux et internationaux à même de financer leur développement, et à de grandes entreprises souhaitant innover en Afrique. AfricArena était née.
Trois minutes pour convaincre
Depuis trois ans, des tournées annuelles dans les principaux hubs technologiques du continent rythment l'activité de la plateforme et permettent de sélectionner les 100 startups les plus prometteuses. De Lagos à Kigali, de Dakar à Nairobi, l'équipe d'AfricArena analyse plus de 1000 candidatures à travers l'organisation d'une dizaine d'évènements sur tout le continent, en partenariat avec des incubateurs, des accélérateurs et des fonds d'investissement locaux. La tournée, sur dix mois, comprend également la mise en avant des startups africaines à l'occasion de divers évènements aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. La troisième édition du Sommet AfricArena s'est déroulée les 11 et 12 novembre à Cape Town, en Afrique du Sud.
Et cette année, en amont, l'équipe a organisé un bootcamp pour préparer les 100 startups sélectionnées, venues de 20 pays, au grand jour, celui du pitch, pour lequel elles ne disposent que de trois minutes pour convaincre les 150 investisseurs issus de quatre continents, dont, pour la France, Breega Capital, Bpifrance, Partech et Orange Digital Ventures. Ce moment sur scène est aussi l'occasion d'obtenir de la visibilité auprès de grandes entreprises locales et internationales, telles que BNP Paribas, Air France, Vinci, Sanofi et Engie, qui cherchent à innover en Afrique, par le biais de startups. En outre, une « Unconference » a eu lieu en parallèle, pour permettre aux 45 investisseurs les plus actifs du continent de se rencontrer et harmoniser leurs pratiques d'investissement.
Car pour ces jeunes pousses, la présentation au Cap n'est qu'une étape. Viendront ensuite les levées de fonds et l'accompagnement. Au-delà des investisseurs, les partenaires corporates s'engagent à les soutenir, grâce à des contrats, et à les accompagner par un partage de compétences et de ressources, pour qu'elles puissent prouver leur concept, définir leur stratégie et conquérir des marchés. En outre, les entrepreneurs africains repérés grâce à AfricArena bénéficieront d'une exposition encore plus grande, à l'occasion d'évènements partenaires tels que VivaTechnology (à Paris à la mi-juin 2020) et le concours des « 1000 startups pour changer le monde » de La Tribune.
Nouvelle politique française
Le tout avec le soutien actif de l'ambassade de France sur place. « Notre participation est la confirmation de la nouvelle politique de la France vis-à -vis du continent, déclare l'ambassadeur, Aurélien Lechevallier. Elle privilégie notamment les questions liées aux femmes, à l'innovation et à l'environnement. Et nous nous intéressons désormais à toute l'Afrique, dans le but de construire une nouvelle relation, faite d'investissements réciproques et de coopération entre gouvernements et sociétés civiles ».