On va de rebondissement en rebondissement dans l’affaire Habré. Le Parquet vient de saisir d’un courrier la Chambre d’accusation pour ne plus exiger l’audition de l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, cité indirectement dans le dossier pour avoir été le banquier de l’ex homme fort tchadien.
Un revirement argumenté avec des articles bien triés du Code de procédure civile et du Code de procédure pénale. Il faut savoir que c’est le procureur général des Chambres africaines extraordinaires qui avait souhaité que le banquier Abdoul Mbaye soit entendu dans le cadre du transfert des biens de Hissein Habré du Tchad au Sénégal.
Il s’agissait d’ouvrir une brèche pour récupérer ultérieurement l’argent supposé avoir été soutiré aux Tchadiens et planqué au Sénégal. Ce pour pouvoir dédommager les victimes, à l’issue du procès. La requête avait été rejetée par la chambre d’instruction des CAE, ce qui avait immédiatement entraîné la saisine de la chambre d’accusation pour arbitrage.
Cette chambre constituée de trois magistrats titulaires et d’un suppléant se trouve par la force des choses au centre de tout, comme nous l’écrivions si bien. Cette juridiction va donc statuer sur cette affaire précise. Et même si elle a le pouvoir de prendre le contrepied du Parquet, tout indique qu’elle va accepter la procédure d’exfiltration de l’ancien PM du dossier Habré.
On apprend d’ailleurs que lorsque le Parquet a cité Abdoul Mbaye, la Chambre d’accusation elle, se préparait à… inviter les épouses d’Habré et toutes autres personnes soupçonnées de garder par devers elles des biens appartenant à l’ex-chef d’Etat tchadien ; les comptes bancaires d’Habré étant presque vides.
Moins de trois millions de francs Cfa ont été découverts dans deux comptes bancaires à Dakar alors que la place de Monaco serait bien connue des proches d’Habré. Le juge de la Chambre d’accusation, nous dit-on, se préparait à fouiner un peu partout ; ce qui devait donner au dossier une tournure quasi analogue au dossier de Karim Wade. Une autre traque est vite passée…
Toujours dans le même dossier, on avait annoncé que l’autorité administrative, le ministère de la Justice en l’occurrence, se préparait à servir des demandes d’explication aux magistrats qui ont engagé une procédure jugée “cavalière” contre le Président Idriss Déby. Eh bien ! Au moment où l’on donnait cette info, les demandes d’explication, non pas sur le fond de l’instruction mais sur la partie administrative, étaient déjà parties.
Les magistrats cités dans cette affaire ont donc tous reçu leur papier. L’autorité avait estimé qu’on aurait pu utiliser les canaux classiques de saisine du chef d’Etat comme la fameuse “valise diplomatique” avec questions- réponses, sécurisées en aller et retour pour que les susceptibilités soient préservées
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