L’année 2017 entame sa marche derrière son dernier horizon. Les hommes meurent. Les années aussi. Aux uns et aux autres de forger leur propre légende pour demeurer une référence triste ou belle. Beaucoup d’hommes sont morts et oubliés, oubliés jusqu’à leur ombre. D’autres survivent à un temps court de l’histoire, puis disparaissent de la mémoire des vivants. D’autres par la grandeur de leurs actes, par l’incandescence de leurs œuvres, signent un contrat avec l’histoire. L’histoire signe toujours une fois. Senghor a signé avec l’histoire et cette signature est de feu. Notre pays comme notre continent à la résonnance d’autres continents et d’autres peuples, avec respect, saluent et célèbrent en cette fin d’année 2017, précisément le 20 décembre, la date de sa mort. Je l’ai dit et écrit tant de fois: seul le souvenir nous venge de la mort.
Que pouvons nous encore et encore dire de Senghor, sinon qu’il reste un homme qui n’était pas un homme. Il était un pur miracle. Je reviens de Bordeaux où notre brillant Consul Général m’a fait participer à l’hommage qui était rendu au Président Senghor comme prisonnier de guerre. Je suis allé sentir le camp dans lequel il avait été gardé comme prisonnier, dans les années 40. Mon émotion était sans nom. Quand j’ai vu cet endroit, quand j’ai vu cette forêt environnante, quand j’ai imaginé ce que pouvait être ce camp à l’époque, avec le froid, la faim, les corvées, j’ai compris que ce Sérère n’était pas n’importe quel Sérère. Que quelque chose de plus fort et de plus grand que nous, avait veillé sur lui. Qui pouvait imaginer que ce soldat bien myope, sortirait vivant de la guerre, de la captivité, pour devenir un jour le 1er président de la République d’un jeune et grand petit pays: le Sénégal ? Lorsqu’on a vécu ce que j’ai vécu là, on fait sa vie sans plus jamais avoir peur, car Dieu, comme on dit si joliment chez nous, « est déjà prêt bien avant nous ». Le destin de Senghor et la marche de ce que fut sa vie politique, intellectuelle, littéraire, sont tout simplement hors norme. Fabuleux et touchant à tout point de vue !
Ce qui est fascinant, c’est qu’en vivant dans la proximité de Senghor, en le regardant parler, agir, rire, aimer, souffrir, j’avais du mal à croire que cet homme là avait pu vivre un pareil enfer et que rien en lui, ne le reflétait. Imaginer que cet homme avait échappé par deux fois à la mort: d’abord il sera sauvé devant un peloton d’exécution comme soldat. Ensuite, comme Chef d’État, face à un tireur, à la Grande mosquée de Dakar où il était venu, comme il le faisait souvent, assister à la prière un jour de grande fête musulmane.
Cet homme nous a donné un drapeau, un hymne national. Il a bâti au-delà d’une République, une nation. Il a laissé une administration solide, charpentée. Il a dressé des institutions fortes, nobles et invincibles. Parmi elles, je me souviendrai toujours des hommes qui les ont animées. Des hommes d’un autre temps du monde: formés, compétents, exigeants, désintéressés, d’une imprenable probité.
Je me souviendrai toujours de ce ministre à qui sa secrétaire demande de prendre le président de la République au téléphone. Le ministre se lève, ajuste sa cravate, décroche sa veste accrochée à une chaise, vérifie les boutons de ses manches de chemise, avant de saisir le combiné pour parler au président de la République. Cette scène est racontée par le grand ambassadeur Saloum Kandé, présent dans le bureau du ministre. Cette scène, cette posture en dit long sur ce qu’était l’État, son culte et la haute qualité des hommes qui l’animaient !
Senghor aurait eu 111 ans en cette fin d’année 2017. Il est parti à 95 ans au même âge que son ami, le foudroyant poète Aimé Césaire, maire de Fort de France. Il repose à Bel-Air dans le même caveau que son fils bien-aimé Philippe Maguilen. E n attendant que Colette les rejoigne un jour, il sera permis de réaliser enfin le rêve de Sédar que la belle Normande aux yeux pers, a retardé: reposer à Joal la Portugaise, comme lui-même l’avait dit et écrit dans un poème d’une impossible beauté.
Que puis-te raconter sur notre terre, mon cher poète ? Tu dois être bien entouré maintenant qu’Ibou Diouf l’artiste que tu chérissais t’a rejoint. Issa Samb aussi veillait obstinément sur ta légende. Il est à tes côtés. Le ciel doit être un bien merveilleux logis car les meilleurs y habitent; en nous laissant une terre triste, presque sans magie et sans rêve. Les demi-dieux sont partis. Les artistes et les penseurs s’éclipsent parmi les meilleurs.
Ici, Monsieur le Président, dans ce temps pourri du monde des vivants, ton pays s’accroche aux wagons de la modernité. Son ciel s’éclaircit et Dieu enfin a frappé de son pied, le fond des mers pour nous apporter le pétrole et le gaz. Un jeune Président en est le sourcier, pour le dire de cette manière. L’espoir est permis et l’héritage de ce Président sera précieux. Vous aviez laissé des silos de papyrus et de tablettes ardentes. Il laissera des greniers d’or qui bien gardés, soulageront le manque de notre peuple et éclaireront enfin, nous l’espérons, le visage fermé et grave de notre jeunesse. L’avenir a un sourire bleu.
Si Dieu te laissait atterrir à Dakar, tu serais fier de ce que l’argent de ton peuple a permis de bâtir pour sa gloire et sa dignité. Le jeune Président y a mis tout son cœur et sa détermination. L’Afrique quant à elle, enterre de manière plus accélérée ses tristes et lugubres régimes dictatoriaux. Mugabé s’en est allé. Le Cameroun fait semblant de dresser une nouvelle table, mais les béquilles sont tombées et son peuple marche d’un pas sûr vers une nouvelle espérance. Les deux Congo restent des blessures ouvertes et puantes. La Gambie a vaincu l’hydre-soldat de Banjul. La Côte-d’Ivoire nous émerveille et nous fait peur en même temps. Prions pour elle. La France a choisi de se rajeunir en nommant un charmant très jeune Président à sa tête. Tu l’aurais aimé, car il dîne et dort avec des livres, dit-on.
Mais cela suffira t-il ? Ce « petit » grand pays qui a séché honteusement tes obsèques, entame donc sa mue et son chef lave à grande eau sa « suffisance » coloniale et ses retentissants sacrés coups tordus. La France fichée dans un orgueil désuet qui lui avait fait toujours fuir son mea culpa devant les errements commis comme « civilisateur », apprend petit à petit, avec Macron, qu’en demandant pardon, cela ne pourrait pas l’empêcher, même en s’agenouillant, de repartir avec ses genoux, grandie de son repentir.
Toutefois, finies pour nous les lamentations ! Nous regardons vers l’avenir et l’avenir de la France sous son très jeune Président, nous semble moins vaniteuse, moins hautaine. Ailleurs, un agité furieux, sorti d’un asile doré, tient la baguette aux Etats-Unis d’Amérique. Nous ferions moins d’en rire et nous risquons de ne pas avoir le temps d’en pleurer. La réalité est tout simplement tragique ! Avec Israël et la Palestine, c’est l’éternel recommencement de la violence et de l’injustice. A quand le rameau d’olivier d’une paix et d’un vivre « côte à côte » et ensemble pour garantir l’avenir apaisé et fraternel des générations futures ?
Tiens, mon cher poète, une nouvelle grammaire française est née. Elle vous aurait donné des hoquets de colère ! Ton Académie résiste mais le temps numérique du monde semble inflexible. Les francopophages sont arrivés ! Adieu l’exigence et la noblesse insulaire d’une si belle langue française assiégée par des pesticides! Voici les maîtres de langue désormais contraints à des assignations à résidence.
Autre fait: juste pour te dire que la Fondation L.S.Senghor traverse des heures difficiles. Le capital que tu lui avais laissé, s’est effrité avec les ans. Les comptes sont vides et menacés de clôture. Je ne suis pas riche pour les remplir d’or. Basile Senghor le neveu que tu avais choisi pour la sauver des prédateurs d’antan, s’en est allé dormir au ciel. Je suis triste. Le Président Macky Sall -il ne faut pas le taire- à qui j’avais confié notre peine, avait, sans tarder, renflouer le navire. Mais le temps a passé depuis et il est difficile et malaisé de revenir vers lui. Une Fondation doit vivre par elle-même et non compter sur l’État.
Je lance ici un appel à tous ceux, ici et de par le monde, que la dignité et le respect de ton nom inspire, à contribuer au rayonnement de la Fondation L.S.Senghor. Je sais bien que tu m’en voudras de lancer publiquement un tel appel. Tu n’as jamais voulu, par éthique, de la moindre aide financière. Mais le temps a passé. Les hommes sont passés. Les amis sont morts. Les fidélités se sont effritées. L’oubli s’installe. Alors, nous ne faisons que tenter de rallumer le feu des solidarités. Si elles ne viennent pas, nous mourrons comme nous avons vécu: humbles, grands, beaux, dignes, silencieux.
Cher poète, si cher Sédar, je te quitte là, non pressé mais soumis aux horaires de prière. Il faut quitter la page, la machine et la lumière de l’écran pour retrouver Dieu et prier pour Son prophète et ma tendre mère qui marche vers le dernier mur de cet horizon que mon amour recule chaque jour. Plus tard, je te retrouverai dans les livres, sur ma table et jusque sous mes oreillers. Tu n’as jamais quitté mes pensées ni le fond de ma vieille valise fatiguée des soutes des avions. Je te dois ces lointaines et longues traversées des océans et des déserts où je pars porter à longueur d’années, ta parole poétique, la force et la magie de ta pensée fraternelle et métisse.
Ton héritage est une étoile. Elle nous remplit d’orgueil, mon si cher, très cher poète !
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Amadou Lamine Sall
Poète
Lauréat des Grands Prix de l’Académie française
Que pouvons nous encore et encore dire de Senghor, sinon qu’il reste un homme qui n’était pas un homme. Il était un pur miracle. Je reviens de Bordeaux où notre brillant Consul Général m’a fait participer à l’hommage qui était rendu au Président Senghor comme prisonnier de guerre. Je suis allé sentir le camp dans lequel il avait été gardé comme prisonnier, dans les années 40. Mon émotion était sans nom. Quand j’ai vu cet endroit, quand j’ai vu cette forêt environnante, quand j’ai imaginé ce que pouvait être ce camp à l’époque, avec le froid, la faim, les corvées, j’ai compris que ce Sérère n’était pas n’importe quel Sérère. Que quelque chose de plus fort et de plus grand que nous, avait veillé sur lui. Qui pouvait imaginer que ce soldat bien myope, sortirait vivant de la guerre, de la captivité, pour devenir un jour le 1er président de la République d’un jeune et grand petit pays: le Sénégal ? Lorsqu’on a vécu ce que j’ai vécu là, on fait sa vie sans plus jamais avoir peur, car Dieu, comme on dit si joliment chez nous, « est déjà prêt bien avant nous ». Le destin de Senghor et la marche de ce que fut sa vie politique, intellectuelle, littéraire, sont tout simplement hors norme. Fabuleux et touchant à tout point de vue !
Ce qui est fascinant, c’est qu’en vivant dans la proximité de Senghor, en le regardant parler, agir, rire, aimer, souffrir, j’avais du mal à croire que cet homme là avait pu vivre un pareil enfer et que rien en lui, ne le reflétait. Imaginer que cet homme avait échappé par deux fois à la mort: d’abord il sera sauvé devant un peloton d’exécution comme soldat. Ensuite, comme Chef d’État, face à un tireur, à la Grande mosquée de Dakar où il était venu, comme il le faisait souvent, assister à la prière un jour de grande fête musulmane.
Cet homme nous a donné un drapeau, un hymne national. Il a bâti au-delà d’une République, une nation. Il a laissé une administration solide, charpentée. Il a dressé des institutions fortes, nobles et invincibles. Parmi elles, je me souviendrai toujours des hommes qui les ont animées. Des hommes d’un autre temps du monde: formés, compétents, exigeants, désintéressés, d’une imprenable probité.
Je me souviendrai toujours de ce ministre à qui sa secrétaire demande de prendre le président de la République au téléphone. Le ministre se lève, ajuste sa cravate, décroche sa veste accrochée à une chaise, vérifie les boutons de ses manches de chemise, avant de saisir le combiné pour parler au président de la République. Cette scène est racontée par le grand ambassadeur Saloum Kandé, présent dans le bureau du ministre. Cette scène, cette posture en dit long sur ce qu’était l’État, son culte et la haute qualité des hommes qui l’animaient !
Senghor aurait eu 111 ans en cette fin d’année 2017. Il est parti à 95 ans au même âge que son ami, le foudroyant poète Aimé Césaire, maire de Fort de France. Il repose à Bel-Air dans le même caveau que son fils bien-aimé Philippe Maguilen. E n attendant que Colette les rejoigne un jour, il sera permis de réaliser enfin le rêve de Sédar que la belle Normande aux yeux pers, a retardé: reposer à Joal la Portugaise, comme lui-même l’avait dit et écrit dans un poème d’une impossible beauté.
Que puis-te raconter sur notre terre, mon cher poète ? Tu dois être bien entouré maintenant qu’Ibou Diouf l’artiste que tu chérissais t’a rejoint. Issa Samb aussi veillait obstinément sur ta légende. Il est à tes côtés. Le ciel doit être un bien merveilleux logis car les meilleurs y habitent; en nous laissant une terre triste, presque sans magie et sans rêve. Les demi-dieux sont partis. Les artistes et les penseurs s’éclipsent parmi les meilleurs.
Ici, Monsieur le Président, dans ce temps pourri du monde des vivants, ton pays s’accroche aux wagons de la modernité. Son ciel s’éclaircit et Dieu enfin a frappé de son pied, le fond des mers pour nous apporter le pétrole et le gaz. Un jeune Président en est le sourcier, pour le dire de cette manière. L’espoir est permis et l’héritage de ce Président sera précieux. Vous aviez laissé des silos de papyrus et de tablettes ardentes. Il laissera des greniers d’or qui bien gardés, soulageront le manque de notre peuple et éclaireront enfin, nous l’espérons, le visage fermé et grave de notre jeunesse. L’avenir a un sourire bleu.
Si Dieu te laissait atterrir à Dakar, tu serais fier de ce que l’argent de ton peuple a permis de bâtir pour sa gloire et sa dignité. Le jeune Président y a mis tout son cœur et sa détermination. L’Afrique quant à elle, enterre de manière plus accélérée ses tristes et lugubres régimes dictatoriaux. Mugabé s’en est allé. Le Cameroun fait semblant de dresser une nouvelle table, mais les béquilles sont tombées et son peuple marche d’un pas sûr vers une nouvelle espérance. Les deux Congo restent des blessures ouvertes et puantes. La Gambie a vaincu l’hydre-soldat de Banjul. La Côte-d’Ivoire nous émerveille et nous fait peur en même temps. Prions pour elle. La France a choisi de se rajeunir en nommant un charmant très jeune Président à sa tête. Tu l’aurais aimé, car il dîne et dort avec des livres, dit-on.
Mais cela suffira t-il ? Ce « petit » grand pays qui a séché honteusement tes obsèques, entame donc sa mue et son chef lave à grande eau sa « suffisance » coloniale et ses retentissants sacrés coups tordus. La France fichée dans un orgueil désuet qui lui avait fait toujours fuir son mea culpa devant les errements commis comme « civilisateur », apprend petit à petit, avec Macron, qu’en demandant pardon, cela ne pourrait pas l’empêcher, même en s’agenouillant, de repartir avec ses genoux, grandie de son repentir.
Toutefois, finies pour nous les lamentations ! Nous regardons vers l’avenir et l’avenir de la France sous son très jeune Président, nous semble moins vaniteuse, moins hautaine. Ailleurs, un agité furieux, sorti d’un asile doré, tient la baguette aux Etats-Unis d’Amérique. Nous ferions moins d’en rire et nous risquons de ne pas avoir le temps d’en pleurer. La réalité est tout simplement tragique ! Avec Israël et la Palestine, c’est l’éternel recommencement de la violence et de l’injustice. A quand le rameau d’olivier d’une paix et d’un vivre « côte à côte » et ensemble pour garantir l’avenir apaisé et fraternel des générations futures ?
Tiens, mon cher poète, une nouvelle grammaire française est née. Elle vous aurait donné des hoquets de colère ! Ton Académie résiste mais le temps numérique du monde semble inflexible. Les francopophages sont arrivés ! Adieu l’exigence et la noblesse insulaire d’une si belle langue française assiégée par des pesticides! Voici les maîtres de langue désormais contraints à des assignations à résidence.
Autre fait: juste pour te dire que la Fondation L.S.Senghor traverse des heures difficiles. Le capital que tu lui avais laissé, s’est effrité avec les ans. Les comptes sont vides et menacés de clôture. Je ne suis pas riche pour les remplir d’or. Basile Senghor le neveu que tu avais choisi pour la sauver des prédateurs d’antan, s’en est allé dormir au ciel. Je suis triste. Le Président Macky Sall -il ne faut pas le taire- à qui j’avais confié notre peine, avait, sans tarder, renflouer le navire. Mais le temps a passé depuis et il est difficile et malaisé de revenir vers lui. Une Fondation doit vivre par elle-même et non compter sur l’État.
Je lance ici un appel à tous ceux, ici et de par le monde, que la dignité et le respect de ton nom inspire, à contribuer au rayonnement de la Fondation L.S.Senghor. Je sais bien que tu m’en voudras de lancer publiquement un tel appel. Tu n’as jamais voulu, par éthique, de la moindre aide financière. Mais le temps a passé. Les hommes sont passés. Les amis sont morts. Les fidélités se sont effritées. L’oubli s’installe. Alors, nous ne faisons que tenter de rallumer le feu des solidarités. Si elles ne viennent pas, nous mourrons comme nous avons vécu: humbles, grands, beaux, dignes, silencieux.
Cher poète, si cher Sédar, je te quitte là, non pressé mais soumis aux horaires de prière. Il faut quitter la page, la machine et la lumière de l’écran pour retrouver Dieu et prier pour Son prophète et ma tendre mère qui marche vers le dernier mur de cet horizon que mon amour recule chaque jour. Plus tard, je te retrouverai dans les livres, sur ma table et jusque sous mes oreillers. Tu n’as jamais quitté mes pensées ni le fond de ma vieille valise fatiguée des soutes des avions. Je te dois ces lointaines et longues traversées des océans et des déserts où je pars porter à longueur d’années, ta parole poétique, la force et la magie de ta pensée fraternelle et métisse.
Ton héritage est une étoile. Elle nous remplit d’orgueil, mon si cher, très cher poète !
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Amadou Lamine Sall
Poète
Lauréat des Grands Prix de l’Académie française