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C’était Pap Malick!


Rédigé le Samedi 27 Juin 2020 à 22:10 | Lu 367 fois | 0 commentaire(s)



« Il est, parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allah. Certains d'entre eux ont atteint leur fin, et d'autres attendent encore; et ils n'ont varié aucunement (dans leur engagement) » Sourate 33, verset 23.



L’amertume à l’âme, le cœur endolori, je ne puis ne pas Te glorifier Seigneur!
Merci mon Dieu de nous avoir comptés parmi ceux et celles qui ont partagé avec Ton serviteur que Tu viens de rapprocher de Ta miséricorde, un pan de vie. Qu’est-ce que la vie chez nous, à Tivaouane, sinon le quart temps passé à être utile aux siens et à l’humanité? Autre chose relèverait de l’existence tout simplement. Or, exister c’est seulement être là, comme le soleil est là, comme le fleuve est là. Ce que Cheikh abhorrait au plus haut point, un disciple qui meuble les assistances. 
Ce que ton homonyme de grand-père a combattu toute sa vie durant, un être sans énergie spirituelle.
Vivre pour nous, disciples de Maodo le Maître, c’est au-delà d’exister, donner sens à ce passage ici-bas, apporter une valeur ajoutée, participer à cette harmonie cosmique, en interrogeant les signes et en interprétant leurs réponses. 

C’est agir pour imprimer aux choses une courbe qui soit à la fois utile ici-bas et fécondant pour l’au-delà. Ton guide, le nôtre, Serigne Cheikh, n’a-t-il pas été un homme intégral, à la fois politique, agriculteur, entrepreneur, capitaine d’industrie, guide spirituel, écrivain, philosophe, et mystique habitué aux arcanes de là-haut ? C’est dire qu’il a montré, lui le Maître de notre génération, par l’exemplarité, qu’il n’y a pas lieu pour un disciple de Maodo, de vacuité, ni dans le midi ni dans le milieu. 
C’est dans ce cadre que tu as inscrit ton passage sous les cieux de ce monde élevant le dessein toujours plus haut que son ciel.
Tu nous as indiqué la voie, après le Maître, à la suite de mon homonyme bien aimé, al-Amine, sur les traces de qui, tu nous as guidé. Tu nous as répété, pour les vertus pédagogiques de cet exercice, qu’être c’est écouter, interpréter les signes et agir dans le sens de l’équilibre. 
Malheur à nous ! Nous nous sommes laissés bercer par le lyrisme de l’expression, la sonorité de ta voix à la David. Éblouis par l’éclat de ton aura nous avons applaudi en spectateurs enchantés. Nous n’avons pas tendu le cœur de la perception pour percer l’enveloppe et goûter à la substance de tes paroles lourdes de signification. 

Et voilà ! Les signes sans relâche, continueront de nous interpeller. Enveloppés dans notre torpeur, hélas, qui va nous interpréter leurs messages? Qui, maintenant que sans crier gare, ça te ressemble, tu t’en es allé répandre au ciel ce débordant d’amour? Comme si ceux du ciel en avaient besoin plus que nous !

Tu nous laisses sans voix mais pas sans foi. Tu nous as trempés dans le credo de l’unité du ciel et de la terre, dans l’attestation de l’unicité de Dieu par la traduction des signes en actions bénéfiques, par la transformation du dhikr en compagnonnage actif avec Dieu, en permanence. C’est le legs que tu as préservé, consolidé, développé. Apprendre à vivre le Paradis alors qu’on est encore de l’argile. Car comme me l’enseignait mon père, homonyme de ton père, tout ce qui est sur terre n’est que terre. Mieux comme nous l’as transmis ton maître, le nôtre, parlant de son homonyme, le Pôle, “jumeler l’ici-bas à l’au-delà, en investissant l’effort permanent pour espérer le repos outre-tombe”.
Paap Maalik, ce nom d’affection allait tellement avec ton personnage si cordial que le titre de “Serigne” qu’on lui greffait dans les moments de célébration semblait ne pas prendre. Tu étais simplement et naturellement Papa, le père affectueux pour tout le monde, Papa Malick fils d’Astou Kane, la Linguère de sang et de rang, qui a su transmettre à ses hommes les vertus des héros, grands dans leurs résolutions, humbles dans leur être, élégants dans leurs faits et gestes, généreux dans leurs dons, courageux dans la défense des causes justes, jusqu’au sacrifice. Tu as tellement perçu la leçon de cette fascinante dame de Dieu, que tu as toujours été un défenseur de la cause des femmes. 
Dans nos sociétés déséquilibrées par la marginalisation de nos sœurs, dans nos foyers religieux où on voue un culte aveugle aux saints hommes quelques-fois, tu as voulu leur rendre justice. Tu as dit, avec force, que cette aura recherchée dans nos foyers était aussi pour une bonne part l’œuvre des femmes. Car, disais-tu, ce sont elles qui apportent la lumière.
Tout est dit! Pour qui sait comprendre. De manière très fine, c’est le style parabolique de l’école du Maître, Serigne Cheikh, tu as attiré l’attention sur le fait que nos sociétés ne sortiront des ténèbres que si elles rendent aux femmes ce qui leur est dû. Ce que Dieu leur a octroyé, la même dignité dans toutes les compétences dont la société a besoin pour progresser de façon continue. 

Serigne Papa Malick, pour rester dans les convenances sociales, d’une humanité débordante, tu as vécu auprès de nous, supportant nos travers, tolérant nos indisciplines et plaidant auprès de Dieu notre rémission. Distributeur naturel d’affection, de bonté, de bonheur, tu étais à toi seul une arme de destruction massive de la haine, de la tristesse et des sentiments négatifs. Esprit perspicace et discret, faiseur de paix qui as toujours œuvré dans l’ombre, tu as souvent apporté la lumière et fais briller tant de choses et de gens, sans paraître, préférant être la face cachée de la lune. Ta posture toujours droite, ton verbe toujours haut nous manqueront à jamais mais surtout la paix que tu répandais dans nos cœurs quand tu nous délivrais les sagesses recueillies dans le silence des âmes quand tu dialoguais avec Serigne Babacar Sy, neuf fois dans la journée.

Ton retour aux origines célestes, c’est auprès du cercle des éperdus d’amour de Dieu, pour de bon, nous aura soustrait une matrice de bienfaisance. Ce jeudi, je pleure une Qibla des moments difficiles, où l’on se tournait pour être apaisé, et une épaule bienveillante qui a bercé mes larmes, tout petit.
Quelle journée!

Il y a des jours! Ah! il y a des jours..…

Ô Allah pardonne ma faiblesse!

Accepte ma prière pour Serigne Papa Malick Sy: «O toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée; entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis».


Abdoul Azize Kébé 

Ummu Ibraayma.


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