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Yann de Nanteuil, DG de la SGBS : «2014 a été une très mauvaise année»


Rédigé le Mercredi 13 Mai 2015 à 19:20 | Lu 100 fois | 0 commentaire(s)




Yann de Nanteuil, DG de la SGBS : «2014 a été une très mauvaise année»
Il n'aime pas que l’on dise de son entreprise qu’elle est vieille. Il préfère mettre en avant le dynamisme et la flexibilité dont elle a fait preuve pour s’adapter à un environnement fortement concurrentiel. Au cours de cette première partie de l’entretien accordé au journal Le Quotidien, le directeur général de la Sgbs indique les défis auxquels sa banque a dû faire face pour se mettre au niveau des exigences de la Banque centrale, et de ce qu’elle en escompte, en dépit d’une période difficile de trois ans en ce qui concerne les résultats, mais qui annonce une belle embellie pour l’exercice à venir. 

Quelle est la part des sénégalais dans l’actionnariat de la Banque générale et quels rapports a-t-elle avec la maison-mère ? 

La Sgbs est une banque totalement sénégalaise et très ancrée au Sénégal, pour plusieurs raisons. Première raison : elle a une ancienneté forte, avec 52 ans de présence au Sénégal, qui lui donne une mémoire et une connaissance du marché dans le pays. La deuxième raison, c’est que 35% du capital de la Sgbs sont détenus par plus de 450 actionnaires sénégalais privés, qui sont largement représentés au Conseil d’administration, puisque sur 11 personnes au Conseil d’administration de la Sgbs, il y a 5 Sénégalais, un Espagnol et 5 Français. Les Sénégalais participent activement, par cette représentation qui est très importante, au comité de direction de la banque opérationnelle, puisqu’ils sont majoritaires. Il y a d’ailleurs deux femmes sénégalaises au comité de direction, qui participent activement à la définition de la stratégie de la banque, à son activité au quotidien. Et parmi tous ces employés, sur les 800, plus 99,99% des employés sont des Sénégalais. C’est donc vraiment une banque très sénégalaise, qui se veut un acteur de développement économique du pays, qu’elle connaît avec son ancrage. C’est pour cela qu’elle a un encours de crédit très élevé, qui finance l’aide au développement et la création d’emplois du pays. 

C’est l’une des plus vieilles banques au Sénégal, qui est dans un milieu où il y a beaucoup de banques, où la clientèle n’est pas énorme. La Sgbs est-elle suffisamment armée pour faire face à la concurrence ? 

La Sgbs a de l’ancienneté. C’est une banque solide et agile, et je vais vous dire pourquoi. C’est quoi une banque ? C’est un grossiste. Elle achète de l’argent en gros, en vrac, et elle le revend au détail, à travers des prêts immobiliers, des prêts aux artisans, des prêts aux Pme ou aux grandes entreprises, selon son métier. Et l’argent, elle va essayer de le chercher auprès des clients qui font des dépôts. Et la Sgbs paye ces dépôts aux clients comme toutes les banques, et ensuite elle re-prête cet argent à d’autres clients pour faire du crédit, et les aider à se développer. Dans ce métier, la Banque centrale, qui fixe les règles de fonctionnement au nom du marché financier et des banques, a fixé une règle très importante qui est le niveau de fonds propres minimum pour assurer la solidité de la banque au niveau des crédits importants qu’elle faits. Et chaque année, on a une obligation de passer une partie des résultats dans les fonds propres de la banque. Inutile de vous dire que quand vous avez 52 ans, vous avez des fonds propres très importants. Si vous avez des fonds propres très importants dans le secteur bancaire, ça veut dire que vous avez une solidité très importante. C’est pourquoi le terme vieille, je n’aime pas trop, parce que dans le secteur bancaire, l’ancienneté est très souvent un gage de solidité. Après, il y a une forte agilité, et là la concurrence nous a un peu réveillés, il faut être clair. Il y a deux ou trois décennies, la Sgbs, avec assez peu de concurrence, évoluait dans un marché où il n’y avait pas beaucoup de banques et n’avait donc pas besoin d’un fort dynamisme commercial. C’est fini, ça a changé et c’est tant mieux. Il y a énormément de banques au Sénégal, le marché n’est pas très important et ça nous oblige tous à être plus imaginatifs, à être agiles, à avoir une vraie démarche commerciale, une vraie démarche de qualité de service à nos clients, de transparence vis-à-vis de nos clients, et donc à être meilleurs, à se réformer à l’intérieur. Après, il y a toujours une limite à respecter, car la concurrence a l’effet de faire baisser les prix des services et des crédits. Tant mieux, ça favorise le développement économique. En revanche, comme on prête de l’argent que l’on paye à nos clients, c’est le jeu de l’offre et de la demande, plus il y a des banques à chercher des dépôts, plus la rémunération faite aux clients des dépôts augmente. Donc, il y a une espèce de limite à respecter, pour que la concurrence ne soit pas contre-productive et qu’elle n’inverse pas la tendance de la baisse des prix, qu’elle ne vienne pas nuire à cette baisse, parce que le nombre est très important et le coût d’argent devient très élevé. C’est vrai qu’avec 24 banques, on sent que le coût des ressources devient un enjeu stratégique majeur de notre activité, et la maîtrise de nos ressources est un enjeu majeur. Il y a plein de circuits de financement. La banque centrale est un circuit de financement. On peut se financer aussi par emprunt, mais tout ça a un coût. Si vous faites un gros crédit pour alimenter votre trésorerie, pour vous permettre de prêter de l’argent, évidement vous allez payer du crédit. 

Est-ce que les ajustements que vous faites sont bénéfiques aux usagers, si l’on sait qu’il n’y a pas longtemps, des associations de consuméristes ont dénoncé la non-application des directives de la Bceao sur la gratuité des services… 

Oui, comme toutes les autres banques de l’Uemoa, parce qu’il y a 120 banques, on est tous concernés. Les banques ont exécuté ce qui leur était demandé et la banque centrale veille à juste titre à la bonne application de ces règles. La Sgbs est régulièrement contrôlée par la Banque centrale. Au cas présent, elle a été contrôlée sans aucune remarque puisque nous avions appliqué ces règles. Il s’avère à la Sgbs qu’il y avait déjà une large partie des services qui disposaient d’une gratuité, ça n’a pas changé foncièrement nos processus de travail. Maintenant, ce que nous voulons, nous les salariés de la Sgbs, c’est profiter pour nous améliorer dans la transparence des prix vis-à-vis des clients. C’est très important, parce qu’en fait, la banque c’est un métier relationnel, qui repose sur une confiance mutuelle, entre un client et la banque. Cette confiance passe aussi au-delà de la qualité de service, de la rapidité de l’exécution par une transparence totale sur les prix. C’est normal qu’on fasse payer un service, on n’a aucune honte à faire payer un service. On travaille, donc on a des salaires, c’est normal, il n’y a aucune honte à avoir là-dessus. Il faut juste être très clair dans les prix. 

Vous avez été pendant très longtemps, une banque leader sur la place sénégalaise. Depuis un certain temps, du fait de la concurrence, vous avez connu un recul. Vous sentez-vous bien à votre place actuelle, ou vous avez une stratégie pour retrouver votre position de leader ? 

La Sgbs reste une banque de premier plan, une banque très leader aussi au Sénégal, de par la taille de son bilan et de l’importance de ses crédits. Je rappelle que le total des crédits bruts, c’est-à-dire les crédits qui n’ont pas de difficultés à être remboursés et ceux qui peuvent avoir quelques difficultés à se rembourser, est de plus de 500 milliards de F Cfa. C’est énorme. Un billet de 10 mille francs fait 14 cm et demi. Si vous faites 500 milliards, multipliés par 14 cm et demi, ça fait près de 75 000 km, pas loin du tour de la terre. Ça vous donne une idée plus matérielle de ce que représentent 500 milliards. La Sgbs prête quasiment une fois le tour de la terre aux Sénégalaises et aux Sénégalais, c’est quand même une banque leader. Le deuxième point, c’est que l’objectif d’une banque ne doit pas être d’être premier, deuxième, troisième …. On s’en fiche. L’objectif d’une banque, c’est d’être un outil de développement économique du pays dans lequel elle évolue. Si on joue bien notre rôle de financement de l’économie, on sera créateur d’emplois, donc tout le monde va y gagner, le pays et la banque qui se développent, avec la création d’emplois. L’objectif, c’est d’avoir un développement durable et rentable, ce n’est pas d’être numéro 10, 20… tout le monde s’en fiche, ce n’est pas mon problème, ce n’est pas notre problème à la Sgbs. Dans notre objectif pour répondre à cette volonté première d’être un acteur de développement, on vise la solidité maximale. C’est la garantie pour les dépôts de nos clients. Aujourd’hui nous avons 38 milliards de fonds propres. C’est près de 4 fois l’exigence minimale de la banque centrale. La Sgbs est un baobab. Le client est placé au cÅ“ur de nos préoccupations. Toutes les forces vives de la Sgbs sont en ordre de marche pour répondre au client, c’est lui notre invité de tous les jours. C’est comme si on invitait le client qui entre à la banque à dîner un soir. Quand on invite quelqu’un, on ne va pas l’accueillir en restant assis dans son canapé, on va devant lui avec le sourire. Le client à la Sgbs est comme notre invité au quotidien, chaque salarié est mobilisé pour avoir cet esprit de service. La qualité de service intègre toutes les stratégies. Et la qualité de service, c’est rapidité, qualité au meilleur prix. Pour être un vrai acteur du développement, il faut travailler à l’inclusion financière des populations les plus éloignées de la banque. C’est en travaillant avec ces populations, en les amenant à accéder à la banque sans qu’elles aient d’appréhensions, qu’on va faire du financement auprès d’elles et qu’elles vont aussi arriver à se développer. C’est ça être un acteur du développement. 

Ce tableau très encourageant s’est-il reflété dans l’exercice financier écoulé ? 

Il faut savoir que ça fait 2 ans, en 2013 et 2014, qu’on a une période difficile. Parce qu’on a décidé très rapidement, de se mettre aux normes et de respecter l’ensemble des règles de la Banque centrale. On le faisait parfois ; ce n’était pas assez rigoureux, la Banque centrale nous en a fait des remarques fin 2012. On s’est retroussé les manches, nous les 800 employés, et en 2013 et 2014, on a travaillé d’arrache-pied pour se mettre aux normes que nous fixe la Banque centrale. C’est notre rôle de banquier. Pour se mettre aux normes, la Sgbs a dû passer sur la partie gestion de ses crédits, beaucoup de provisions en trois ans. Sur les exercices 2012, 2013, 2014. Aujourd’hui, à l’heure où on parle, on est aux normes. Mais c’était une période difficile. En 3 ans, la Sgbs a passé 90 milliards de provisions ; c’est énorme, ça représente plus d’une fois et demie le chiffre d’affaires de la banque sur une année. Et on a toujours 38 milliards de fonds propres. C’est juste pour vous dire la solidité, plus de 4 fois ce que demande la banque centrale. 2014 passera dans la lignée 2012 et 2013, c’est-à-dire que ce sera une très mauvaise année pour la Sgbs. on aura un résultat négatif et on va présenter ce résultat à la validation de l’Assemblée générale qui aura lieu en fin de mois, puisque ce sont nos actionnaires et notamment les plus de 450 actionnaires sénégalais et le groupe Société Générale qui est aussi garant de cette solidité et cette pérennité financière. C’est l’Assemblée générale des actionnaires qui validera les comptes, comme c’est la norme pour toutes les entreprises. Maintenant ce que je remarque, c’est qu’à l’heure où je parle, après deux ans de travail acharné, la Sgbs s’est alignée sur des critères, à un niveau de normes qui est proche ou égal à celui des normes réglementaires Bâle 2. Bâle 2, ce sont les Banques centrales dans le monde, qui fixent des règles aux banques. Elles se réunissent dans cette ville de Suisse et elles fixent des règles internationales. La Banque centrale de l’Uemoa a décidé que ce second niveau de normes baloises sera appliqué à l’Uemoa à compter de 2017. A l’heure où je vous parle en 2015, la Sgbs, sur bien des critères, respecte les normes Bale 2. C’est donc une très grosse avancée. Inutile de vous dire que ça laisse beaucoup d’espoir sur le devenir de cette banque au Sénégal dans un avenir très proche. 

Dans ces conditions, comment se présente le financement de l’économie, notamment celui des Pme, et quelle est la position de la Sgbs dans le financement des Pme ? 

Au 30 avril, donc 4 mois après le début de l’année, la Sgbs avait une croissance de crédit fait aux Sénégalaises et aux Sénégalais, de 10%, on voit que la tendance est extrêmement forte et positive. Ça traduit probablement aussi la reprise économique qu’on sent, par la forte demande de nos crédits. Dans cette forte demande, il y a des crédits Pme et Pmi. On croit énormément à ce secteur. Parce que les pays qui ont eu de fortes croissances, ça reposait d’abord sur des Pmi et Pme qui sont le secteur qui crée le plus d’emplois. C’est là où le nombre d’emplois est plus important. La Sgbs a beaucoup de clients dans ce secteur, on a plus de 45 milliards de crédits actuellement en cours, fait à ce secteur de Pmi Pme. Ce n’est pas une nouveauté d’hier .En revanche, on vise à s’améliorer pour financer ce secteur, pour répondre à notre objectif d’être un acteur de développement du pays. 
Comme c’est un secteur qui parfois peut présenter un peu de risques, on travaille avec d’autres acteurs pour diversifier nos risques. Quand on fait un crédit de 1000 par exemple, on va chercher des contre-garanties auprès d’assureurs ou d’acteurs financiers privilégiés. On peut en citer deux, actuellement dans le pays, qui à mon avis jouent un rôle très important. C’est l’Agence française pour le développement (Afd) qui amène les garanties ariz pour contre-garantir partiellement. On peut aussi citer le Fongip qui est un instrument majeur de financement des Pme-Pmi, et qui est tout à fait pertinent dans son rôle. Deuxième chose, il faut pratiquer des prix compétitifs. Les contre-garanties y aident. Parce que s’il y a moins de risques, on peut évidemment pratiquer des prix plus compétitifs. Ce qu’on fait, nous à la Sgbs, c’est d’essayer de chercher des lignes de financement à taux bonifié, ce qui permet de baisser le taux que l’on pratique à nos Pme-Pmi. Je prends deux exemples. En début d’années on a signé avec L’Afd deux lignes de financement de la Sgbs à taux bonifié. Une ligne qui vise à financer les investissements permettant des économies d’énergie, ce qui est évidement favorable à une Pme-Pmi. Et une ligne qui vise à financer les investissements permettant de lutter contre la pollution. La première ligne est de 3 milliards de francs Cfa, la deuxième est de 5 milliards de francs Cfa. Comme on bénéficie de ce taux bonifié, on le répercute dans le taux du crédit qu’on va offrir à nos clients. Ce qu’on a fait en lien avec l’Afd, c’est qu’on a plafonné le total du crédit par entreprise à 500 millions. C’est simple, ça peut être de zéro à 500 millions. On vise bien le secteur des Pme-Pmi, pour faire profiter à ce secteur de ces taux bonifiés. Troisième chose, dans ce secteur il faut aider le chef d’entreprise. Ce dernier est au four et au moulin. On lui demande de connaître la réglementation du Code du travail, on lui demande d’être un spécialiste de la finance, d’être un spécialiste de son métier et de la Rse. Il fait tout, s’il est poly-fonction. Pourtant il n’a pas fait pas polytechnique mais il est poly-fonction. Nous, notre métier c’est d’être des financiers. Et sur la partie financière, on veut des conseillers de clientèle à Sgbs qui soient au top. Parce qu’on est sûr qu’on donnera, comme cela, le meilleur conseil pour que le chef d’entreprise gère au mieux ses finances. Il sera au moins débarrassé de ce secteur et pourra se concentrer sur son commercial, sur le volet exploitation qu’il connaît probablement mieux. Et pour cela on dépense chaque année, plus de 120 millions de francs Cfa par an pour la formation de nos salariés. Cela équivaut à plus de 1% de la masse salariale annuelle de la Sgbs. On a un enjeu formation pour aider au développement du secteur des Pme-Pmi. On a plein d’idées, souvent avec des partenariats. Il y a des socioprofessionnels, les chambres de commerce, les associations professionnelles qui parfois sont spécialisées dans ce secteur. Il faut travailler avec eux pour encadrer ces Pme et les aider à se développer. On a plein d’idées de partenariats, on en développe, on participe à des actions collectives. 

Vous avez parlé de 10% de croissance du taux de crédit. Cela représente à peu près combien en Cfa ? 

500 milliards de crédit, 10% de cela font 50 milliards. Par rapport à l’année dernière. Mais c’est tout type de financement. Cela veut dire que c’est le financement de l’Etat du Sénégal, ou d’acteurs financiers de la zone, c’est le financement des entreprises, des petites entreprises, des artisans, des particuliers… On a multiplié en deux ans, par trois ou quatre, le financement des Etats de la zone, en particulier dans notre pays. 

Lequotidien


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