Son retour dans l’arène, après sa première défaite, sera prometteur, à en croire certains observateurs.
Mais dans quelle posture….
A ces débuts, les amateurs de la lutte avec frappe ont découvert un lutteur serein, toujours souriant. Ce qui a fait gagner Yékini l’estime du monde de ce sport bien de chez nous. Il avait habitué à ses inconditionnels à un discours gagneur, déstabilisateur, virulent. Une communication d’avant et d’après combats qui ont révélé son mental de fer, sa détermination. Yékini prenait souvent le dessus sur ses adversaires : il était imperturbable, toujours confiant. Et beaucoup de personnes avaient pour lui de la considération à cause de sa discipline. Certains observateurs lui prêtaient un don divin. Tellement il était prompt, clair et net dans ses ambitions au cours des face-à -face. Bref, telle était l’attitude du roi dans les batailles psychologiques avec ses adversaires. Il avait une assurance à toute épreuve ; ne disait-il pas souvent dans ses rencontres d’avant-combat avec ses adversaires : « daan, diar Joal, gnibbi Bassoul » (ndlr : Vaincre, passer à Joal et rentrer à Bassoul)Les mots de trop qui ont… écorné l’image du championPlus tard, l’on découvre une face jusque-là cachée. Celle d’un Yékini plu responsable, plus engagé mais qui commençait à … agacer.
D’abord, les jours précédant la signature de son combat contre le lion de Guédiawaye, Yékini s’est montré, déjà , près à en découdre avec son prochain adversaire. Il avait le sentiment d’être en face de tout bloc d’ennemis qui ne guettaient que sa première défaite. Il fallait encore relever le défi, et le roi monte au créneau. Ainsi, les amateurs peuvent se souvenir encore de sa fameuse conférence de presse. La première avant que Luc Nikolaï ne ficèle le combat du roi d’alors contre le lion de Guédiawaye. Yékini promettait déjà de clouer le bec à ceux qui lui pompaient l’air. Il avait déclaré : « Takkati radio yi dinagnou teudj sen guémigne, amagougnou Mbeur moumay daan : (Je vais fermer leur grande gueule.
Il n’ont pas encore un lutteur qui peut me terrasser) ». L’on peut jusque-là qualifier de tels propos de « sportifs », de celui qui cherchait à croiser le lutteur visé : Balla Gaye 2. Certes, mais, il ajoutera : « Bou gnou dioum ci khatim yi. Yahya Diop laa toudou : (qu’il ne se trompe pas lors des incantations, je m’appelle Yahya Diop Yékini) ». Le défi était ainsi lancé. Le combat ficelé, la bataille psychologique commence. Chacun des lutteurs y va avec son style, avec des propos déstabilisateurs. Au micro de Bécaye Mbaye, Yékini déclarait encore : « Lima beugue deff guissou ma ci adouna kouma koy téré deff : (personne au monde ne peut m’empêcher de faire ce que j’ai envie de faire) ». Une façon de parler pour obtenir gain de cause ? Peut-être. Bref, il déployait tout son arsenal verbal pour gagner d’abord la bataille psychologique et poursuivre sa marche victorieuse.
Car, jusque-là , le roi, qui n’avait pas besoin de crier sa royauté, avait engrangé 19 victoires. Il avait fini de faire une belle carrière, et il ne lui restait que de sortir par la grande porte de l’arène. Autre sortie du Roi qui avait valu au communicateur traditionnel, présentateur de l’émission Bantamba de la 2stv, des sueurs froides. Le futur adversaire de Balla Gaye tance Bécaye Mbaye. Il lui reprochait d’avoir tenu des propos qui frisaient la trahison, vu leur amitié. Et ce dernier de jurer sur son saint marabout : « yall nagniou yalla atté souféké wakh na ci yaw lou bone ». (Ndlr : Que Allah nous juge, si j’ai dit du mal de toi). Autant de sorties qui quand même déprimait l’estime de certains amateurs à son égard.
Le combat a eu lieu un soir du 22 avril 2012 au stade Demba Diop, et le roi Yékini subira une lourde défaite, inattendue et historique. Les suspicions jaillissent et font éclore une trahison de ses proches. Lors du dernier face à face d’après combat, la déception cette fois se lisait sur son visage crispé et fermé. Le ton de son discours avait perdu de sa fermeté, pour ne pas dire de son arrogance. Contrairement à ses habitudes d’ailleurs, au lendemain de chaque combat et chaque victoire. Depuis, Yékini s’engouffre dans le mutisme. Maintenant l’on évoque son retour, qui peut être explosif. Manga 2 n’en doute pas : « le retour de Yékini dans l’arène fera un boom. Parce que tout simplement c’est un lutteur complet. Je ne pense pas que cette première défaite puisse impacter sur son retour. Il a le mental. C’est un sportif complet ». Le journaliste Mour Diop, qui pense que les adversaires ne manquent pas pour lui, renchérit : « il va rebondir.
C’est toujours difficile de digérer sa première défaite. Ce n’est pas parce qu’il l’a subie devant un jeune champion plus frais, qu’il va perdre tout ce qu’il a fait pendant 15ans. Il est pratiquement le meilleur lutteur de l’arène. Comme Tyson, il est très difficile de lui trouver un adversaire. N’importe qui ne peut pas l’affronter. Il n’a qu’une poignée d’adversaires. C’est possible (pour lui) d’affronter des lutteurs de la nouvelle génération ou de donner une revanche à ceux qu’il a terrassés. Mais aussi, il voudrait laver l’affront devant Balla Gaye ». Et il a la technique, encore la force. Mais peut-on imaginer un Yékini new-look ? Avec le même mental ? Celui d’un champion professionnel ? Quelle sera son style de communication à la sortie de cette défaite ? That’s the question !
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