L’histoire secrète du «conquistador» de Ramdan

Ses chansons ont fini gagner les cœurs. Sa réputation n’obéit plus à des logiques frontalières. L’homme, c’est Wally Seck, également connu sous le nom de Wally Ballago ou du «Faramaren». Il est le fils du célèbre chanteur Thione Seck. Son enfance, il l’a passée entre Castors, Hlm et Pikine. Wally a fait l’école coranique à «Mariama Niasse». Par la suite, il est envoyé en Europe pour qu’il devienne footballeur professionnel. Sans succès. De «retour au pays natal», il s’engage dans la musique. Il commence sa carrière au terrain Acapes des parcelles assainies. A force de courage, de détermination et d’ambitions, l’homme a réussi, à l’âge de 34 ans, à atteindre les empyrées de la musique sénégalaise et lance l’offensive pour le niveau mondial. Mais en dehors de ses chansons, au rythme parfois endiablé, qui est vraiment Wally Seck ? Que se cache-t-il derrière cet homme qui a aussi le don de déclencher toutes les sortes de polémiques à son sujet ? Allez ! Enlevez vos chaussure, nous vous entrainons dans les secrets, jamais révélés, du fils de Ndèye Fatou Diaga.

 

Par Babacar TOURE


Pour parler de l’histoire de Wally Seck, il faut remonter vers la fin des années 2000. Un soir, comme tous les soirs, Wally et ses amis se retrouvent dans sa chambre. Une discussion normale s’enclenche. Entre copain. Au milieu des débats, Wally rappelle la date du 27 avril. C’est le jour de son anniversaire. Tiens… l’idée intéresse toute la bande. Subitement, les points de vue commencent à fuser pour la bonne tenue de l’organisation. Pour le format, un concert gratuit fut décidé. Où ? Les amis hésitent un peu sur le Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices), avant de maintenir le terrain Acapes, situé aux parcelles assainies. Un choix qui était tout sauf fortuit. Selon Mamadou Koné, le chargé des affaires administratives de Ramdan, qui nous a aussi fait le récit, le choix du lieu était motivé par une stratégie claire de capter la jeunesse. «A une semaine de l’évènement, on n’avait même pas bouclé le million de francs Cfa de budget. On avait loué des groupes électrogènes. Je garde toujours les factures par devers moi», détaille le collaborateur de l’artiste.

Mais le groupe tint le concert. Contre vents et marées. Nous sommes le 27 avril 2010. Le jour où tout a basculé pour l’artiste. Wally démarre avec «Musico». «C’est la chanson qui a ouvert le bal», dira Mamadou Koné. Après avoir conquis la banlieue, via le terrain Acapes, Wally lance l’assaut sur le Cices. Il fait vibrer les gigantesques salles de la Foire durant quelques bonnes années, avant d’atterrir au mythique grand théâtre. Une salle que les artistes fréquentaient, à l’époque, avec beaucoup de précaution, à cause de ses milliers de places. «Les gens pensent que Wally s’est levé un bon jour pour conduire de belles voitures, alors qu’il a rampé. Pour faire des concerts à Acapes, on partait jusqu’à Bargny pour louer des groupes électrogènes qu’on transportait par des charrettes», raconte M. Koné. Et de fil en aiguille, l’artiste pousse jusqu’à atterrir à Bercy, le 4 juin 2017. La mythique salle française que seuls la star planétaire, Youssou Ndour, et l’artiste Pape Diouf, osaient, jusque-là, affronter. «Wally est très courageux. C’est un travailleur qui a beaucoup de confiance en sa personne», témoigne Bijou Ngoné, animatrice à la 2stv et chargée de production de Wally Seck.

 

De footballeur à «mbalakhman»

 

Après l’échec de son aventure avec le ballon rond, Wally Seck rapplique sur Dakar. Il vient faire le même métier que son papa : la musique. «Personne n’a vu Wally venir. Aucun membre de sa famille ne pouvait imaginer qu’il allait atteindre le niveau où il est aujourd’hui», affirme Bijou Ngoné. Mais pourquoi ? «Parce que personne ne croyait qu’il allait chanter. Wally était un footballeur professionnel», explique sa chargée de production qui dit aussi être la sœur cadette de sa maman. En effet, Wally était parti en Europe pour faire une carrière dans le football. Cette industrie qui brasse aujourd’hui des milliards et fait rêver le monde entier. Mais, le Mozart de Ramdan ne sera pas comme Sadio Mané. Il ne deviendra pas joueur professionnel. Tout de même, «il garde intact son amour pour le foot», témoigne la star de «Confrontation».

 

La particularité de Wally Seck

 

Pour Mamadou Koné, le responsable administratif de Ramdan, c’est «la constance» qui définit le mieux Wally Seck. Pour lui, jouer tous les week-ends de l’année, pour un artiste, est vraiment quelque chose de particulier. Qui sort de l’ordinaire. Hormis, la constance, M. Koné témoigne une «réelle performance» à son collaborateur. Le manager de faire noter que Wally a opéré un choix radical, dès ses premières heures dans la musique. «Il a commencé les «lives», dès le début de sa carrière. Il n’a pas été là, à produire des albums pour ensuite attendre d’avoir une salle où jouer», indique M. Koné qui ne termine pas sans signaler que c’est cette option qui fait de Wally «le meilleur de sa génération».

Etre le fils de Thione Seck, selon Mamadou Koné, est certes une chance pour Wally. Mais, le niveau où il est aujourd’hui, n’est que le fruit de son dur labeur, dira l’expert administratif. Pour mieux nuancer ce titre (fils de…), le manager rappelle qu’au début de sa carrière, Wally faisait face aux critiques de son propre papa. «Un jour, au Cices, son papa (Thione Seck, Ndlr) l’a trouvé sur scène pour lui dire de reprendre une chanson qui était mal faite», se souvient Mamadou Koné. Poursuivant son témoignage, le manager général de Ramdan révèle que Wally s’est «bâti tout seul». Pour lui, l’artiste, dont les chansons renferment le secret de mettre en transe la quasi-totalité des jeunes, utilise ses propres moyens pour produire ses albums et clips. Egalement, M. Koné fait savoir que les chansons de Wally ne sont pas écrites par son papa, contrairement à ce qu’une certaine opinion pourrait imaginer.

«Ceux qui ont vraiment porté Wally, ce sont ces amis», fait noter M. Koné. «Il a eu la chance d’avoir des amis qui sont prêts à tout faire pour lui», déclare-t-il. Selon le manager, certains des amis de Wally prenaient même les tontines de leurs mamans pour financer ses activités. Aux côtés de ces gens-là, d’autres mobilisaient les jeunes autour de mouvements comme le «Wally Family», poursuit-il. «Il a aussi eu la chance d’avoir des personnes qui ont été là depuis le début. C’est le cas des gens comme grand Fara, Awa Bocoum, Alou Ndoye, etc.», révèle M. Koné.

 

Une machine à créer des emplois

 

Bon nombre gens pourraient seulement voir l’image de l’artiste, mélodieusement porté par le groupe Ramdan. Mais, une investigation nous a permis de découvrir bien plus. Derrière le chanteur qui a le don de mettre du «feu» dans ses concerts, se cache une véritable machine à embaucher. Wally Seck est un grand employeur. Un entrepreneur, à la limite. «Il fait travailler toute sa famille», confirme Bijou Ngoné. Selon l’animatrice, la plupart des membres de la famille de l’artiste sont aussi ses employés. «Ses batteurs, son claviste et même le ramasseur des billets, etc.», liste Bijou. L’animatrice cite son cas en exemple. La dame qui dit être la sœur cadette de la maman de Wally ne cache nullement sa fierté de travailler pour  son neveu aujourd’hui. Ses cousins et ses frères, également. «Wally est devenu une industrie», note la technicienne. De l’argent, il en décaisse énormément. «A la fin de chaque soirée, même ses amis sont payés», révèle Bijou Ngoné. La même source de renseigner que l’artiste peut dépenser jusqu’à trois millions de francs Cfa par soirée, rien que pour payer les salaires. Un aspect de l’homme qui semble échapper au commun des mortels sénégalais qui, pourtant, dévorent avec une appétence particulière ses tubes. Mais sur ce qu’il gagne, motus. Bijou se garde bien de le révéler, même si ses témoignages laissent deviner des centaines de millions par soirée. Son défaut ? Bijou pense que c’est sa générosité. En plus, Wally n’a pas que la musique comme activité. De la vente de voiture à l’investissement dans l’immobilier, l’artiste se démarque par son ingéniosité et son sens des affaires. Le «Faramaren Building», hauteur de la foire, a fini de prouver que Wally est un vrai «businessman», en dehors des rythmes du Ramdan.

Les collaborateurs de Wally Seck que nous avons rencontrés affichent un optimisme débordant. Bijou Ngoné et Mamadou Koné ne se cachent guère. Les deux proches de l’artiste disent, sans fioritures, que Wally a d’ores et déjà lancé la conquête pour s’internationaliser. «Il n’a plus rien à prouver au Sénégal», selon M. Koné. Bijou Ngoné de radicaliser en disant que «Wally ne sera plus «mbalakhman», avec la sortie de son Album international. «Très prochainement», dit-elle.