Dans un communiqué parvenu à EnQuête, le coordonnateur du Parti démocratique sénégalais (PDS) a démenti l’information parue, hier, dans la presse et faisant état de la volonté de Me Abdoulaye Wade - avant d’y renoncer - de dissoudre la Fédération nationale des cadres libéraux (FNCL) au profit d'une hypothétique Commission nationale des cadres (CNC).
“Le PDS informe que cette information est dénuée de tout fondement. La FNCL, forte de ses dizaines de militants, ne saurait être dissoute et remplacée par une structure de dix (10) membres. Le bon sens même l’interdit”, a déclaré Oumar Sarr.
Toutefois, des sources dignes de foi confirment cette histoire qui est loin d’avoir livré tous ses secrets. Car, souffle-t- on, l’ex-président de la République a notifié cette décision au coordonnateur national du PDS “il y a trois semaines”. Mais pour éviter une implosion du parti, ce dernier a préféré classer l’affaire sur le registre de l'”hyper confidentielle”. Le temps d’en discuter avec quelques membres de la FNCL.
“Nous avons fait comprendre à Oumar Sarr que ce n’est pas possible. C’est une manœuvre pour s’accaparer de la FNCL. Et ça ne passera pas”, confie un responsable libéral. Un message apparemment bien reçu par le député maire de Dagana qui a réussi à convaincre le secrétaire général national de l’”inopportunité” d’une telle décision.
“L'avocat et le très proche parent”
Cependant, de nombreux cadres de la FNCL n’ont toujours pas digéré cette décision de leur leader. C’est le cas du Dr Ma Anta Mbow qui soupçonne un avocat membre du parti et ancien ministre, et un très proche parent de Me Wade d’en avoir été les instigateurs. “Il y a des gens qui font des manigances pour conserver des privilèges, mais on se battra jusqu’au bout”, prévient-il.
“Des gens qui se réclament de la Génération du concret (...) ont voulu nous imposer leur vision, nous avons refusé. Après notre défaite, beaucoup de cadres sont partis. Nous avons préféré rester et risquons notre vie, parce que nous voulons servir notre pays.”
Son “frère” Abdou Khafour Touré trouve “insensé” de vouloir dissoudre la FNCL au profit d'une mystérieuse CNC. Accusé de “passer tout son temps” à voyager, au détriment de la FNCL, l’ancien patron de la défunte Agence nationale pour l'emploi des jeunes (ANEJ), promet de répondre à ses “détracteurs” lors de la réunion des cadres prévue cette semaine.
Pour sa part, Bachir Diawara, ancien chef de cabinet de Karim Wade, refuse de s’engager dans la “polémique” et appelle à “l’unité” du parti. “Il n’y a pas de problème entre les cadres, malgré les dissonances. Il nous faut une union et une démarche harmonieuses. Avant de se prononcer sur un sujet, il faut avoir des éléments d’appréciation”, dit-il. Pour qui, l’objectif est ailleurs. “Au-delà de cette affaire, nous devons tout faire pour libérer Karim Wade, ensuite faire face au régime de Macky Sall.”
La succession de Wade en toile de fond
Même si personne ne veut l’évoquer, cette tentative avortée attribuée à Me Wade de capturer la FNCL sur le dos de Abdou Aziz Diop semble être le prolongement de la bataille pour sa succession. Bien qu’il ne l’ait pas officiellement déclaré, l'ancien président est accusé par de larges franges du Pds de chercher à livrer le parti qu'il a créé en 1974 à son fils dès après sa sortie de prison.
Pour ce faire, il agirait par élimination graduelle. Et la première “victime” pourrait être le coordonnateur national du PDS. Déjà, EnQuête avait évoqué, il y a quelques semaines, une “brouille” entre Me Wade et Oumar Sarr à qui il reprocherait un début de “proximité” avec des membres de l’actuel régime. “Il ne peut y avoir de brouille possible”, répond Mayoro Faye, proche de l’ancien ministre de l’Habitat et chargé de communication du Pds.
“Oumar Sarr est coordonnateur du parti par la volonté de Wade. S’il ne veut plus de lui, il le dégomme car le parti lui en donne les prérogatives.” Est- ce aussi simple maintenant que Sarr a passé plus d'un an à la tête de la formation politique libérale ? “A chaque fois qu’il (Wade) veut prendre une décision, il (Oumar Sarr) le consulte d’abord. Ils s’entendent bien. C’est vrai qu’il y a des enjeux parce que certains veulent diriger des structures, mais la FNCL est toujours là”.
D’ailleurs, précise-t-il, “la dissolution de la FNCL ne peut se faire même si Wade le voulait” au risque de violer les textes. La FNCL a le même titre que le Mouvement des femmes, le Secrétariat national, le Bureau politique, l’UJjtl, le Comité directeur, le Congrès...