La tournée régionale de Stéphane Le Foll, Ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, s’est achevée par le Sénégal les 28 et 29 juillet derniers (après le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire). Une visite intense qui a conduit le ministre, son homologue sénégalais et l’Ambassadeur de France au Sénégal à sillonner la vallée du fleuve Sénégal et le Ferlo à la découverte d’hommes et de projets qui contribuent à l’initiative « 4 pour 1000, des sols pour la sécurité alimentaire et le climat » lancée par la France dans le cadre de la COP21.
La visite en images :
Après une audience avec le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, le ministre Le Foll s’est entretenu avec son homologue, M. Pape Abdoulaye Seck, avec lequel il a signé une déclaration d’intention pour un partenariat sur les clusters horticoles. Cette convention « consistera à mettre en place une structure de formation technique qui associe différents acteurs pour pouvoir les former. (…)L’initiative « 4 pour 1000 » a pour objectif de mettre en place et diffuser des pratiques agronomiques permettant la séquestration de carbone dans les sols et par-delà même la restauration des sols dégradés. » a expliqué M. Le Foll lors du point presse qui a suivi la cérémonie de signature.
Après un déjeuner de travail à la Résidence de France, la délégation a pris la route pour Sangalkam afin de visiter un site de recherche-développement sur la fertilité des déchets organiques. Occasion pour la Fédération des producteurs maraîchers de Ndiaye de présenter leur activité de production de composte et pour le CIRAD de présenter le projet Gestion Durable des Terres de recherches et d’actions sur l’agroforesterie et les bio-digesteurs. Des projets concrets et utiles à l’image des bio-digesteurs qui permettent la production de biogaz soulageant entre autres choses le travail domestique des femmes qui ne sont ainsi plus astreintes à la collecte du bois. Ce qui a également un impact, il faut l’ajouter, sur la scolarisation des enfants.
Le lendemain, traversant l’immense plantation de cannes à sucre de la compagnie sucrière sénégalaise (CSS), qui recycle ses résidus végétaux pour produire de l’énergie, les ministres français et sénégalais sont allés à la rencontre de l’éleveur Tidiane Bâ dans un campement peuhl proche de Richard-Toll et ont assisté à la traite. Le lait étant ensuite collecté par la Laiterie du Berger, numéro 2 de la vente de yaourt au Sénégal. S’en est suivie, une discussion passionnante entre l’éleveur, les ministres et les différents acteurs présents sur les liens agriculture-élevage et les enjeux de la fertilité des sols et de fourrage dans un contexte de sédentarisation des éleveurs pasteurs qui vendent leur lait.
Après un déjeuner à l’ombre d’un gigantesque baobab, perdu au milieu de l’immense Ferlo, la délégation a rencontré, autour du forage pastoral de Widou Tiengoly, les agents du dispositif partenarial « Pôle Pastoralisme Zones Sèches », qui associe un large collectif de chercheurs et enseignants chercheurs de l’Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA), de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), du Centre de Suivi Écologique (CSE), de l’Ecole nationale d’économie appliquée (ENEA-UCAD) et du Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (CIRAD). Ces différents acteurs de terrain ont présenté leurs recherches en lien avec les sols et le cycle du carbone.
La tournée dans le Ferlo s’est soldée par la visite d’une plantation de la Grande Muraille Verte, initiative portée par l’Union Africaine depuis 2007 qui vise à une gestion intégrée des ressources naturelles de la région. Concrètement, il s’agit de plantations agroforestières, de bassins de rétention, de systèmes de production agricoles et autres activités génératrices de revenus, ainsi que d’infrastructures sociales de base. Cette Grande Muraille Verte traverse 11 pays saharo-sahéliens.
Au terme de la journée, le ministre français a visité à Ndaye le site de recherche Africa Rice/ ISRA/IRD sur la riziculture durable, qui permet de limiter les intrants, d’économiser de l’eau et de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le Laboratoire Mixte International LAPSE « Adaptation des Plantes et des microorganismes associés au Stress Environnementaux » au Sénégal (IRD, ISRA, UCAD et Africa Rice) conduit des recherches en biologie végétal et microbiologie pour développer une approche intégrative qui vise à mieux exploiter la diversité des plantes et des microorganismes afin d’améliorer de façon durable la production agricole et réhabiliter les écosystèmes dégradés.
Les financements actuels de l’Agence Française de Développement (AFD) dédiés au secteur agricole au Sénégal sont de 102, M€. Ces ressources sont affectées à la mise en œuvre de quatre projets dans la vallée du fleuve Sénégal qui visent à aménager des zones de production et construire des ouvrage de gestion de la décrue pour développer davantage les cultures céréalières ; renforcer la structuration de la filière riz et appui aux acteurs en favorisant le développement de partenariats pour faciliter la commercialisation du riz local sur l’ensemble du territoire national ; réaliser des infrastructures à caractère socio-économique pour améliorer l’attractivité des territoires ruraux et renforcer les capacités de maitrise d’ouvrage des communautés rurales dans la gestion des ressources naturelles et foncières et la planification du développement local. Ces projets représentent la moitié des engagements financiers de l’AFD au Sénégal ayant, sur la période 2012-2015 des co-bénéfices climat.