La presse africaine – et au-delà du continent celle du monde entier – a, depuis l’ouverture le 20 juillet à Dakar du procès d’Hissène Habré, multiplié les éloges et félicitations au Sénégal et à l’Union africaine pour l’organisation de ce qu’elle qualifie souvent de « procès historique ».
Des médias de l’Afrique tout entière se sont intéressés au procès, avec de nombreux articles publiés dans des journaux tchadiens, sud-africains, kenyans, burkinabés, marocains, camerounais, pour n’en citer que quelques-uns. Occasion souvent, malgré les débuts mouvementés du procès, de faire honneur au Sénégal pour son rôle dans l’écriture d’une importante page de l’Histoire du continent.
En Afrique du Sud par exemple, le Sunday Times, le premier journal dominical Sud-Africain, a écrit que le début du procès « fut un jour important pour la justice en Afrique ». « Ce procès, écrit le journal, est historique » notamment parce que c’est le premier procès au cours duquel les juridictions d’un État jugent l’ancien dirigeant d’un autre État pour des violations présumées des droits de l’Homme. Pour The Mercury, le grand journal de Durban, « le gouvernement sénégalais mérite une mention spéciale pour avoir continué à montrer l’exemple de ce que devrait être la mobilisation de l’Afrique dans le droit international pénal ».
Dans le premier pays concerné, le Tchad, où Hissène Habré a gouverné d’une main de fer entre 1982 et 1990, l’Observateur remarque que c’est la fin d’une odyssée judiciaire sans pareil. Le N'Djamena Bi-Hebdo, journal de l’opposition au régime d’Idriss Déby, a titré « Habré, l’heure de vérité », mettant l’accent sur le fait que « ce procès marque un tournant décisif dans la longue campagne pour la justice menée avec détermination par les victimes » et que « le 20 juillet restera un grand jour dans les annales de la justice et de la lutte contre l’impunité en Afrique ».
Dans un autre article intitulé « les victimes de Hissène Habré aux anges », le N’Djamena Bi-Hebdo explique comment les victimes restées à N’Djamena ont vécu la première journée de cet « évènement historique ». « Elles se disent déterminées à ne rien rater » du procès, et « très tôt [le matin du 20 juillet], elles se sont réunies nombreuses devant un écran de fortune placé au-dessus d’une étagère sous le hangar qui jouxte le siège de leur association ». « Ses victimes qui n’ont pas la possibilité de se rendre à Dakar ont ainsi créé leur propre cadre pour vivre l’évènement à distance et dans un élan de solidarité ».
« Un tournant et un espoir pour la justice africaine »
« En jugeant un ancien chef d’État du continent, la justice africaine pourrait gagner en crédibilité », se réjouit l'Observateur Paalga, le premier quotidien du Burkina. « C'est le début d’une longue marche du continent vers sa souveraineté judiciaire » estime encore le quotidien burkinabè.
Le journal Kenyan Daily Nation considère que « ce procès donnera de l’impulsion aux efforts de l’Union Africaine de juger les auteurs de crimes contre l’humanité sur le continent africain ».
Ce procès aura « au moins l'avantage de faire trembler tous ces chefs d’État aux placards remplis de cadavres », se réjouit encore le journal burkinabé Le Pays. « Habré avait transformé son pays en une vaste prison, estime Guinée Conakry Info, régnant par la terreur et l’arbitraire, il avait instauré une dictature qui fera des milliers de victimes, par la pratique systématique de la torture comme arme fatale ». Et toujours selon Guinée Conakry Info, « Après vingt ans d’une interminable attente, les survivants de ces douloureux évènements pourraient, enfin, entendre Hissène Habré répondre de ses actes ».
Les incidents des premiers jours du procès n’ont pas altéré l’opinion de la presse africaine. Alwihda Info, le « 1er site d'information tchadien » a écrit qu’en « adoptant une attitude négative, en le voyant transporté comme un bébé pour le présenter dans le box, Habré a cette fois-ci assassiné non 40 000 mais 12 millions de tchadiens ». Face au refus de Hissène Habré d’assister à son propre procès, le journal tchadien L’Observateur questionne : « Habré a-t-il honte de regarder ses victimes en face » ?
« C'est ce qu'on appelle vraiment être traîné à la barre », a ironisé l’Observateur Paalga, à qui la scène d'un Hissène Habré contraint d'assister à l'audience n'a pas échappé. « Les forces de l’ordre se sont présentées à la résidence d’Habré hier pour le conduire manu militari devant les magistrats. Encore heureux soit-il, car il s’est présenté aux juges et non à des bourreaux comme il le fut lui-même », rappelle l'Observateur Paalga.
« Habré, le bras bien levé, a scandé des slogans révolutionnaires : "A bas l’impérialisme, le néo-colonialisme…" et tutti quanti… Ironie du sort, l’ex-président soutenu autrefois par la France, sait de quoi il parle », s'amuse encore Guinée Conakry Info.
Les journaux africains ont également massivement repris à leur compte les formules des agences de presse internationales pour qui « le procès Habré fait naître l’espoir pour la justice africaine », signifie « la fin du cauchemar » pour les victimes, et , enfin, « donne au continent [africain] l’opportunité de montrer qu’il peut faire rendre des comptes à ses leaders ».
« Un procès au nom de l’Afrique »
A l’instar de nombre de leurs collègues africains, présents à Dakar ou écrivant du continent, les envoyés spéciaux des autres medias basés ailleurs dans le monde qui ont largement couvert le procès ont également insisté sur son importance historique pour l’Afrique. Le Monde, Libération et Jeune Afrique ont mis des photos d’Habré à la Une. Le Parisien a titré « Hissène Habré au tribunal de l'histoire. » D’importants éditoriaux ont été publiés aux Etats-Unis dans le New York Times (« une étape décisive pour la justice en Afrique », le Los Angeles Times (« [le procès] donne de l’espoir pour plus de responsabilité »), le prestigieux quotidien anglais Guardian (« un grand pas en avant pour la justice africaine »), Le Monde (« L’Afrique organise un procès historique »), et Libération (« un tournant dans la lutte contre l’impunité »). Le journal britannique The Independent parle également de « tournant pour la justice africaine » et Le Figaro a repris les mots du Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, qui a déclaré que ce procès marque « un tournant pour la justice en Afrique » et qu’il montre que « les dirigeants accusés de crimes graves ne devraient pas supposer qu'ils pourront indéfiniment échapper à la justice ». Le Monde a également écrit que « le procès d’Hissène Habré renforce la justice en Afrique » car « c’est « au nom de l’Afrique » que l’ex-président tchadien Hissène Habré est jugé à Dakar » et qu’avec « le procès Habré, l’Afrique prouve qu’elle peut juger des grands criminels ». RFI a déclaré que c’est « un procès très important pour l’Afrique » et parle « d’espoir que ce procès serve d’exemple ». Le journal espagnol El Pais rappelle qu’Habré est « le premier dictateur jugé par des juges locaux en Afrique ».
Le Cijehh
Des médias de l’Afrique tout entière se sont intéressés au procès, avec de nombreux articles publiés dans des journaux tchadiens, sud-africains, kenyans, burkinabés, marocains, camerounais, pour n’en citer que quelques-uns. Occasion souvent, malgré les débuts mouvementés du procès, de faire honneur au Sénégal pour son rôle dans l’écriture d’une importante page de l’Histoire du continent.
En Afrique du Sud par exemple, le Sunday Times, le premier journal dominical Sud-Africain, a écrit que le début du procès « fut un jour important pour la justice en Afrique ». « Ce procès, écrit le journal, est historique » notamment parce que c’est le premier procès au cours duquel les juridictions d’un État jugent l’ancien dirigeant d’un autre État pour des violations présumées des droits de l’Homme. Pour The Mercury, le grand journal de Durban, « le gouvernement sénégalais mérite une mention spéciale pour avoir continué à montrer l’exemple de ce que devrait être la mobilisation de l’Afrique dans le droit international pénal ».
Dans le premier pays concerné, le Tchad, où Hissène Habré a gouverné d’une main de fer entre 1982 et 1990, l’Observateur remarque que c’est la fin d’une odyssée judiciaire sans pareil. Le N'Djamena Bi-Hebdo, journal de l’opposition au régime d’Idriss Déby, a titré « Habré, l’heure de vérité », mettant l’accent sur le fait que « ce procès marque un tournant décisif dans la longue campagne pour la justice menée avec détermination par les victimes » et que « le 20 juillet restera un grand jour dans les annales de la justice et de la lutte contre l’impunité en Afrique ».
Dans un autre article intitulé « les victimes de Hissène Habré aux anges », le N’Djamena Bi-Hebdo explique comment les victimes restées à N’Djamena ont vécu la première journée de cet « évènement historique ». « Elles se disent déterminées à ne rien rater » du procès, et « très tôt [le matin du 20 juillet], elles se sont réunies nombreuses devant un écran de fortune placé au-dessus d’une étagère sous le hangar qui jouxte le siège de leur association ». « Ses victimes qui n’ont pas la possibilité de se rendre à Dakar ont ainsi créé leur propre cadre pour vivre l’évènement à distance et dans un élan de solidarité ».
« Un tournant et un espoir pour la justice africaine »
« En jugeant un ancien chef d’État du continent, la justice africaine pourrait gagner en crédibilité », se réjouit l'Observateur Paalga, le premier quotidien du Burkina. « C'est le début d’une longue marche du continent vers sa souveraineté judiciaire » estime encore le quotidien burkinabè.
Le journal Kenyan Daily Nation considère que « ce procès donnera de l’impulsion aux efforts de l’Union Africaine de juger les auteurs de crimes contre l’humanité sur le continent africain ».
Ce procès aura « au moins l'avantage de faire trembler tous ces chefs d’État aux placards remplis de cadavres », se réjouit encore le journal burkinabé Le Pays. « Habré avait transformé son pays en une vaste prison, estime Guinée Conakry Info, régnant par la terreur et l’arbitraire, il avait instauré une dictature qui fera des milliers de victimes, par la pratique systématique de la torture comme arme fatale ». Et toujours selon Guinée Conakry Info, « Après vingt ans d’une interminable attente, les survivants de ces douloureux évènements pourraient, enfin, entendre Hissène Habré répondre de ses actes ».
Les incidents des premiers jours du procès n’ont pas altéré l’opinion de la presse africaine. Alwihda Info, le « 1er site d'information tchadien » a écrit qu’en « adoptant une attitude négative, en le voyant transporté comme un bébé pour le présenter dans le box, Habré a cette fois-ci assassiné non 40 000 mais 12 millions de tchadiens ». Face au refus de Hissène Habré d’assister à son propre procès, le journal tchadien L’Observateur questionne : « Habré a-t-il honte de regarder ses victimes en face » ?
« C'est ce qu'on appelle vraiment être traîné à la barre », a ironisé l’Observateur Paalga, à qui la scène d'un Hissène Habré contraint d'assister à l'audience n'a pas échappé. « Les forces de l’ordre se sont présentées à la résidence d’Habré hier pour le conduire manu militari devant les magistrats. Encore heureux soit-il, car il s’est présenté aux juges et non à des bourreaux comme il le fut lui-même », rappelle l'Observateur Paalga.
« Habré, le bras bien levé, a scandé des slogans révolutionnaires : "A bas l’impérialisme, le néo-colonialisme…" et tutti quanti… Ironie du sort, l’ex-président soutenu autrefois par la France, sait de quoi il parle », s'amuse encore Guinée Conakry Info.
Les journaux africains ont également massivement repris à leur compte les formules des agences de presse internationales pour qui « le procès Habré fait naître l’espoir pour la justice africaine », signifie « la fin du cauchemar » pour les victimes, et , enfin, « donne au continent [africain] l’opportunité de montrer qu’il peut faire rendre des comptes à ses leaders ».
« Un procès au nom de l’Afrique »
A l’instar de nombre de leurs collègues africains, présents à Dakar ou écrivant du continent, les envoyés spéciaux des autres medias basés ailleurs dans le monde qui ont largement couvert le procès ont également insisté sur son importance historique pour l’Afrique. Le Monde, Libération et Jeune Afrique ont mis des photos d’Habré à la Une. Le Parisien a titré « Hissène Habré au tribunal de l'histoire. » D’importants éditoriaux ont été publiés aux Etats-Unis dans le New York Times (« une étape décisive pour la justice en Afrique », le Los Angeles Times (« [le procès] donne de l’espoir pour plus de responsabilité »), le prestigieux quotidien anglais Guardian (« un grand pas en avant pour la justice africaine »), Le Monde (« L’Afrique organise un procès historique »), et Libération (« un tournant dans la lutte contre l’impunité »). Le journal britannique The Independent parle également de « tournant pour la justice africaine » et Le Figaro a repris les mots du Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, qui a déclaré que ce procès marque « un tournant pour la justice en Afrique » et qu’il montre que « les dirigeants accusés de crimes graves ne devraient pas supposer qu'ils pourront indéfiniment échapper à la justice ». Le Monde a également écrit que « le procès d’Hissène Habré renforce la justice en Afrique » car « c’est « au nom de l’Afrique » que l’ex-président tchadien Hissène Habré est jugé à Dakar » et qu’avec « le procès Habré, l’Afrique prouve qu’elle peut juger des grands criminels ». RFI a déclaré que c’est « un procès très important pour l’Afrique » et parle « d’espoir que ce procès serve d’exemple ». Le journal espagnol El Pais rappelle qu’Habré est « le premier dictateur jugé par des juges locaux en Afrique ».
Le Cijehh