VIPEOPLES.NET Je viens de lire, avec beaucoup d’attention, l’article paru dans « lequotidien.sn » posté le 18/07/2013 et intitulé : « Silence ! On tue dans nos hôpitaux… » (signé par Astou Winnie BEYE, journaliste) .
Cet article, relayé par « seneweb.sn » a attiré l’attention de beaucoup de lecteurs et a suscité plus d’une centaine de commentaires.
Etant moi-même médecin – et donc acteur du système de santé- me taire signifierait pour moi être spectateur d’une situation délétère et connue de tous qui risque d’exploser à tout moment.
Mon propos n’est pas de défendre ma profession, il est de contribuer au débat suscité par cet article dans l’objectif d’améliorer le service public.
Le mot « Silence ! » révèle le manque de communication (source souvent de tous les maux), la résignation des patients et des familles, et le fatalisme propre à notre société. La phrase « On tue dans nos hôpitaux… » montre la faille énorme entre la mission de l’hôpital et sa perception par nos concitoyens.
La mission du médecin étant de maintenir, ou de rétablir lorsqu’il est dégradé, un état de bien-être d’un être humain, il me sera difficile d’admettre qu’ « on tue » dans nos hôpitaux !
Le bien le plus précieux d’un être humain peut être considéré comme étant sa santé. L’entretien de ce bien a un coût. Mais qui doit solder ce coût ? La personne elle-même, l’ensemble de la société en tenant compte des ressources de l’individu ?
Ce coût relativement élevé de la santé est un préalable pour avoir un système de santé de qualité dans un pays pauvre comme le nôtre. La mission du médecin étant d’apporter les soins de la meilleure qualité possible quelque soit leur coût.
Ceci n’occulte pas le comportement très déplorable de certains travailleurs de la santé, à tous les niveaux (donc de certains médecins), devant les patients ou leurs familles.
Ce mauvais comportement c’est par exemple ne pas expliquer au patient sa maladie ou l’acte médical à réaliser. Certains me diront qu’ils n'ont pas suffisamment de temps pour le faire, par manque de ressources humaines ; d’autres me diront que c’est difficile car le malade ne pourra pas comprendre, etc. C’est aussi ne pas prendre en charge un patient, faute de place, sans s’assurer (par téléphone par exemple qu’une autre structure hospitalière peut l’accueillir si l’hospitalisation est nécessaire). Les exemples peuvent se multiplier, car chacun de nous a eu – personnellement ou parmi ses proches – une mauvaise expérience avec notre système de santé.
Les erreurs diagnostiques sont possibles quelques soient le pays et les moyens d’aides au diagnostic, mais elles sont réduites s’il y a une conscience professionnelle renforcée par la répression judiciaire en cas de faute grave.
Ces erreurs sont fréquentes aussi lorsque les actes des médecins en formation (spécialisation) ne sont pas supervisées de façon adéquate par les formateurs, qui en plus sont payés pour le faire ! D’où la question de la journaliste : « Mais d’où sortent ces criminels de la médecine… ? »
Une autre médecine sénégalaise, au service du peuple sénégalais, est possible si les conditions d’exercice sont réunies. Ces dernières ne sont pas que seulement la qualité des ressources humaines à améliorer, l’organisation du travail à revoir dans son ensemble (qui fait quoi, et quand, dans nos hôpitaux ?), mais sont aussi le manque d’outils de travail à pallier.
Mais qui est chargé de réunir ces conditions ? N’est ce pas tout le peuple sénégalais, mais aussi et surtout les décideurs et ceux qui ont choisi (sans y être obligés !!!) de gagner leur vie en s’occupant de leur prochain.
C’est en améliorant la qualité des soins - de l’accueil à l’acte médical – que le sénégalais peut de nouveau avoir confiance en ses médecins. Alors nous ne verrons plus les riches et les décideurs aller se faire soigner ailleurs et laisser l’hôpital public pourrir…
Il ne s’agit plus de clamer haut et fort que nous avons de bons médecins, parmi les meilleurs (?). Il s’agit de voir la réalité qui est que le système de la santé a besoin d’être repensé dans tout son ensemble pour apporter les meilleurs soins possibles avec le peu de moyens que nous avons.
En attendant ces réformes (perpétuelles ?!), changeons certains de nos comportements en essayant de communiquer plus avec nos concitoyens et en insistant auprès de nos décideurs d’investir plus dans la santé qui demeure, à mes yeux, le bien le plus cher pour un être humain.
Sauvons nos hôpitaux, qui sont des biens publics ; car nous pouvons tous, quelque soit nos moyens et notre rang social (si rang il y a !) nous retrouver par nécessité dans l’un de nos hôpitaux. Nul ne peut programmer le moment et le lieu de survenu d’une maladie…
Dr Seydina Limamoul Mahdi DIAGNE , Gériatre-Nutritionniste
Cet article, relayé par « seneweb.sn » a attiré l’attention de beaucoup de lecteurs et a suscité plus d’une centaine de commentaires.
Etant moi-même médecin – et donc acteur du système de santé- me taire signifierait pour moi être spectateur d’une situation délétère et connue de tous qui risque d’exploser à tout moment.
Mon propos n’est pas de défendre ma profession, il est de contribuer au débat suscité par cet article dans l’objectif d’améliorer le service public.
Le mot « Silence ! » révèle le manque de communication (source souvent de tous les maux), la résignation des patients et des familles, et le fatalisme propre à notre société. La phrase « On tue dans nos hôpitaux… » montre la faille énorme entre la mission de l’hôpital et sa perception par nos concitoyens.
La mission du médecin étant de maintenir, ou de rétablir lorsqu’il est dégradé, un état de bien-être d’un être humain, il me sera difficile d’admettre qu’ « on tue » dans nos hôpitaux !
Le bien le plus précieux d’un être humain peut être considéré comme étant sa santé. L’entretien de ce bien a un coût. Mais qui doit solder ce coût ? La personne elle-même, l’ensemble de la société en tenant compte des ressources de l’individu ?
Ce coût relativement élevé de la santé est un préalable pour avoir un système de santé de qualité dans un pays pauvre comme le nôtre. La mission du médecin étant d’apporter les soins de la meilleure qualité possible quelque soit leur coût.
Ceci n’occulte pas le comportement très déplorable de certains travailleurs de la santé, à tous les niveaux (donc de certains médecins), devant les patients ou leurs familles.
Ce mauvais comportement c’est par exemple ne pas expliquer au patient sa maladie ou l’acte médical à réaliser. Certains me diront qu’ils n'ont pas suffisamment de temps pour le faire, par manque de ressources humaines ; d’autres me diront que c’est difficile car le malade ne pourra pas comprendre, etc. C’est aussi ne pas prendre en charge un patient, faute de place, sans s’assurer (par téléphone par exemple qu’une autre structure hospitalière peut l’accueillir si l’hospitalisation est nécessaire). Les exemples peuvent se multiplier, car chacun de nous a eu – personnellement ou parmi ses proches – une mauvaise expérience avec notre système de santé.
Les erreurs diagnostiques sont possibles quelques soient le pays et les moyens d’aides au diagnostic, mais elles sont réduites s’il y a une conscience professionnelle renforcée par la répression judiciaire en cas de faute grave.
Ces erreurs sont fréquentes aussi lorsque les actes des médecins en formation (spécialisation) ne sont pas supervisées de façon adéquate par les formateurs, qui en plus sont payés pour le faire ! D’où la question de la journaliste : « Mais d’où sortent ces criminels de la médecine… ? »
Une autre médecine sénégalaise, au service du peuple sénégalais, est possible si les conditions d’exercice sont réunies. Ces dernières ne sont pas que seulement la qualité des ressources humaines à améliorer, l’organisation du travail à revoir dans son ensemble (qui fait quoi, et quand, dans nos hôpitaux ?), mais sont aussi le manque d’outils de travail à pallier.
Mais qui est chargé de réunir ces conditions ? N’est ce pas tout le peuple sénégalais, mais aussi et surtout les décideurs et ceux qui ont choisi (sans y être obligés !!!) de gagner leur vie en s’occupant de leur prochain.
C’est en améliorant la qualité des soins - de l’accueil à l’acte médical – que le sénégalais peut de nouveau avoir confiance en ses médecins. Alors nous ne verrons plus les riches et les décideurs aller se faire soigner ailleurs et laisser l’hôpital public pourrir…
Il ne s’agit plus de clamer haut et fort que nous avons de bons médecins, parmi les meilleurs (?). Il s’agit de voir la réalité qui est que le système de la santé a besoin d’être repensé dans tout son ensemble pour apporter les meilleurs soins possibles avec le peu de moyens que nous avons.
En attendant ces réformes (perpétuelles ?!), changeons certains de nos comportements en essayant de communiquer plus avec nos concitoyens et en insistant auprès de nos décideurs d’investir plus dans la santé qui demeure, à mes yeux, le bien le plus cher pour un être humain.
Sauvons nos hôpitaux, qui sont des biens publics ; car nous pouvons tous, quelque soit nos moyens et notre rang social (si rang il y a !) nous retrouver par nécessité dans l’un de nos hôpitaux. Nul ne peut programmer le moment et le lieu de survenu d’une maladie…
Dr Seydina Limamoul Mahdi DIAGNE , Gériatre-Nutritionniste