Dès la première question, centrée sur les inégalités aux Etats-Unis, les deux prétendants à la Maison Blanche au parcours et au style radicalement différents, se sont écharpés.
“Nous perdons nos bons emplois, ils vont au Mexique, dans beaucoup d’autres pays. Je ferai revenir nos emplois, vous ne pouvez pas le faire”, a lancé le candidat républicain, très offensif sur le fond mais un peu plus posé qu’à l’habitude sur la forme.
“Donald, vous vivez dans un monde à part”, a rétorqué avec calme l’ancienne Première dame, ancienne sénatrice et ancienne secrétaire d’Etat, qui aspire à devenir la première présidente des Etats-Unis.
Ce débat entre une démocrate hyper-expérimentée qui peine à susciter l’enthousiasme, et un républicain néophyte, au caractère imprévisible, ancienne star de télé-réalité, pourrait battre des records d’audience, et des millions d’Américains étaient rivés lundi soir à leur écran de télévision ou d’ordinateur.
Seuls sur scène, debout derrière un pupitre, face au modérateur, le journaliste Lester Holt, les deux candidats ont vite abandonné le ton conciliant des premiers échanges, même si Hillary Clinton a été plus concrète en déclinant son programme.
– ‘Il cache quelque chose’ –
Interrompant régulièrement sa rivale, le magnat de l’immobilier a mis en cause cette dernière sur l’utilisation de sa messagerie privée lorsqu’elle dirigeait la diplomatie américaine. “C’était plus qu’une erreur (…) ce pays pense que c’est une honte”, a-t-il asséné.
En retour, cette dernière s’est longuement attardée sur le refus obstiné du républicain de publier sa déclaration d’impôts.
“Il cache quelque chose (…) Peut-être qu’il n’est pas aussi riche qu’il le dit”, a lancé la candidate démocrate,rappelant que tous les candidats à la Maison Blanche depuis 40 ans avaient diffusé leurs déclarations d’impôts.
L’ancienne chef de la diplomatie a aussi accusé son rival d’avoir bâti sa carrière politique sur un “mensonge raciste” mettant en doute la nationalité américaine du président Barack Obama.
Ce débat organisé à l’université Hofstra près de New York, a d’abord été celui d’une opposition de style.
“Oui, je me suis préparée pour ce débat et je me suis aussi préparée pour la présidence et je pense que c’est une bonne chance”, a lâché la candidate dans un sourire, dans une pique à celui qui assure met inlassablement en avant sa spontanéité et son franc-parler.
Donald Trump “est un débatteur naturel. Il a des dons et des compétences qui échappent parfois à des politiciens traditionnels”, avait commenté avant le débat sa directrice de campagne Kellyanne Conway.
Mme Clinton, qui a déjà participé à plus de 30 débats politiques depuis 2000 et connaît ses dossiers sur le bout des doigts, s’est préparée minutieusement, y passant encore deux heures lundi.
Présents à l’université Hofstra, Bill Clinton et Chelsea, la fille unique du couple Clinton, les quatre enfants adultes de Donald Trump, et son épouse Melania.
– Sondages serrés –
Un sondage Quinnipiac donnait lundi les deux candidats dans la marge d’erreur, 44% pour la démocrate et 43% pour le républicain, si l’on prend en compte les deux autres petits candidats, Gary Johnson (parti libertarien, 8%) et Jill Stein (parti des Verts, 2%).
L’avance de Mme Clinton est passée de quelque 7 points début août à 1,5 aujourd’hui.
Dans plusieurs Etats clés, où se jouera l’élection, son avance s’est aussi réduite, notamment en Pennsylvanie, au Colorado et en Virginie. Et M. Trump est en tête dans l’Ohio, selon une moyenne des récents sondages.
Le scénario d’une course aussi serrée était inimaginable il y a six mois, d’où l’énorme pression sur ce premier débat.
Mme Clinton, qui veut gouverner dans la continuité du président Obama, peine à connecter et à convaincre de son honnêteté.
Donald Trump, qui se présente comme l’homme du changement contre l’establishment, a lui hérissé de nombreux Américains avec ses attaques contre les femmes, les musulmans, les Mexicains, et son comportement volontiers agressif.
Deux autres débats présidentiels sont prévus les 9 et 19 octobre.