Fatigué de « [se] cogner le crâne contre un plafond de verre », comme il l’écrit en 2009 dans une tribune pour l’Institut Montaigne, Tidjane Thiam choisit l’exil. L’Angleterre récupère le prodige, le fait roi. A 52 ans, Tidjane Thiam est aujourd’hui directeur général du Crédit suisse, a annoncé la banque suisse mardi 10 mars.
Avant Londres, le jeune Tidjane s’est cherché un destin africain. En Côte d’Ivoire, la voie était toute tracée. Sa mère, Marietou, est la nièce d’Houphouët-Boigny, premier président du pays, dont son père, sénégalais d’origine, est le ministre de l’information. En 1994, Tidjane Thiam est catapulté à la tête du Bureau national d’études techniques et de développement, le BNEDT. Il a la haute main sur les infrastructures. Quatre ans plus tard, il devient ministre du plan, et mène, tambour battant, la libéralisation du pays.
La légion d’honneur, comme une excuse
Mais à Noël 1999, un coup d’état renverse le président Henri Konan Bédié. Le rideau ivoirien se referme. « Tidjane n’était pas content de l’évolution de son pays. Il n’avait pas les qualités pour sortir gagnant du marigot politiqueivoirien. Et il avait sans doute aussi envie de gagner de l’argent », analyse Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Iris, qui l’a bien connu en Côte d’Ivoire. Tidjane Thiam rentre en Europe. « Ton problème ici, ce n’est pas que tu es noir, c’est que tu es Français », lui dit-on à son arrivée à la City.
En 2009, il prend la tête de Prudential, et devient le premier patron noir d’une entreprise du Footsie 100, l’indice roi de la place londonienne. Il s’intègre vite, conseille aussi bien Barack Obama que Kofi Annan. Unephoto récente le montre, tout sourire, serrant les mains du Prince Charles, qu’il dépasse d’au moins deux têtes.
La France, qui a tant de fois tourné la tête, tente aujourd’hui de se rattraper, en baissant les yeux. Nicolas Sarkozy, puis François Hollande, lui confient des rapports sur l’Afrique. Et en 2012, c’est Jean Claude Trichet qui remet, comme une excuse, la légion d’honneur à Tidjane Thiam. Celui, dit-il, « que la France peut regretter d’avoir laissé partir ».
lemonde
Avant Londres, le jeune Tidjane s’est cherché un destin africain. En Côte d’Ivoire, la voie était toute tracée. Sa mère, Marietou, est la nièce d’Houphouët-Boigny, premier président du pays, dont son père, sénégalais d’origine, est le ministre de l’information. En 1994, Tidjane Thiam est catapulté à la tête du Bureau national d’études techniques et de développement, le BNEDT. Il a la haute main sur les infrastructures. Quatre ans plus tard, il devient ministre du plan, et mène, tambour battant, la libéralisation du pays.
La légion d’honneur, comme une excuse
Mais à Noël 1999, un coup d’état renverse le président Henri Konan Bédié. Le rideau ivoirien se referme. « Tidjane n’était pas content de l’évolution de son pays. Il n’avait pas les qualités pour sortir gagnant du marigot politiqueivoirien. Et il avait sans doute aussi envie de gagner de l’argent », analyse Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Iris, qui l’a bien connu en Côte d’Ivoire. Tidjane Thiam rentre en Europe. « Ton problème ici, ce n’est pas que tu es noir, c’est que tu es Français », lui dit-on à son arrivée à la City.
En 2009, il prend la tête de Prudential, et devient le premier patron noir d’une entreprise du Footsie 100, l’indice roi de la place londonienne. Il s’intègre vite, conseille aussi bien Barack Obama que Kofi Annan. Unephoto récente le montre, tout sourire, serrant les mains du Prince Charles, qu’il dépasse d’au moins deux têtes.
La France, qui a tant de fois tourné la tête, tente aujourd’hui de se rattraper, en baissant les yeux. Nicolas Sarkozy, puis François Hollande, lui confient des rapports sur l’Afrique. Et en 2012, c’est Jean Claude Trichet qui remet, comme une excuse, la légion d’honneur à Tidjane Thiam. Celui, dit-il, « que la France peut regretter d’avoir laissé partir ».
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