Le "Bulldozer" (surnom hérité de son passage au ministère des Travaux publics) n'est plus. Le président tanzanien John Magufuli est décédé, mercredi 17 mars, à l'âge de 61 ans, des suites de problèmes cardiaques, selon sa vice-présidente.
Face à la disparition du président de la scène publique depuis le 27 février dernier, les rumeurs avaient enflé autour des raisons de cette absence, et sur son état de santé. Le leader de l'opposition, Tundu Lissu, en exil en Belgique, le soupçonnait d'être atteint d'une forme grave de Covid-19.
Arrivé au pouvoir en 2015, John Magufuli se présentait comme un homme proche du peuple et déterminé à lutter contre la corruption, mais pour de nombreuses organisations des droits humains, son premier mandat fut surtout marqué par une dérive autoritaire et le recul des libertés fondamentales dans le pays. Ce à quoi s'ajoute un déni total de la pandémie de Covid-19 dont le président tanzanien n'a cessé de minimiser la gravité.
D'abord encensé, puis dénoncé
Élu en octobre 2015, John Magufuli fait le ménage : des dizaines de fonctionnaires sont suspendus pour des malversations présumées, les coûteuses célébrations de l'indépendance sont remplacées par une opération de nettoyage des rues...
Sur Twitter, le hashtag #WhatWouldMagufuliDo ("Que ferait Magufuli?") fait fureur sur un continent où de nombreux habitants, excédés par la gabegie et le clientélisme, voient en Magufuli le dirigeant qu'ils aimeraient avoir.
Mais très vite, vient le temps de la répression. En 2016, le président tanzanien fait interdire des meetings politiques et suspend la retransmission en direct des travaux du parlement. Les autorités se lancent dans ce que Human Rights Watch qualifie de "répression inédite" contre les droits de la communauté LGBT, avec une vague d'arrestations. En novembre, la même année, une législation prévoit de fortes amendes contre les médias reconnus coupables de diffamation, sédition ou publication de fausses informations.
S'ensuivent d'autres scandales, comme les secousses liées à des fraudes dans le secteur minier, le renvoi des écoles des adolescentes enceintes, et la "tentative d'assassinat politique", en septembre 2017, du principal opposant Tundu Lissu, qui se fait tirer dessus à 16 reprises.
"Au pouvoir à jamais, pour l'éternité"
Les critiques se multiplient. À commencer par l'Eglise catholique, qui accuse le gouvernement de John Magufuli de violer les principes démocratiques et de mettre en péril l'unité nationale.
L'Union européenne et les États-Unis, eux, dénoncent à leur tour les attaques contre les droits humains. Au cours de l'année 2018, un responsable local du parti d'opposition Chadema est retrouvé battu à mort, un autre tué à son domicile, et une étudiante est victime d'une balle perdue de la police en train de disperser un rassemblement d'opposition.
En juillet, John Magufuli annonce que son parti (le CCM) restera "au pouvoir à jamais, pour l'éternité". Quatre mois plus tard, le CCM remporte les élections locales, boycottées par l'opposition.
Le "déni" face au Covid-19
L'ère Magufuli aura également été marquée par la pandémie de Covid-19 avec un premier cas annoncé dès mars 2019 en Tanzanie. Mais malgré l'augmentation des cas, le président se refuse à agir, accuse le ministère de la Santé de "créer la panique", et le pays arrête de diffuser ses statistiques sur le virus dès la fin avril.
Après la mort suspecte de trois parlementaires, le Chadema, qui dénonce le "déni" des autorités, demande à ses députés de ne plus siéger.
Dès juillet, le président Magufuli décrète que le Covid-19 n'est plus présent en Tanzanie.
Il aura fallu attendre février dernier pour que John Magufuli, soumis à une pression croissante suite à une augmentation des cas de Covid-19, et après le décès du vice-président du Zanzibar, concède enfin l'existence de la pandémie, près d'un an après le début de la crise.
Face à la disparition du président de la scène publique depuis le 27 février dernier, les rumeurs avaient enflé autour des raisons de cette absence, et sur son état de santé. Le leader de l'opposition, Tundu Lissu, en exil en Belgique, le soupçonnait d'être atteint d'une forme grave de Covid-19.
Arrivé au pouvoir en 2015, John Magufuli se présentait comme un homme proche du peuple et déterminé à lutter contre la corruption, mais pour de nombreuses organisations des droits humains, son premier mandat fut surtout marqué par une dérive autoritaire et le recul des libertés fondamentales dans le pays. Ce à quoi s'ajoute un déni total de la pandémie de Covid-19 dont le président tanzanien n'a cessé de minimiser la gravité.
D'abord encensé, puis dénoncé
Élu en octobre 2015, John Magufuli fait le ménage : des dizaines de fonctionnaires sont suspendus pour des malversations présumées, les coûteuses célébrations de l'indépendance sont remplacées par une opération de nettoyage des rues...
Sur Twitter, le hashtag #WhatWouldMagufuliDo ("Que ferait Magufuli?") fait fureur sur un continent où de nombreux habitants, excédés par la gabegie et le clientélisme, voient en Magufuli le dirigeant qu'ils aimeraient avoir.
Mais très vite, vient le temps de la répression. En 2016, le président tanzanien fait interdire des meetings politiques et suspend la retransmission en direct des travaux du parlement. Les autorités se lancent dans ce que Human Rights Watch qualifie de "répression inédite" contre les droits de la communauté LGBT, avec une vague d'arrestations. En novembre, la même année, une législation prévoit de fortes amendes contre les médias reconnus coupables de diffamation, sédition ou publication de fausses informations.
S'ensuivent d'autres scandales, comme les secousses liées à des fraudes dans le secteur minier, le renvoi des écoles des adolescentes enceintes, et la "tentative d'assassinat politique", en septembre 2017, du principal opposant Tundu Lissu, qui se fait tirer dessus à 16 reprises.
"Au pouvoir à jamais, pour l'éternité"
Les critiques se multiplient. À commencer par l'Eglise catholique, qui accuse le gouvernement de John Magufuli de violer les principes démocratiques et de mettre en péril l'unité nationale.
L'Union européenne et les États-Unis, eux, dénoncent à leur tour les attaques contre les droits humains. Au cours de l'année 2018, un responsable local du parti d'opposition Chadema est retrouvé battu à mort, un autre tué à son domicile, et une étudiante est victime d'une balle perdue de la police en train de disperser un rassemblement d'opposition.
En juillet, John Magufuli annonce que son parti (le CCM) restera "au pouvoir à jamais, pour l'éternité". Quatre mois plus tard, le CCM remporte les élections locales, boycottées par l'opposition.
Le "déni" face au Covid-19
L'ère Magufuli aura également été marquée par la pandémie de Covid-19 avec un premier cas annoncé dès mars 2019 en Tanzanie. Mais malgré l'augmentation des cas, le président se refuse à agir, accuse le ministère de la Santé de "créer la panique", et le pays arrête de diffuser ses statistiques sur le virus dès la fin avril.
Après la mort suspecte de trois parlementaires, le Chadema, qui dénonce le "déni" des autorités, demande à ses députés de ne plus siéger.
Dès juillet, le président Magufuli décrète que le Covid-19 n'est plus présent en Tanzanie.
Il aura fallu attendre février dernier pour que John Magufuli, soumis à une pression croissante suite à une augmentation des cas de Covid-19, et après le décès du vice-président du Zanzibar, concède enfin l'existence de la pandémie, près d'un an après le début de la crise.