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“Sourde oreille, gestion personnelle et partiale d’Alioune Badara Bèye…” : Marouba Fall s’explique sur sa démission


Rédigé le Mardi 28 Avril 2015 à 21:20 | Lu 113 fois | 0 commentaire(s)



C’est sur son mur facebook qu’il a annoncé sa démission de l’Association des écrivains du Sénégal.

Marouba Fall, qui fait pratiquement partie des membres fondateurs de cette Association, a bien voulu recevoir Actusen.com dans les locaux du Centre culturel Douta Seck, pour éclairer les pans d’ombres qui entourent sa démission.

A cet effet, le propriétaire de Rouba Editions a aussi parlé de ses ambitions et projets pour l’épanouissement des amateurs de la littérature. Entretien.

Actusen.com : Comment s’est passée votre intégration à cette Association


“Sourde oreille, gestion personnelle et partiale d’Alioune Badara Bèye…” : Marouba Fall s’explique sur sa démission

Marouba Fall : J’y ai adhéré au tout début,  quand Birago Diop a passé le témoin à Aminata Sow Fall. Donc, je fais partie des membres  fondateurs en même temps qu’Alioune Badara Bèye, entre 1984-1985.

Actusen.com : Pouvez-vous revenir sur les véritables raisons de votre démission ?

M.F : Je voudrais, tout d’abord, préciser que je n’ai aucun problème personnel avec l’homme Alioune Badara Bèye, mais avec la gestion du président de l’Association des écrivains du Sénégal. Je dis bien la gestion, car le Président pourra rester à la tété de l’Association tout le temps qu’il voudra et que ses obligés accepteront.

Beaucoup d’écrivains m’ont entendu dire que cela ne gênerait nullement que Bèye soit Président à vie. L’essentiel pour moi est que l’Association des écrivains du Sénégal fonctionne et que Ker Birago demeure un cadre accessible de rencontres et d’échanges littéraires et culturels.

En effet, j’ai toujours voulu que les bureaux fermés soient ouverts et équipés pour que les écrivains puissent y venir et travailler, recevoir les jeunes amateurs d’écriture et ceux qui s’intéressent aux livres et à leurs auteurs. Si l’espace dont on dispose à la Maison des écrivains était exploité, comme il se doit je ne protesterais pas.

Actusen.com : Et quel est l’impact de votre décision par rapport à tout ça. ? Avez-vous cherché à en parler avec le Président Alioune Badara Bèye ?

M.F : J’ai essayé de négocier, mais je n’ai rencontré qu’une sourde oreille. Alors, il a fallu que je prenne mes distances pour que les gens sachent que je ne cautionne pas  ce qui se passe.

Ma démission est l’aboutissement d’un long et patient processus marqué de protestations à haute voix, de bouderies du siège des écrivains pendant de longs mois et de discussions à cœur ouvert, à deux entre le Président de l’Association et moi, dans le secret de son bureau.

Mais chaque fois que j’ai cru qu’il a entendu raison, il a persisté dans sa gestion personnelle et partiale. C’est pour cette raison que j’ai voulu donner un caractère officiel et public à ma décision, pour que les observateurs et surtout les autorités sachent que tous les écrivains ne cautionnent point ce qui se passe, ce qui se pratique à Keur Biraguo Bu Bees

Actusen.com : Est-ce une sorte de révolution ?
 

M.F : Ce qui révolte, c’est le constat que l’Association des écrivains du Sénégal, qui représente les auteurs, aux yeux des décideurs, soit utilisée comme moyen de promotion du Président et de ses inconditionnels et comme arme contre tous ceux qui osent émettre des réserves

Actusen.com : Alors, comptez-vous créer une structure similaire à l’Association au profit des écrivains

M.F : Je n’envisage pas de  créer une Association dissidente pour la simple et bonne raison que je n’ai pas besoin d’Association pour exister. Mes œuvres circulent ici, comme à l’étranger, je suis moi-même invité par les collèges, les lycées, les universités du Sénégal, en Afrique et partout ou les écrivains se rencontrent.

Un écrivain n’a pas besoin d’Association pour s’épanouir. Au contraire, une Association a besoin d’écrivains dignes de ce statut pour être crédible, aux yeux de l’opinion nationale et internationale.

Sans l’Association des écrivains du Sénégal et la Section sénégalaise du “PEN CLUB International”, certains plumitifs, qui polluent l’univers littéraire chez nous, n’auraient aucune visibilité. Ils s’accrochent à ces structures qui sont pour eux de véritables bouées de sauvetage.

Actusen.com : Mais cela signifie qu’une Association est en vue de création

M.F : Tout à fait, il n’est pas exclu, comme le suggèrent déjà bon nombre de personnes soutenant ma décision jugée tardive. Il n’est pas exclu que des écrivains de ma génération et d’autres plus jeunes, ayant besoin de la proximité d’aînés représentatifs, se retrouvent pour mettre en place non pas une Association, mais une Alliance internationale des gens de lettres francophones.

Ce sera une structure ouverte et démocratique regroupant des écrivains, des critiques littéraires, des professeurs et des journalistes culturels ; une structure pour parler littérature et seulement littérature, pour organiser des table-rondes sur les genres littéraires , des récitals de poésie, des débats objectifs sur les nouvelles parutions, des joutes théâtrales , des concours à l’intention des élèves et des étudiants ; bref, toutes activités que j’ai en vain proposées avec insistance au Président de l’Aes.

Si la mise en place de cette Alliance est nécessaire, je suis disposé à m’investir pour sa réalisation.

Actusen.com : La structure que vous allez créer bientôt ne susciterait-elle pas un esprit de concurrence ?

M.F : Il ne s’agira pas d’une Association. Les écrivains n’ont pas besoin d’une Association, mais plutôt d’une structure conviviale, où ils se retrouvent pour parler de littérature, d’écriture, pour lire ensemble leurs œuvres et se critiquer positivement. Afin que la littérature sénégalaise s’améliore.

C’est pourquoi je parle d’une Alliance ou d’une Amicale, parce que, depuis longtemps, les gens me demandent de créer une Association, puisqu’ils ne se retrouvaient plus dans l’AES. Je leur ai dit que ça serait comme concurrencer l’Association des écrivains du Sénégal. Or, nous voulons créer un cadre où on serait à l’aise.

Propos recueillis par Nafissatou DIEYE (actusen.com)



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