Une bonne partie de la presse nationale s’est fait hier l’écho des propos tenus par les membres de la mission du Fmi de passage à Dakar, concernant la masse salariale. M. Ali Mansoor, le chef de la mission du Fonds, a déclaré lors de sa rencontre avec la presse locale que le financement du Pse pourrait se heurter à des difficultés tant que la moitié des recettes fiscales de l’Etat sera conÂsommée par les salaires. Cela, si l’on tient compte que le tiers du financement de ce Plan provient des ressources de l’Etat. Une grande place a été faite dans les discussions des salons de Dakar et sur les réseaux sociaux, à ces propos de M. Ali Mansoor. Or, ces déclarations, le ministre de l’EcoÂnomie, des finances et du plan, Amadou Ba, ne cesse de les marteler depuis plus d’un an.
Déjà , au cours de la campagne de promotion du Plan Sénégal émergent, M. Ba insistait souvent sur le niveau insoutenable de la masse salariale qui menaçait de faire déraper tous les plans et projections si elle continuait à gonfler de la manière qu’elle faisait.
Il se dit même que si les négociations entre les syndicats des enseignants et le gouvernement ont tant traîné en longueur, c’est parce qu’à un certain moment, le Grand argentier de l’Etat a fait comprendre à ses collègues de l’Education, au chef du gouvernement, ainsi qu’au chef de l’Etat, que certaines concessions que les gens envisageaient de faire aux enseignants risquaient de bouleverser les équilibres macro-économiques, et de remettre en question les engagements extérieurs du pays sur de nombreux points. Car en réalité, ce que les gens ne disent pas, mais qui transparaît de manière claire dans le budget de l’Etat, est que la masse salariale a atteint près d’un milliard de francs Cfa.
Les rubriques du budget
Rappelons que le budget de 2015 s’élève à 2 776,782 milliards de francs Cfa, et s’équilibre en recettes et en dépenses. Dans cette rubrique de dépenses, il y a l’encours de la dette qui est de 598,010 milliards de francs Cfa, avec des intérêts et commissions qui s’élèvent à 158 milliards de Cfa.
Dans les dépenses, il y a également les salaires qui sont de l’ordre de 510 milliards de francs Cfa. Et ce montant ne concerne que les salaires des agents de la Fonction publique, et donc ne prend en compte les vacataires et autres maîtres contractuels qui, eux, sont payés sous la rubrique «autres dépenses courantes». Leur montant est estimé à plus de 150 milliards de Cfa. Les rémunérations et autres frais de fonctionnement des nombreuses agences que les différentes administrations ne parviennent pas à réduire se cachent sous le vocable de «transferts courants».
Ce budget 2015, voté par l’AssemÂblée nationale, nous signale donc que les recettes collectées, qui sont de 1 601,700 milliards, suffisent à peine à payer nos dettes et notre train de vie, et que nous devons encore recourir à l’emprunt extérieur (570,082 milÂliards), et à la bonne volonté des «partenaires au développement» (405 milliards), auxquels il faut ajouter des «dons et legs», pour une valeur de 194 milliards. Est-il séÂrieux, est-il soutenable de baser toute la stratégie de développement du pays sur des ressources extérieures, alors que nous consommons tout ce que nous produisons ?
C’est ce discours que M. Ali Mansoor a traduit en ses mots à lui, mais que Amadou Ba ne cesse de clamer depuis des mois, presque sans être entendu. De là à se demander si ce n’est pas le ministre de l’EcoÂnomie, des finances et du plan qui a soufflé au fonctionnaire international ce qu’il devait dire. Ce ne serait pas une première fois.
On sait que ce fut, pendant plus de dix ans, la méthode du prédécesseur de Amadou Ba, M. Abdoulaye Diop. Ce dernier avait compris que certaines réformes étaient plus facilement mises en œuvre quand elles apparaissaient comme des injonctions des «partenaires au développement», et il les «soufflait gentiment» à ces derniers, pour qu’ils les prennent en charge. Cela lui a si bien réussi qu’il a su appliquer les politiques qu’il a voulues sans faire aucune vague.
Est-ce la nouvelle méthode de Amadou Ba ? wait and see comme disent les Autres.
mgueye@lequotidien.sn
Déjà , au cours de la campagne de promotion du Plan Sénégal émergent, M. Ba insistait souvent sur le niveau insoutenable de la masse salariale qui menaçait de faire déraper tous les plans et projections si elle continuait à gonfler de la manière qu’elle faisait.
Il se dit même que si les négociations entre les syndicats des enseignants et le gouvernement ont tant traîné en longueur, c’est parce qu’à un certain moment, le Grand argentier de l’Etat a fait comprendre à ses collègues de l’Education, au chef du gouvernement, ainsi qu’au chef de l’Etat, que certaines concessions que les gens envisageaient de faire aux enseignants risquaient de bouleverser les équilibres macro-économiques, et de remettre en question les engagements extérieurs du pays sur de nombreux points. Car en réalité, ce que les gens ne disent pas, mais qui transparaît de manière claire dans le budget de l’Etat, est que la masse salariale a atteint près d’un milliard de francs Cfa.
Les rubriques du budget
Rappelons que le budget de 2015 s’élève à 2 776,782 milliards de francs Cfa, et s’équilibre en recettes et en dépenses. Dans cette rubrique de dépenses, il y a l’encours de la dette qui est de 598,010 milliards de francs Cfa, avec des intérêts et commissions qui s’élèvent à 158 milliards de Cfa.
Dans les dépenses, il y a également les salaires qui sont de l’ordre de 510 milliards de francs Cfa. Et ce montant ne concerne que les salaires des agents de la Fonction publique, et donc ne prend en compte les vacataires et autres maîtres contractuels qui, eux, sont payés sous la rubrique «autres dépenses courantes». Leur montant est estimé à plus de 150 milliards de Cfa. Les rémunérations et autres frais de fonctionnement des nombreuses agences que les différentes administrations ne parviennent pas à réduire se cachent sous le vocable de «transferts courants».
Ce budget 2015, voté par l’AssemÂblée nationale, nous signale donc que les recettes collectées, qui sont de 1 601,700 milliards, suffisent à peine à payer nos dettes et notre train de vie, et que nous devons encore recourir à l’emprunt extérieur (570,082 milÂliards), et à la bonne volonté des «partenaires au développement» (405 milliards), auxquels il faut ajouter des «dons et legs», pour une valeur de 194 milliards. Est-il séÂrieux, est-il soutenable de baser toute la stratégie de développement du pays sur des ressources extérieures, alors que nous consommons tout ce que nous produisons ?
C’est ce discours que M. Ali Mansoor a traduit en ses mots à lui, mais que Amadou Ba ne cesse de clamer depuis des mois, presque sans être entendu. De là à se demander si ce n’est pas le ministre de l’EcoÂnomie, des finances et du plan qui a soufflé au fonctionnaire international ce qu’il devait dire. Ce ne serait pas une première fois.
On sait que ce fut, pendant plus de dix ans, la méthode du prédécesseur de Amadou Ba, M. Abdoulaye Diop. Ce dernier avait compris que certaines réformes étaient plus facilement mises en œuvre quand elles apparaissaient comme des injonctions des «partenaires au développement», et il les «soufflait gentiment» à ces derniers, pour qu’ils les prennent en charge. Cela lui a si bien réussi qu’il a su appliquer les politiques qu’il a voulues sans faire aucune vague.
Est-ce la nouvelle méthode de Amadou Ba ? wait and see comme disent les Autres.
mgueye@lequotidien.sn