En cette ère de révolution numérique, l'Intelligence artificielle (IA) constitue un levier stratégique de transformation globale de la société et de l'action publique à travers notamment le développement des services numériques en faveur des citoyens. C'est ce qui est ressorti de la première journée d'échanges de la 4e édition de Smart City Expo Casablanca, qui se tient les mercredi 17 et jeudi 18 avril, dans la métropole marocaine.
Cette année, l'événement qui est organisé par la ville de Casablanca a en effet comme thématique centrale, « l'intelligence artificielle au service des citoyens », avec un focus particulier sur les startups et leurs rôles pour le développement des villes intelligentes. «Le choix de la thématique puise sa légitimité dans la place qu'occupe actuellement l'intelligence artificielle notamment dans les services dédiés au citoyen», a déclaré Mohamed Jouahri, directeur général de la Société de développement local «Casablanca Events & Animation», société organisatrice déléguée de l'événement, pour qui « s'il faut retenir une chose de cette édition, c'est la mise en avant des startups marocaines, car on y croit et on a pu le constater tout au long de ces trois dernières années».
Selon lui, «l'objectif est de donner la possibilité à ces startups, à cette intelligence et à cette matière grise marocaine, sans que cela soit péjoratif, de vendre leurs savoirs et leurs capacités de pouvoir trouver et proposer des solutions intelligentes à des problématiques réelles qui, aujourd'hui, nous rendent la vie difficile, que ce soit en termes de mobilité, de propreté et de manière générale, de sécurité».
« Cette édition sera l'occasion pour que l'écosystème des startups puisse rencontrer soit des collectivités territoriales qui sont, in fine, les vrais donneurs d'ordre, soit des entreprises qui sont dans la course visant l'accélération de leurs processus d'innovation», a indiqué Mohamed Jouahri, directeur de Casa Events & Animation, en charge de l'organisation de l'événement.
Dans une allocution prononcée en son nom, le ministre de l'Aménagement du territoire national, de l'urbanisme, de l'habitat et de la politique de la ville, Abdelahad Fassi Fihri, a indiqué que « la transformation numérique des territoires et le recours à l'intelligence artificielle sont un atout majeur pour la promotion de la compétitivité et de la durabilité des territoires ». Sur le plan urbain, a poursuivi le ministre marocain, ils permettent de stimuler les démarches innovantes afin de penser et construire des villes intelligentes, connectées, efficaces et inclusives ; ce qui permettra « d'améliorer la qualité de vie des citoyens, d'être plus compétitives et attractives et constitueront une nouvelle façon d'approcher le fait urbain, en vue de répondre aux défis croissants liés à l'habitabilité, l'accessibilité, la durabilité, l'urbanisation, la socialisation, la citoyenneté ainsi qu'à la métropolisation ».
« La mise en place d'une ville numérique puis intelligente supposent le développement et la maîtrise de l'infrastructure numérique du territoire. Le processus de développement urbain et le développement du numérique doivent donc dorénavant, être pensés de manière liée et intégrée » a souligné le ministre marocain de l'Urbanisme et de la politique de la ville.
L'IA en réponse aux défis urbains des villes intelligentes
Le défi qui se pose aujourd'hui pour le développement des villes intelligentes est de mettre l'innovation, sous toutes ses formes, au service du citoyen pour élaborer aujourd'hui, la ville de demain, ont souligné les participants lors des différents panels. En ce sens, l'IA s'annonce comme l'un des éléments clés du futur développement urbain. C'est ce qu'a indiqué, lors d'une allocution prononcée à l'ouverture de l'évènement, le président du conseil de la région Casablanca-Settat, Mustapha Bakkoury, qui a mis en lumière l'exemple de la métropole marocaine.
En véritable hub africain, la capitale économique du Maroc a pu au fil des années, « s'imposer comme un rendez-vous annuel incontournable sur l'agenda des manifestations des Smart City dans le monde, comme en témoigne la présence de nombreuses délégations nationales et internationales en majorité africaines à cet événement, dont l'invité d'honneur est la Thaïlande », a fait relever Bakkoury.
Le président du Conseil de la région Casa-Settat a rappelé les grandes étapes franchies depuis des années pour faire de Casablanca une ville smart, ajoutant que l'intelligence artificielle (IA) s'annonce comme l'un des éléments clés du futur développement urbain. « C'est un devoir d'aller vers une smart région qui est aujourd'hui une réalité à laquelle nous devons tous participer », a-t-il poursuivi, ajoutant que contrairement aux inquiétudes, l'IA ne détruira pas l'emploi, mais elle va plutôt en créer et, « on pourrait même augmenter les effectifs des entreprises ayant investi dans cette technologie ».
Dans la même lancée, le président du Conseil de la commune urbaine de Casablanca, Abdelaziz El Omari, s'est félicité de l'organisation de cette quatrième édition, estimant que « le recours à l'IA et la numérisation ne manquera pas d'avoir un impact positif sur le climat des affaires permettant de garantir une transparence totale et une grande fluidité en faveur d'un service optimal aux citoyens et aux investisseurs ».
L'humain au centre des villes intelligentes
Si le numérique et l'IA apportent de nouvelles perspectives dans le cadre du développement urbain à travers notamment l'innovation technologique, les experts et autres décideurs ont insisté, durant les panels, sur la nécessité que l'humain soit au centre de toute initiative en matière de villes intelligentes.
« La majorité des personnes qui développent les villes intelligentes se concentrent sur la technologie, et nous négligeons l'humain, qui est au centre de cette technologie », a souligné à ce sujet, Mihaela Ulieru, présidente de l'IMPACT Institute for the Digital Economy, pour qui, il faudrait donc « réfléchir davantage à la manière d'intégrer les citoyens dans cette démarche ».
Des aspects que certaines municipalités ont déjà commencé à intégrer ans leur politique comme l'a fait savoir, Badia Bennani, la présidente du conseil de l'arrondissement Agdal-Ryad de Rabat, la capitale marocaine. « Nous sommes basés sur une gouvernance durable, le citoyen pour nous est le centre d'intérêt de toute stratégie », a déclaré l'élue locale marocaine. Plusieurs alternatives et solutions ont été abordés par les participants pour prendre en compte les défis posés par le développement numérique des villes.
« La vision stratégique d'une ville numérique peut être concrétisée dans un cadre de partenariat et s'articuler autour du développement d'un territoire numérique, connecté et intelligent », a par exemple souligné Badria Benjelloun, de la Direction de l'urbanisme.
Pour Mamadou Dramé, fondateur de Digital School Technologies, l'enjeu sera aussi d'accorder une plus grande attention à la formation des compétences en misant notamment sur le potentiel de la jeunesse. « Les jeunes doivent impérativement avoir des compétences en communication, créativité, collaboration... pour les préparer à des technologies qui n'existent pas encore », a-t-il estimé.
Cette année, c'est Bangkok, la métropole thaïlandaise qui est invitée d'honneur de Casa Smart City Expo. En quatre édition, le Smart City Expo Casablanca s'est érigé en une véritable plateforme d'échange et de débat entre décideurs, experts, leaders d'opinion et représentants de villes, d'institutions, de centres de recherche, d'universités, et de la société civile en vue de présenter des solutions et projets novateurs et échanger autour des enjeux de la ville de demain. Pour cette année, les organisateurs ont réservé un espace d'exposition exclusivement dédié aux startups marocaines, le « Smart City Village », afin de leur permettre de pouvoir trouver et de proposer des solutions intelligentes à des problématiques réelles, que ce soit en termes de mobilité, de propreté et de sécurité.
L'événement se décline en plusieurs activités notamment le Congrès de la Smart City ainsi que le salon Smart City Casablanca. Le « Smart City Connect », organisé parallèlement à ce rendez-vous de deux jours sera accompagné par un « Créathon », événement durant lequel les citoyens seront invités à mettre leur imagination au service du territoire en proposant des projets collaboratifs et inclusifs répondant aux défis de la métropole. Les principales idées retenues seront exposées aux participants du «Hackathon », qui se tiendra les 20 et 21 avril à Casablanca.