Vous avez encore des amis, alors que vous êtes président ?
Garder ses amis d’avant n’est pas facile ! Les fonctions ont des amis. Je vous renvoie à un livre de Bernard Debré. Il était tout petit quand son père était le Premier ministre du Général De Gaulle. Du monde se bousculait dans la maison familiale. Avec des cadeaux, des boites de chocolat, des fleurs. Et le téléphonait n’arrêtait pas de sonner. Sa mère lui expliquait : «ton père est Premier ministre». Un jour, il rentre de l’école. Plus de remue-ménage, plus de paquet, le téléphone qui ne sonne plus. Sa mère lui explique : «voilà, ton père n’est plus rien !». Les amis étaient ceux de la fonction.
Quelle est la dernière flagornerie qui vous a fait rire ?
C’est irréel ; cela fait partie du jeu. Il serait mesquin de s’en moquer et stupide d’en être dupe. Le pou- voir attire les flatteurs qui essaient ainsi de retenir l’attention. L’autre jour, à New York, un militant de mon parti m’a accueilli en lançant : «voici le grand Timonier !». Je me suis dit : «le Grand Timonier ? Ça commence bien... ». Je respecte beaucoup cet homme. C’est probablement un ancien maoïste. Il y avait de la tendresse et de la nostalgie dans ce slogan incongru.
Comment se défendre de l’entourage qui fait du zèle ?
En faisant le point. En gardant les yeux ouverts. En ayant la tête froide. Celui-ci fait avancer les choses. Celui-là fait du zèle.
Le défaut qui vous est le plus pénible chez les autres ?
La déloyauté, l’hypocrisie !
Mais la vie politique est faite de déloyauté, de mensonges, de trahison !
Exact, mais il y a aussi beaucoup de loyauté. Des gens qui s’engagent en politique et qui prennent la loyauté comme valeur cardinale, cela existe.
A l’inverse, la faute pour laquelle vous avez de l’indulgence ?
Je peux pardonner la faiblesse de ceux à qui il arrive de profiter des situations. Leur cupidité ou leur incapacité à résister à la tentation les mène à mentir et à trahir la confiance. Cela, je peux le pardonner...
Comment dépensez-vous votre argent ?
Avec ceux qui m’entourent... En Afrique, nous avons une autre relation avec l’argent qu’en Occident. Ce n’est pas spécifique au président de la République. N’importe quel salarié vous le dira : son argent doit servir sa famille ! Nous avons été éduqués comme cela. Moi-même étudiant, je donnais la moitié de ma bourse à ma mère. Grandir ainsi vous habitue à partager. L’ambition n’est pas de devenir milliardaire, mais de rendre utile, d’aider autrui à régler ses problèmes.
La famille... Seuls les rois ont droit à une famille. Les présidents ont une vie privée. C’est la règle non ?
C’était peut-être ainsi autrefois. Désormais c’est l’inverse. Les rois n’ont plus de famille. Ma femme se trouve exposée. Elle est visée. Elle est critiquée. Sa fondation caritative vient en aide aux plus démunis. Ceux qui n’ont pas la possibilité de se faire soigner ou d’en- voyer les enfants à l’école. Je vois les efforts inlassables qu’elle four- nit, mais comme elle est proche du pouvoir, elle est critiquée.
Ecrire les «mémoires» de Macky Sall ?
C’est trop tôt pour écrire des mémoires. Mais il y a des aven- tures que j’aimerais bien raconter et des repères à fixer. Sauf que tout cela est récent. Il serait gênant de relater certains épisodes qui ne sont pas forcément flatteurs pour des acteurs toujours en place.
Comparaison avec Wade qui a connu la prison...
J’ai connu les commissariats après avoir été interpellé, pas plus. Je m’y étais préparé : j ai quand même fait onze ans d’opposition aux socialistes au pouvoir. Je me suis engagé au combat politique auprès d’Abdoulaye Wade. J’ai eu tous les honneurs avec lui. Puis, nous nous sommes opposés et finalement, je l’ai battu. L’élève a battu le maître.
Votre modèle ?
Mandela
Un président qui vous inspire ?
Barack Obama
Une chanson ou un livre inoubliable ?
Une chanson d’Aznavour qui me rappelle ma jeunesse : «Isabelle, mon amour». Comme les étudiants de ma génération, j’aimais reprendre les mots d’Aznavour
Quand on regarde le Président, on voit un homme très entouré...
Le paradoxe, c’est qu’en même temps, il est profondément seul ! Seul à décider. Seul dans ses erreurs. On commet beaucoup d’erreurs. Parce qu’il faut agir dans l’urgence. Avec le recul on réalise qu’on aurait pu agir différemment
Un objet fétiche ?
Mon téléphone Samsung Galaxy, peut-être ?
Garder ses amis d’avant n’est pas facile ! Les fonctions ont des amis. Je vous renvoie à un livre de Bernard Debré. Il était tout petit quand son père était le Premier ministre du Général De Gaulle. Du monde se bousculait dans la maison familiale. Avec des cadeaux, des boites de chocolat, des fleurs. Et le téléphonait n’arrêtait pas de sonner. Sa mère lui expliquait : «ton père est Premier ministre». Un jour, il rentre de l’école. Plus de remue-ménage, plus de paquet, le téléphone qui ne sonne plus. Sa mère lui explique : «voilà, ton père n’est plus rien !». Les amis étaient ceux de la fonction.
Quelle est la dernière flagornerie qui vous a fait rire ?
C’est irréel ; cela fait partie du jeu. Il serait mesquin de s’en moquer et stupide d’en être dupe. Le pou- voir attire les flatteurs qui essaient ainsi de retenir l’attention. L’autre jour, à New York, un militant de mon parti m’a accueilli en lançant : «voici le grand Timonier !». Je me suis dit : «le Grand Timonier ? Ça commence bien... ». Je respecte beaucoup cet homme. C’est probablement un ancien maoïste. Il y avait de la tendresse et de la nostalgie dans ce slogan incongru.
Comment se défendre de l’entourage qui fait du zèle ?
En faisant le point. En gardant les yeux ouverts. En ayant la tête froide. Celui-ci fait avancer les choses. Celui-là fait du zèle.
Le défaut qui vous est le plus pénible chez les autres ?
La déloyauté, l’hypocrisie !
Mais la vie politique est faite de déloyauté, de mensonges, de trahison !
Exact, mais il y a aussi beaucoup de loyauté. Des gens qui s’engagent en politique et qui prennent la loyauté comme valeur cardinale, cela existe.
A l’inverse, la faute pour laquelle vous avez de l’indulgence ?
Je peux pardonner la faiblesse de ceux à qui il arrive de profiter des situations. Leur cupidité ou leur incapacité à résister à la tentation les mène à mentir et à trahir la confiance. Cela, je peux le pardonner...
Comment dépensez-vous votre argent ?
Avec ceux qui m’entourent... En Afrique, nous avons une autre relation avec l’argent qu’en Occident. Ce n’est pas spécifique au président de la République. N’importe quel salarié vous le dira : son argent doit servir sa famille ! Nous avons été éduqués comme cela. Moi-même étudiant, je donnais la moitié de ma bourse à ma mère. Grandir ainsi vous habitue à partager. L’ambition n’est pas de devenir milliardaire, mais de rendre utile, d’aider autrui à régler ses problèmes.
La famille... Seuls les rois ont droit à une famille. Les présidents ont une vie privée. C’est la règle non ?
C’était peut-être ainsi autrefois. Désormais c’est l’inverse. Les rois n’ont plus de famille. Ma femme se trouve exposée. Elle est visée. Elle est critiquée. Sa fondation caritative vient en aide aux plus démunis. Ceux qui n’ont pas la possibilité de se faire soigner ou d’en- voyer les enfants à l’école. Je vois les efforts inlassables qu’elle four- nit, mais comme elle est proche du pouvoir, elle est critiquée.
Ecrire les «mémoires» de Macky Sall ?
C’est trop tôt pour écrire des mémoires. Mais il y a des aven- tures que j’aimerais bien raconter et des repères à fixer. Sauf que tout cela est récent. Il serait gênant de relater certains épisodes qui ne sont pas forcément flatteurs pour des acteurs toujours en place.
Comparaison avec Wade qui a connu la prison...
J’ai connu les commissariats après avoir été interpellé, pas plus. Je m’y étais préparé : j ai quand même fait onze ans d’opposition aux socialistes au pouvoir. Je me suis engagé au combat politique auprès d’Abdoulaye Wade. J’ai eu tous les honneurs avec lui. Puis, nous nous sommes opposés et finalement, je l’ai battu. L’élève a battu le maître.
Votre modèle ?
Mandela
Un président qui vous inspire ?
Barack Obama
Une chanson ou un livre inoubliable ?
Une chanson d’Aznavour qui me rappelle ma jeunesse : «Isabelle, mon amour». Comme les étudiants de ma génération, j’aimais reprendre les mots d’Aznavour
Quand on regarde le Président, on voit un homme très entouré...
Le paradoxe, c’est qu’en même temps, il est profondément seul ! Seul à décider. Seul dans ses erreurs. On commet beaucoup d’erreurs. Parce qu’il faut agir dans l’urgence. Avec le recul on réalise qu’on aurait pu agir différemment
Un objet fétiche ?
Mon téléphone Samsung Galaxy, peut-être ?