Serigne Abdou Khadre Mbacké : Vie et œuvre d’un soufi doublé d’un humaniste


Rédigé le Mardi 4 Octobre 2016 à 15:16 | Lu 130 fois | 0 commentaire(s)



La communauté mouride se rappelle de Serigne Abdou Khadre Mbacké.Commémore sa naissance. Et l’édition 2016 revêt un caractère particulier.

Cette année, à l’instar des précédentes, la capitale du mouridisme va refuser du monde.

Des milliers de fidèles sont attendus.

Retour sur la vie et l’œuvre de celui qui fut le 4ème khalife du mouridisme et l’imam de la grande mosquée de Touba.


Serigne Abdou Khadre Mbacké : Vie et œuvre d’un soufi doublé d’un humaniste

Fils de cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, fondateur du mouridisme, Cheikh Abdoul Khadre Mbacké est né, une nuit de vendredi à Daroul Alim (Alimoun Khabir), plus connu sous le nom de Ndame, de l’année 1914, 1333 de l’Hégire. Sa mère Sokhna Aminata BOUSSO est la fille de Serigne MBOUSSOBE, un frère de Sokhna Diarra, la mère de cheikh Ahmadou Bamba, Khadimou Rassoul. Ainsi, de par sa mère, Serigne Abdou Khadre aurait été le neveu de son père, s’il n’avait été son fils. La ressemblance avec son père n’était pas seulement morale. Elle était aussi physique. 

Selon beaucoup de contemporains de Cheikhoul Khadim, Serigne Abdou Khadre avait la même physionomie que son père. Dès qu’on lui a annoncé l’heureux événement, Cheikh Ahmadou Bamba a convoqué son frère et homme de confiance, Serigne Thierno Ibra Faty (Mame Thierno) de Darou Moukhty pour lui confier la mission de se rendre à Ndame, et de faire le nécessaire requis en la circonstance. Au moment du départ, après lui avoir donné sa bénédiction, le Maître a dit à Mame Thierno : « Au nom et par la baraka de ce nouveau-né que tu vas visiter, sache qu’au cours de ton voyage, à l’aller comme au retour, tous ceux que tu auras à rencontrer ou à voir sont préservés des flammes de l’enfer ! » 

SES HUMANITES 

Pour sa formation coranique et islamique, il a été confié, à l’âge de 7 ans, à Serigne Abdourahmane Lô et à son oncle Serigne Mbacké Bousso à Guédé, après quelques années passées auprès de son illustre père, Serigne Touba Khadimou Rassoul qui devait lui apprendre ses premières leçons d’alphabétisation. Très tôt donc, sous la férule de Serigne Ndame Abdourahmane Lô, il a maîtrisé le Coran. Ensuite, il s’est rendu à Guédé, auprès de son oncle Serigne Mbacké Bousso, dans le but d’étudier les sciences religieuses. Études qu’il complètera auprès de Serigne Modou Dème, un érudit incomparable qu’on désigne d’ailleurs par le surnom révélateur de «Alimu Soudaan». 

SA PERSONNALITE 

Source intarissable de la Charia et de la Sunna, Cheikh Abdoul Khadre avait séduit par son charisme fait de piété et d’humilité. Il a été d’une piété si profonde que, tout naturellement, il a exercé, toute sa vie durant, les fonctions d’Imam. D’ailleurs, Cheikh Abdoul Ahad Mbacké avait fait de lui, dès son accession au khalifat, après la disparition de Cheikh Mouhammadou Fallilou Mbacké en 1968, l’Imam de la grande Mosquée, présidant les prières de vendredi et de fêtes religieuses. A l’instar de son Père et Maître, il avait inscrit sa démarche, sa vie durant, sous ce qu’on peut appeler le label « al istikhama », c’est-à-dire la droiture. Cette droiture sous-tendue par la mesure, l’équilibre et qui est la marque distinctive des élus de Dieu. 

Autant le Cheikh est un modèle achevé de soufi, autant Serigne Abdou Khadre mettait un point d’honneur à être ce pôle vers lequel convergent tous les cœurs qui cherchent un modèle de droiture susceptible de les conduire sur la voie dénommée « Siraatal mustaxiima ». D’un abord facile et d’un ascétisme poussé, il joua le rôle de conduire les mourides vers la félicité du savoir : le Tawhid, la Charia, la Sunna et l’Istikhama. De tout temps, il a eu une influence bénéfique sur son entourage. Par la parole et par l’exemple, il a toujours eu à cœur d’inciter ses semblables à se consacrer sans réserve à Dieu et à son Prophète (PSL). 

 

Serigne Abdou Khadre ne polémiquait  jamais. Il n’accordait aucune importance aux biens matériels. De son vivant, il n’a eu que trois maisons : Bakhdad, Boustane et le domicile de Touba. Borom Bagdad, comme aimaient l’appeler affectueusement les gens, ne sous-estimait personne. Il cherchait toujours à mettre à l’aise son entourage et rendait très souvent visite à ses parents et ses talibés, quelle que soit la distance. Il aimait même rappelé aux gens les liens de parenté qui les unissaient. 

Le khalifat le plus court 

D’une dimension exceptionnelle, Cheikh Abdou Khadre a œuvré pour l’épanouissement du genre humain à tous les niveaux. Sa vie a été marquée par l’imamat au niveau de la Grande Mosquée de Touba. Onze mois durant, il a assuré l’imamat en même temps que le khalifat. Le 4ème khalife de Bamba a fait un bref passage à la tête de la voie Mouride. Ce fut le khalifat le plus court, mais plein de renseignements et de péripéties. L’on se rappelle encore ce coup de théâtre avec cet homme qui a voulu le jeter dans le puits, alors qu’il devait accomplir la prière de l’aurore. Toute sa vie durant, il n’a manqué la prière du vendredi à la Grande Mosquée que pendant son séjour en terre saoudienne, pour les besoins du pèlerinage qu’il a effectué en 1976. 

Cheikh Abdoul Khadre a fondé les villages de Bagdad, non loin de Touba ((fondé en 1938 sous le ndiguel de Serigne Mouhamadou Moustapha 1er Khalife de Serigne Touba), et de Boustane, près de Louga (fondé en 1981 sous la direction de son fils aîné Serigne Modou qui s’occupait des travaux champêtres et du fonctionnement des daaras), où il comptait 12 daaras. Il s’initia également à la riziculture à Mboundoun au nord dans la vallée du fleuve Sénégal. Serigne Abdou Khadre lui-même semblait savoir que son magistère allait être éphémère. En effet, à tous ceux qui lui présentaient un projet qui s’inscrivait dans la durée, il demandait invariablement d’en faire part plutôt à Serigne Saliou, celui qui allait lui succéder dans les fonctions de Khalife. Comme s’il savait qu’il n’aurait pas le temps d’entreprendre ou de piloter quoi que ce soit qui doive aller au-delà du très court terme. 

Il s’est éteint en effet à Touba, après 11 mois de magistère, le vendredi 18 mai 1990, à l’âge de 75 ans, exactement comme son père,  laissant derrière lui un sentiment d’inachevé. Il repose à l’est de la grande mosquée de Touba, le chemin qu’il empruntait pour venir officier dans ce haut lieu de dévotion, où retentissait sa fameuse voix divulguant les sourates du Livre Saint. Encore aujourd’hui, son ombre plane sur cette Mosquée qu’on imagine difficilement sans lui, tant il faisait corps avec l’ambiance des lieux. 

SON HERITAGE 

Au total, cheikh Abdou Khadre Mbacké a eu une vingtaine d’enfants dont 12 filles. Aujourd’hui, ces derniers perpétuent son œuvre derrière Serigne Cheikh Mbacké, son khalife, Serigne Moustapha Mbacké, imam de la mosquée Massalikoul Jinaan de Dakar, Serigne Fallou Mbacké, imam à l’occasion des Aïds à Touba et Serigne Bassirou Mbacké, porte-parole du khalife générale des mourides, par ailleurs président du Comité d’organisation du magal de Touba. 

Les musulmans sénégalais, en particulier la communauté mouride, se rappellent aujourd’hui lundi, ce saint homme, soufi doublé d’un humaniste, dont le magal constitue, avec celui de Darou Khoudos, prévu la première quinzaine du mois de novembre, l’un des derniers grands événements religieux de l’année, avant le grand magal de Touba. Toutefois, contrairement aux précédentes éditions, celle de 2014 est placée sous le signe de la sobriété. 

Mourides.info



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