Sénélec Energie -MC Solar, Roi Soleil : Sera-T-Il Prométhée ou Icare ? Par Pathé Mbodj Sociologue


Rédigé le Dimanche 21 Août 2016 à 04:29 | Lu 137 fois | 0 commentaire(s)




Sénélec Energie -MC Solar, Roi Soleil : Sera-T-Il Prométhée ou Icare ? Par Pathé Mbodj Sociologue
La présence de plus en plus marquée de la Sénélec dans le secteur de l’énergie solaire ne fait pas que des heureux. A l'intérieur comme à l'extérieur. 
Le Sénégal va vers le règlement définitif et durable de la question énergétique ; elle doit reposer sur un solaire qui a mieux mobilisé ces derniers temps que le fossile. Même si le nouveau paradigme officiel se noie dans le traditionnel, le souci de l’environnement devrait l’emporter pour le règlement définitif et durable de la question énergétique. 
Makhtar CisséLES énergies renouvelables ont de plus en plus la cote et viennent au secours d’un continent quasi-premier producteur mondial en butte au développement du fait de l'électricité. Tous s’y mettent désormais, d’Israël au Cap. Au Sénégal, la Sénélec qui fait la promotion de l’énergie solaire à la place de l’Agence sénégalaise d'électrification rurale (Ase) et de l’Agence nationale de l'énergie solaire (Anes, récemment dissoute) sort désormais de son ambiguïté et de sa vocation originelle : elle alterne désormais le fossile, l'hydraulique et le renouvelable, ce qui n'est pas sans poser de problèmes, même si cette conjonction permet de franchir le gap. Le solaire est écologique et plus durable que les ressources épuisables…et se finance facilement, mais avec calcul. 

La Société nationale d'Électricité du Sénégal (Sénélec) verse ainsi désormais dans l'énergie solaire. Elle qui l'a refusée pendant toute son existence, sauf autorisation exceptionnelle, dans le temps, l'adopte désormais, et pas un peu seulement. Réaliste devant un déficit chronique permanent, elle se substitue désormais, à l'Agence sénégalaise d'Électrification rurale (Aser) et à l’Agence nationale de l'Énergie solaire (Anes) récemment dissoute : en temps et lieux, partout à travers le Sénégal, la Sénélec a désormais compétence pour chercher, trouver, approcher et décider les partenaires ouverts à tous vents à ce bien disponible à l'année longue, le soleil inextinguible d'Afrique. 

La prochaine dissolution de l'Aser, dans le même parallélisme qui a conduit à la mort de l'Anes (article 14 de la loi n° 2009-20 du 04 mai 2009 portant loi d’orientation sur les agences d’exécution), devrait consacrer une cohérence d'ensemble quand la Sénélec se chargera seule de l'énergie : l'importance des sommes mobilisées, la volonté des bailleurs traditionnels du Nord de retarder l'émergence des dragons du Sud (Inde, principalement), nécessitent un cadre plus officiel qu'une agence politique par définition ; au demeurant, les récents scandales et leurs conséquences socio-politiques en fonction des alternances (2000 et 2017 : Modibo Diop, Aliou Niang) reposeront la même logique du 2 août de rationalisation des moyens financiers de l'Etat avec la mort de certaines agences. 

L'objectif politique est sous-jacent semble évident : libérer les populations rurales en mettant l’énergie à leur disposition, qu'elle soit fossile, hydraulique ou renouvelable : après les années "Monsieur Moulin et Madame forage", après la route, la doléance principale tourne autour de l'électricité en milieu rural communalisé. Et, très souvent, la réponse dépasse toutes les attentes : Bokhol, au Nord, Méridiam, dans la région de Thiès (Méouane) bénéficient de projets d’énergie solaire qui suscitent tous les espoirs : la centrale de Bokhol (20 mégawatts) nécessite un investissement de plus de 16 milliards de frs CFA. En terme de retombées, l’État du Sénégal réalise une économie de 90 millions d’euros sur les 20 ans que dure le contrat. La cérémonie de pose de la première pierre de la centrale d’énergie solaire par Makhtar Cissé, le 17 mars 2016, a permis au pouvoir un gain politique appréciable et de récupérer la localité versée dans l’escarcelle de la coalition «Benno» de Dagana au référendum du 20 mars ; la formation du président de la République élargit ainsi les bases départementales de ses alliés quand, officiellement, Mankeur Ndiaye repousse Oumar Sarr dans la commune. 

Prévue de longue date et retenue pour 2015, la plus grande centrale solaire en Afrique de l'Ouest (le Maroc arrive premier) devrait être opérationnelle en septembre prochain ; la récente visite du ministre de l’Énergie est un clin d’œil des responsables nationaux envers les bailleurs. 

La centrale solaire de 21 MW pour environ 40 millions d’euros à Mérina Dakhar, au nord de Dakar, est la nouvelle étape de la marche de l'énergie solaire sous le couvert de la Sénélec. 

De Tel-Aviv (Israël) au Cap, en Afrique du Sud, l'écologie propre (l’énergie solaire) a la gagne : Israël est en train de construire la centrale d'Ashalim, située en plein désert du Néguev, dans le sud du pays ; le Rwanda est parvenu, 21 ans après le génocide, à régler le problème de l’énergie électrique avec un parc solaire de 17 hectares réalisé en un temps record et qui éclaire le pays ; l’aéroport de George, premier aéroport solaire africain, est situé dans la province du Cap-Occidental; cet aéroport talonne de près son homologue indien, celui de Cochin, le premier au monde à ne fonctionner qu’à l’énergie solaire. Cheikh Modibo Diarra, génie africain de la Nasa américaine, avait proposé au chef de l’Etat sénégalais la transformation du Sahara en une gigantesque centrale d’énergie solaire au service du continent. Les réalisations localisées en sont une étape, en attendant de pacifier cet océan refuge de délinquants et autres trafiquants internationaux sous le couvert de la guerre sainte. 

Mahta CiiséInspecteur général d'État en réserve de la République qui en a fait son Prométhée et avec presque plus de délestage depuis, le Directeur général de la Sénélec garde les pieds sur terre : il devra éviter de se brûler les ailes, comme Icare. Lui qui a sillonné le Sénégal des profondeurs dans ses nouvelles fonctions comprend mieux la réaction des populations en cas de black-out répétés et prolongés. L'énergie est devenue ainsi un nouveau grand chantier. 



Pathé MBODJE, M. Sc, Journaliste, sociologue 

Parcelles assainies, Unité 10, Villa N° 276, Dakar, Sénégal, tél (+ 221) 775952161 
sites : www.lebaobab.info ; blog : http ://koccbarmafall.skyrock.com, 
CV disponible sur Google
 
 


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