Youssef Shaleh est contraint à fermer un temps son parc d’attractions. Mais il n’interrompt pas ses affaires, de Dakar à Beyrouth en passant par Genève où il dispose d’un compte chez HSBC Private Bank, selon les documents auxquels a eu accès Le Monde Afrique. La somme indiquée sur son compte en 2007, 400 000 dollars, n’est sans doute qu’une partie de l’empire de Saleh Youssef, malgré son récent déclin.
Trois milliards de paratonnerres
Cet homme réputé dur en affaires et fidèle en amitiés souvent stratégiques rebondit comme il le peut. Grâce à son entregent dans les plus hautes sphères du pouvoir sous Abdoulaye Wade, puis sous Macky Sall, il obtient plusieurs marchés publics sans appel d’offres, comme celui de la gestion des inondations dans la banlieue dakaroise, ou encore de l’achat de paratonnerres pour un montant de trois milliards de francs CFA (4,6 millions d’euros) qu’attribue le ministre de l’intérieur Mbaye Ndiaye à une de ses sociétés, la Sevam. Mais là encore, il finit par se faire épingler, et son nom fait les gros titres de la presse sénégalaise qui se penche sur le passé de cet homme porté au pinacle du temps du « Gorgui ». Le monde féerique du patron de Magic Land s’obscurcit encore un peu.
Achat d’armes pour l’Etat, corruption, mais aussi affaires de mœurs douteuses, le dossier de Youssef Saleh est peu à peu exhumé et déballé sur la place publique. Son nom est associé à une affaire d’achats d’armes en harmonie avec Ousmane Ngom, l’ancien ministre de l’Intérieur, sous la présidence d’Abdoulaye Wade. Là encore de gré-à -gré. Puis, c’est un colonel à la retraite qui se met à révéler un pan de la face sombre de Youssef Saleh à la fin de l’année 2014. Dans son opuscule intitulé « Pour l’honneur de la gendarmerie sénégalaise », le colonel Aziz Ndaw révèle des méthodes pratiquées par le patron de Magic Land dans le cadre d’un marché de livraison de véhicules pour six milliards de francs CFA (9,1 millions d’euros). Saleh est accusé d’avoir proposé à un colonel une trentaine de millions de francs CFA, « pour revoir certaines exigences du cahier des charges » ou encore « un appartement en plein centre de Dakar qu’il estima à 250 millions de francs CFA dans un immeuble qu’il était en train de construire ».
Un million de dollars, minimum
Au Point E, non loin de la résidence du « Gorgui », on peut croiser Youssef Saleh dans son restaurant La Gondole. Ou encore dans son hôtel, Le Virage, non loin de l’aéroport Léopold Sedar Senghor. Pour les gestionnaires de fortune de HSBC, les entrepreneurs d’Afrique francophone étaient à la fois une cible et un objet de méfiance. « Il fallait qu’au minimum un million de dollars soit déposé dans les douze mois suivant l’ouverture du compte », souligne Roger Basso, gestionnaire HSBC pour l’Afrique francophone, interrogé en mai 2013 par la police judiciaire française, selon des documents que Le Monde Afrique a pu consulter. « Il fallait apporter la preuve que les fonds avaient une origine licite. Par exemple je n’aurai jamais accepté un douanier africain prétendant pouvoir déposer un million de dollars. Et puis, en Afrique tout le monde se connaît, et ainsi je savais rapidement si tel ou tel était un voyou ou un riche industriel », ajoute-t-il.
Le cas de Saleh Youssef montre combien le service compliance (conformité) de la banque était à géométrie variable. En théorie, le personnage fortuné désirant ouvrir un compte devait pour cela se déplacer à Genève. En réalité, les gestionnaires de fortune en quête de nouveaux clients se déplaçaient régulièrement en Afrique, « pour éviter aux clients de venir en Suisse », poursuit Roger Basso, interrogé par les enquêteurs français. Même en Afrique, la mécanique HSBC était bien huilée, les signatures d’ouverture de comptes se faisaient dans des hôtels ou aux domiciles des futurs clients. Mais la roue tourne, pour HSBC comme pour Youssef Saleh.
lemonde.fr
Trois milliards de paratonnerres
Cet homme réputé dur en affaires et fidèle en amitiés souvent stratégiques rebondit comme il le peut. Grâce à son entregent dans les plus hautes sphères du pouvoir sous Abdoulaye Wade, puis sous Macky Sall, il obtient plusieurs marchés publics sans appel d’offres, comme celui de la gestion des inondations dans la banlieue dakaroise, ou encore de l’achat de paratonnerres pour un montant de trois milliards de francs CFA (4,6 millions d’euros) qu’attribue le ministre de l’intérieur Mbaye Ndiaye à une de ses sociétés, la Sevam. Mais là encore, il finit par se faire épingler, et son nom fait les gros titres de la presse sénégalaise qui se penche sur le passé de cet homme porté au pinacle du temps du « Gorgui ». Le monde féerique du patron de Magic Land s’obscurcit encore un peu.
Achat d’armes pour l’Etat, corruption, mais aussi affaires de mœurs douteuses, le dossier de Youssef Saleh est peu à peu exhumé et déballé sur la place publique. Son nom est associé à une affaire d’achats d’armes en harmonie avec Ousmane Ngom, l’ancien ministre de l’Intérieur, sous la présidence d’Abdoulaye Wade. Là encore de gré-à -gré. Puis, c’est un colonel à la retraite qui se met à révéler un pan de la face sombre de Youssef Saleh à la fin de l’année 2014. Dans son opuscule intitulé « Pour l’honneur de la gendarmerie sénégalaise », le colonel Aziz Ndaw révèle des méthodes pratiquées par le patron de Magic Land dans le cadre d’un marché de livraison de véhicules pour six milliards de francs CFA (9,1 millions d’euros). Saleh est accusé d’avoir proposé à un colonel une trentaine de millions de francs CFA, « pour revoir certaines exigences du cahier des charges » ou encore « un appartement en plein centre de Dakar qu’il estima à 250 millions de francs CFA dans un immeuble qu’il était en train de construire ».
Un million de dollars, minimum
Au Point E, non loin de la résidence du « Gorgui », on peut croiser Youssef Saleh dans son restaurant La Gondole. Ou encore dans son hôtel, Le Virage, non loin de l’aéroport Léopold Sedar Senghor. Pour les gestionnaires de fortune de HSBC, les entrepreneurs d’Afrique francophone étaient à la fois une cible et un objet de méfiance. « Il fallait qu’au minimum un million de dollars soit déposé dans les douze mois suivant l’ouverture du compte », souligne Roger Basso, gestionnaire HSBC pour l’Afrique francophone, interrogé en mai 2013 par la police judiciaire française, selon des documents que Le Monde Afrique a pu consulter. « Il fallait apporter la preuve que les fonds avaient une origine licite. Par exemple je n’aurai jamais accepté un douanier africain prétendant pouvoir déposer un million de dollars. Et puis, en Afrique tout le monde se connaît, et ainsi je savais rapidement si tel ou tel était un voyou ou un riche industriel », ajoute-t-il.
Le cas de Saleh Youssef montre combien le service compliance (conformité) de la banque était à géométrie variable. En théorie, le personnage fortuné désirant ouvrir un compte devait pour cela se déplacer à Genève. En réalité, les gestionnaires de fortune en quête de nouveaux clients se déplaçaient régulièrement en Afrique, « pour éviter aux clients de venir en Suisse », poursuit Roger Basso, interrogé par les enquêteurs français. Même en Afrique, la mécanique HSBC était bien huilée, les signatures d’ouverture de comptes se faisaient dans des hôtels ou aux domiciles des futurs clients. Mais la roue tourne, pour HSBC comme pour Youssef Saleh.
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