C'est un retour aux affaires pour Michael Joseph. Neuf ans après avoir quitté la tête de l'exécutif de Safaricom, il revient en tant que directeur général par intérim, suite au décès de Bob Collymore. Le conseil d'administration a annoncé sa nomination ce mardi, avec effet immédiat.
« Mr. Joseph occupera cette fonction jusqu'à ce que le conseil communique en temps opportun sur une nomination permanente. Le Conseil est confiant que durant cette période de transition, M. Joseph fournira les orientations nécessaires à l'entreprise et à ses employés », indique Nicholas Nganga, président du conseil d'administration de Safaricom.
L'homme des premiers succès de Safaricom
Homme d'affaires sud-africain, Michael Joseph est en réalité le cerveau derrière le succès de Safaricom que Bob Collymore a amplifié à partir de 2010. Premier patron de la firme à compter de juillet 2000, Joseph débarque expressément à Nairobi pour ce poste. A l'époque, la firme n'est qu'une petite PME logée dans un appartement. Revenant des Etats-Unis suite à l'échec d'un projet d'entreprise qui lui avait pris toutes ses économies, Joseph gère Safaricom comme la dernière chance de sa vie. Dans un entretien avec la presse kenyane l'année dernière, il racontait comment il a travaillé d'arrache-pied pour la croissance de l'entreprise, considérant cette entreprise comme « le plus gros succès de sa vie ».
Lorsqu'il décide de passer le témoin il y a neuf ans, il laisse derrière lui plusieurs points forts, comme la multiplication du nombre d'abonnés de la compagnie passée de moins de 20 000 à plus de 16,71 millions sous son mandat ou encore le lancement en 2007 de M-Pesa, la star africaine du mobile money. Son leadership à la tête de Safaricom lui a notamment valu un doctorat honorifique de l'Université nazaréenne. Ces dix dernières années, il est resté au conseil d'administration de Safaricom. Son retour à l'exécutif mettra davantage les projecteurs sur cette entreprise fierté kényane et africaine.
Dans l'urgence, le choix de Michael Joseph pourrait permettre à la compagnie de maintenir le cap, puisqu'elle traverse une période très stratégique où elle a besoin de consolider ses acquis -un bénéficie net en hausse de 14,7% à 63,4 milliards de shillings kényans (environ 626,1 millions de dollars) en 2018- et suit depuis quelques années une trajectoire d'expansion panafricaine. Toutefois, il ne serait pas étonnant que s'il dure trop longtemps, l'intérim de Joseph fasse grincer quelques dents, au moment où Nairobi manifeste depuis l'an dernier sa volonté de voir un Kényan occuper le poste de directeur général de Safaricom. Le suspense reste donc entier quant à l'avenir.