Succédant à la tribune au Président palestinien Mahmoud Abbas, Mugabé a d’abord mis de côté son discours écrit pour se lancer dans un speech improvisé. » Jusqu’à quand devrions -nous voir défiler à la tribune de l’Union Africaine les représentants du peuple palestinien, en quête de liberté et d’indépendance? Cela fait des dizaines d’années que nous écoutons leurs discours, sans résultats tangibles pour la cause juste de ce peuple », puis se tournant vers Ban Ki moon qui assistait à la séance inaugurale du sommet il demande : » qu’a fait l’ONU pour la réalisation des droits légitimes du peuple palestinien? »
Après avoir rappelé les affres et les horreurs de l’esclavagisme et dénoncé les inégalités des Noirs aux États Unis « dont personne ne semble parler », il fustige, sur un ton ironique, l’interventionnisme occidental en Afrique : » ils continuent de parler de nous.
Ils sont partout sur le continent, par le truchement de ONG, d’espions et ils disent qu’ils veulent nous aider. A quoi veulent-ils nous aider, à changer les régimes ? »
Puis c’est à nouveau au tour de l’ONU d’être la cible des critiques du Président du Zimbabwé: » nous allons tous les ans à la session de l’Assemblée Générale de l’ONU, en septembre à New York, pour écouter des discours et nous payons pour ça beaucoup d’argent ».
Et de poursuivre à l’adresse de Ban Ki Moon: « reformez le Conseil de Sécurité. Vous avez été un homme bien, mais nous ne pouvons pas vous transformer en combattant. Nous allons nous battre pour notre identité. Nous ne voulons pas être des membres artificiels. Si l’ONU veut survivre nous devons être tous des membres égaux.L’Afrique revendique deux sièges permanents au Conseil de Sécurité avec droit de veto, s’il est maintenu. Dites leur que nous sommes des humains. Dites leur que nous ne sommes pas des esprits. »Ovations nourries dans la salle.
Trouvant dans la présence de Ban Ki Moon une occasion propice pour répondre à ses détracteurs occidentaux qui lui reprochent ,en autres griefs ,son maintien au pouvoir et les atteintes aux droits de l’homme, il charge le Secrétaire Général de ce message : »dites leur de se taire ».
Enfin, en cédant la présidence de l’Union Africaine au Président tchadien Idriss Déby Itno pour un mandat d’un an, Mugabé, ne se départant pas de son humour, se propose d’offrir ses services à son successeur: « si vous avez besoin de conseil, je suis là jusqu’à ce que Dieu me dit: viens. »
Autre fait marquant de la cérémonie, la diffusion d’un hymne à l’Afrique et au panafricanisme « One nation, one voice, we are Africans », ( Une seule nation, une seule voix, nous sommes Africains), exécuté par un groupe musical du Zimbabwé et dont les paroles sont l’œuvre de Robert Mugabé.
Source : Leaders.com